Demain, dimanche, dans un cadre prestigieux, des opérateurs immobiliers russes offriront aux investisseurs différents biens et projets immobiliers situés dans les territoires ukrainiens qu’ils occupent.
Vous n’en avez pas entendu parler ? Les médias n’en parlent pas ? Les autorités françaises ne s’y sont pas opposé ?
C’est normal, l’information est fausse. Ou presque.
Ce qui est vrai, d’après les informations disponibles sur internet, notamment sur le site Ashdod Cafe (https://www.ashdodcafe.com) , c’est que le Salon Icube « Le Rendez-vous Incontournable de l'Immobilier Israélien à Paris » s'installe à Paris dans les prestigieux salons Hoche à partir de 10h30 ce dimanche 8 septembre 2024.
Toujours d’après ce site,
« Ce rendez-vous unique rassemble les acteurs majeurs de l'immobilier israélien et propose une opportunité sans précédent pour les investisseurs, les particuliers, et ceux envisageant l'aliyah de découvrir plus de 200 projets immobiliers à travers tout le pays. » « Parmi les exposants, des géants de l'immobilier tels que Africa Israel, Almogim - la plus grande entreprise du pays -, Avrahami, Gabai et Tzarfati Rami, ainsi que des institutions comme l'Agence Juive, ou l'association DOR HADASH, incubateur d'alya seront présents pour présenter des projets ambitieux. Au total, ce sont 30 sociétés israéliennes qui exposeront leurs offres, allant des appartements de luxe aux projets de logements accessibles, avec des prix débutant à 1 million de shekels. Des locations seront également proposées. » « Le salon Icube se distingue également par la présentation de facilités de paiement jamais vues auparavant. Les visiteurs pourront obtenir des conseils sur les meilleures stratégies financières pour concrétiser leur rêve d'investissement ou d'installation en Israel, avec l'appui de spécialistes présents sur place, notamment un avocat dédié, un fiscaliste, et des courtiers expérimentés. »
Pour ne pas en tirer de conclusions hâtives, j’ai voulu vérifier les activités des sociétés citées. J’ai commencé par la première, « Africa Israel »
Selon le site de « Who Profits Research Center » (https://www.whoprofits.org/companies/company/3981) , Africa Israel Investments est une société holding active, par ses différentes filiales, dans différentes activités de constructions dans les colonies situées dans les territoires palestiniens occupés et dans différents projets pour l’armée israélienne. Je n’ai pas vérifié les activités des autres participants cités.
Il n’aura pourtant échappé à personne que le 19 juillet dernier, à la demande de l'Assemblée générale des Nations Unies, la Cour internationale de justice (CIJ) a rendu un avis consultatif concernant la légalité de l'occupation israélienne du territoire palestinien. La Cour a vivement critiqué la nature prolongée de l'occupation israélienne, la déclarant en violation du droit international et a explicitement noté l'illégalité de l'expropriation des terres palestiniennes par Israël ainsi que des colonies israéliennes.
La commercialisation de biens immobiliers dans les colonies israéliennes dans les territoires palestiniens occupés (TPO) viole les objectifs des dispositions pertinentes des Conventions de Genève, les dispositions anti-discrimination du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, ainsi que de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale applicables en France, et peut constituer un crime de guerre en vertu du droit international.
La France, en tant que partie à ces conventions, et conformément à son obligation de « respecter et faire respecter » les termes des Conventions de Genève, est tenue de mettre un terme à ces efforts de marketing.
En plus des Conventions de Genève, les résolutions de l'Assemblée générale et du Conseil de sécurité des Nations Unies établissent également une obligation, reconnue dans l'avis consultatif de la Cour internationale de justice, pour les « pays tiers » de ne pas fournir d'aide ou d'assistance aux activités illégales de colonisation israélienne.
Je termine en notant le silence assourdissant des médias français, en ce compris Mediapart.