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Bonjour à toutes et à tous, Niçoises et Niçois.
Je m’appelle Olivier Salerno, je suis professeur en lycée professionnel et chef de file pour la France insoumise de Nice pour les élections municipales à venir.
Je m’appelle Anne-Laure Chaintron, je suis professeure des écoles, spécialisée pour les élèves en difficulté et je suis aussi cheffe de file pour la France insoumise de Nice pour ces élections.
La France insoumise fonctionne toujours en binôme paritaire, femme/homme, et c’est pourquoi nous avons tous les deux été désignés pour mener les négociations avec les autres forces politiques locales, au nom de notre mouvement et pour animer cette campagne. C’est ça que signifie le terme “chef·fe de file”.
Si nous tenons cette conférence de presse en cette rentrée de septembre, c’est pour proposer une solution à ce qui semble impossible aujourd’hui et qui l’a pourtant été au moment du Nouveau Front populaire. Nous voulons vous présenter, vous proposer à vous, électeurs et électrices de Nice, une solution, une méthode, pour constituer une liste unique de la gauche et de l’écologie face au danger de l’extrême droite que représente Éric Ciotti, et en mobilisant toutes nos capacités pour proposer une rupture totale avec des décennies de Christian Estrosi, son ennemi intime, qui l’a formé et avec lequel il partage absolument tout. Les lignes politiques et les équipes interchangeables. Au final, c’est bonnet blanc et blanc bonnet.
Rappelez-vous l’ambiance lors des élections législatives de l’année dernière. Ça faisait très longtemps à Nice que nous n’avions pas vu un tel enthousiasme pour la gauche lors d’une campagne électorale. Des gens que nous ne connaissions pas venaient s’impliquer pour tracter, afficher, discuter pour les candidatures du NFP que nous, à la France insoumise, portions, avec les écologistes, les communistes et les socialistes, face, déjà, au danger fasciste, raciste et ultra-libéral Ciotti/Bardella. Partout, dans tous les quartiers, du Port aux Liserons, de Libération à l’Ariane, de Magnan aux Moulins, sans étiquettes ou déjà politisés dans un parti, impliqués dans une association ou pas, syndiqués ou non, jeunes, moins jeunes, hommes, femmes, c’est une unité populaire conséquente qui a déjoué tous les pronostics, et qui a permis au Nouveau Front populaire de gagner ces élections nationales.
Malheureusement, à l’heure où l’on vous parle, cette unité ne semblerait plus possible à Nice. On ne va pas revenir sur les causes de cette impossibilité, mais nous observons que la date du 10 septembre 2025, suite à un appel spontané, met finalement toutes nos organisations politiques d’accord sur le plan national, pour appuyer un mouvement populaire qui n’accepte pas le plan d’austérité de François Bayrou. Et a priori, l’ensemble des formations politiques du NFP ne va pas voter la confiance au gouvernement le 8 septembre. Et oui, ça n’a échappé à personne, l’été a été éminemment politique, également avec le succès de la pétition contre la loi Duplomb, qui a récolté plus de 2 millions de signatures.
Il n’y a donc pas de raison que cela soit impossible localement, face au raz-le-bol des Françaises et des Français, qui résonne particulièrement ici, à Nice, où une personne sur cinq vit sous le seuil de pauvreté et où le déclassement généralisé s’intensifie face aux difficultés pour se loger, se déplacer ou se nourrir.
La pauvreté augmente et les inégalités ne cessent de se creuser de façon extrêmement visible chez nous, où du côté pile de la carte postale, il est possible de faire Nice-Monaco en hélicoptère après un voyage en jet privé, alors que du côté face, le tramway n’est toujours pas arrivé à l’Ariane près de 20 ans après son inauguration.
Où du côté pile de la carte postale, la spéculation immobilière effrénée pousse les Niçoises et les Niçois toujours plus loin du centre-ville au bénéfice de l’hôtellerie de luxe, du Airbnb et du surtourisme qu’Estrosi fait mine de combattre dans un jeu d’acteur particulièrement mauvais, alors que du côté face, une personne seule qui gagne 2000 euros par mois ne peut pas se loger, que les loyers sont tels, que de plus en plus de couples dorment dans leur salon pour laisser une chambre à leurs enfants dans des appartements trop petits. Et encore, quand ils ont accès au logement. Faut-il encore rappeler que la ville de Nice n’est dotée que de 14 % de logements sociaux, au lieu des 25 % qu’impose la loi, et qu’une partie de l’argent public sert à payer l’amende ?
Côté pile, une ville magnifique que le monde entier peut atteindre en avion, côté face, les habitants et les habitantes des quartiers ouest, vers l'aéroport, qui suffoquent sous la pollution générée par le trafic aérien et qui écarquillent grand les yeux quand on leur explique que son extension va générer une augmentation particulièrement importante, avec encore plus de vols et de poussière noire ramassée sur le balcon et respirée dans les poumons.
Côté pile, les pots de fleurs pour verdir la ville et l’inauguration mètre par mètre de la Coulée verte, côté face, l’irresponsabilité de la bétonisation de la plaine du Var à l’heure du dérèglement climatique.
Côté pile, les sourires sur les réseaux sociaux avec une attitude paternaliste et bonhomme, et côté face, la stigmatisation continue et incessante, dans notre ville, comme sur les médias nationaux, des compatriotes de culture musulmane, perçus comme une menace et dépeints régulièrement comme une cinquième colonne menaçante pour la République française par Estrosi.
Et l’alternative Ciotti est bien sûr une mascarade tant ces deux figures politiques locales et nationales sont du même côté du manche et prennent les Niçoises et les Niçois pour des pions dans leur guerre fratricide. Dernièrement encore avec cette histoire de fichiers d’Éric Ciotti qui ont permis à Christian Estrosi d’en appeler à l’autorité de la CNIL. La Commission nationale de l’informatique et des libertés qu’il a pourtant toujours fustigée pour mener à bien son projet de Smart City, sous contrôle des caméras algorithmiques.
Ces deux-là sont du côté des ultra-riches, des dominants, de ceux qui se sont enrichis considérablement sous les années Macron, de ceux qui ne veulent pas payer leur part pour financer les services publics nécessaires à la cohésion sociale dont on a tant besoin à Nice pour le bien-être de toutes et tous. On le voit tous les jours, l'hôpital, le logement et les bailleurs sociaux, l’école, la culture, les transports, les pompiers, la police sont en crise. Et on en passe. Et tout ça, toutes ces injustices et les tensions qui en découlent, c’est précisément le bilan de Christian Estrosi, d’Éric Ciotti, et de leurs familles politiques respectives.
Voilà le constat. Voilà le duel annoncé, le combat de coq entre deux hommes, deux équipes que l’on voit s’écharper régulièrement, et qui font les choux gras des médias locaux pour des affaires et des histoires de probité et de clientélisme. Voilà le danger qu’il faut stopper en proposant une alternative concrète. Ces sujets sont des sujets qui font partie de notre quotidien et qui cristallisent les colères. Et nous savons que nous partageons ces constats avec nos camarades écologistes, socialistes et communistes. C’est pourquoi il n’y a pas de raison de ne pas trouver d’accord comme ça a été possible en juin 2024. D’où l’opportunité de tenter quelque chose face à l’urgence.
Comment penser que nous ne pourrions pas nous mettre d’accord pour construire un programme de rupture, ambitieux pour changer la vie des Niçoises et des Niçois ? Par exemple autour de mesures concrètes pour pallier les difficultés que rencontrent les familles, notamment les familles monoparentales, 20 000 familles sur Nice, dont 80 % sont des mères isolées. Ces personnes ont besoin d’un statut particulier. Une série de mesures pourrait les accompagner dans leurs difficultés du quotidien, avec des droits spécifiques face à la galère pour se loger, pour trouver une crèche, pour payer la cantine, l’étude, pour trouver un mode de garde ou encore pour être accompagnée face aux difficultés juridiques en cas de séparation, par exemple… Ce sont des pistes de réflexion bien avancées, à poursuivre avec les premières concernées.
La France insoumise a toujours eu pour mot d’ordre d’être du côté de la solution afin d’être en capacité de participer à la construction d’une union populaire la plus large possible, mais fidèle au programme du NFP, donc sur les bases d’un programme de rupture. Et une solution à ce type de problématique, ça ne se décrète pas, ça ne s’invoque pas, ça ne se trouve pas parce que l’on est sympa, que l’on s’entend bien et que l’on aurait envie de partir en vacances ensemble. Non, une solution, ça se trouve en posant sur la table ce qui bloque, en se parlant franchement, et en y mettant un peu de bonne volonté.
Car il y a une aspiration puissante chez les électeurs et les électrices qui pourraient faire gagner la gauche et l’écologie aux prochaines élections municipales à Nice : celle de voter utile pour une candidature unique, avec une liste unique et un programme commun de rupture, dans l’esprit de celui du NFP, et adapté aux enjeux de nos collectivités. Dans un premier temps, ce scénario aurait déjà l’effet d’un formidable moteur face à l’abstention et à la résignation. Mais bien sûr, ça n’est pas parce que l’on en appelle à l’union qu’il faut la faire et la penser n’importe comment. Une liste unique se constitue sur une dynamique et un respect des électeurs et des électrices, c’est-à-dire des résultats électoraux. Pas des enquêtes d’opinion.
Concernant la dynamique. L’appel “Nice, reprenons la main maintenant” a réuni plus de 200 signatures d’acteurs et d’actrices locaux des secteurs associatifs, politiques, syndicaux, d’ONG et d’organisations qui militent sur le terrain pour le droit au logement, pour la cohésion sociale, notamment auprès des jeunes, pour le droit au travail, à la santé, le droit à vieillir dignement, pour une écologie de classe, pour lutter contre les discriminations sociales, racistes, sexistes, anti-LGBT, validistes. Bref, cet appel a eu le mérite de réunir un très grand nombre de militants et de militantes de toutes les luttes sur un territoire aussi difficile et particulier que celui de Nice. Tous ces acteurs appellent de leurs vœux à une liste unique derrière un programme de rupture pour 2026 face aux enjeux que cette élection soulève. Plusieurs personnalités de la France insoumise et du rassemblement citoyen ViVA ont signé cet appel, qui a également été proposé à nos camarades socialistes, communistes et écologistes, mais qui n’ont pas désiré s’y rallier.
Pourtant, force est de constater que lorsque nous avons assisté à leurs réunions programmatiques, contrairement à ce qu’ils et elles ont pu annoncer, leurs organisations n’ont pas eu les capacités de s’inscrire dans une telle dynamique. Pour être clairs, nous n’avons pas vu beaucoup d’acteurs et d’actrices de terrain se rendre à leurs réunions. Or, nous aurons besoin du terrain pour transformer la ville en profondeur. Pour administrer une collectivité, un conseil municipal n’est efficace que poussé par l’expertise et les revendications des structures autonomes et indépendantes pour sortir du clientélisme, qui travaillent au quotidien auprès de la population et de ses besoins particuliers. Et nos conseillers municipaux ne seront pas de simples gestionnaires, mais devront mettre toutes leurs forces et leur volonté au service des Niçoises et des Niçois, en se rendant utiles, efficaces et fidèles à nos engagements.
Concernant les résultats électoraux. Nous observons depuis des années une progression flagrante de la gauche de rupture aux dernières échéances électorales. Quand le Parti communiste, les écologistes et les socialistes avec Place publique ont recueilli 19 % aux européennes en 2019, cumulés à eux trois, contre 16 % en 2024, la France insoumise, elle, a triplé son score, en passant de 4 % à 12 %, seule. Et la liste menée par Manon Aubry est passée devant celle de Raphaël Glucksmann à Nice, contrairement à ce que l’on a pu observer nationalement. Ce n’est pas un détail, surtout sur un scrutin qui ne nous est, a priori, pas franchement favorable. C’est le reflet d’un mouvement, d’un ancrage grandissant qui s'observe également aux autres élections, notamment présidentielles, où Jean-Luc Mélenchon a obtenu plus de 21 % au premier tour des élections de 2022, et aussi législatives où contrairement à Éric Ciotti et aux candidats d’Estrosi, la France insoumise a quasiment doublé son résultat en nombre de voix entre 2022 et 2024, et gagné un nombre conséquent de voix entre les deux tours de 2024.
Ce sont des résultats concrets, réels. Pas des sondages qui montreraient un "rejet croissant de LFI chez des électeurs qui se situent à gauche, voire très à gauche” comme on a pu le lire et l’entendre ici ou là. Ces résultats et cette progression sont en adéquation avec les forces militantes que notre mouvement est en capacité de mobiliser. Dans les luttes, sur les opérations de tractage plusieurs fois par semaine un peu partout dans la ville, sur les espaces publics d’affichage où sont régulièrement déployées nos campagnes tout au long de l’année. Sur tous les réseaux sociaux, dans les médias et les réunions publiques. Nous sommes présents et visibles partout et prenons pleinement notre part dans l’adversité de notre époque.
Ce constat étant posé, nous proposons donc une solution qui s’inspire très fortement de la méthode du Nouveau Front populaire aux législatives de 2024, adaptée à Nice. Cette méthode a réussi et a vu nos formations réunies battre toutes les équipes de Christian Estrosi et challenger celles d’Éric Ciotti sur les circonscriptions de la ville.
Vous savez, quand Marine Tondelier est venue à Nice pour une réunion publique en octobre 2024, elle nous a dit ceci : “Pour la constitution d’une liste, il n’y a pas d’autre méthode que de s’enfermer et de ne ressortir qu’avec une solution.” Dont acte.
Nous proposons de prendre en considération six dynamiques : la France insoumise, les écologistes, le Parti communiste, le rassemblement ViVA, le Parti socialiste et la dynamique Reprenons la main pour représenter la société civile. Pour la constitution de la liste, réfléchissons déjà aux 12 premières places, sur les 70 de la liste, avec deux personnalités par force. Pour mettre tout le monde d’accord, car oui, la tête de liste est un élément très important de la campagne à venir, nous proposons de réfléchir à une personnalité issue de la société civile et qui n’appartient pas à une organisation politique pour cette première place. Et comme symbole fort dans un environnement politique local quasiment exclusivement masculin, nous proposons que cette tête de liste soit une femme pour continuer dans la logique du Nouveau Front populaire. La France insoumise revendiquant, bien évidemment, la seconde place au vu de ses résultats électoraux de ces dernières années à Nice.
Pour résumer, la tête de liste serait issue de la société civile, la place numéro deux reviendrait à la France insoumise et les dix places suivantes se partageraient entre la France insoumise, les communistes, ViVA, les socialistes, les écologistes et la dynamique Reprenons la main. Cette méthode permettrait de façon concrète et pragmatique de composer une équipe équilibrée.
Nous le disons simplement : si nous voulons créer une alternative crédible face au duo Estrosi-Ciotti, si nous voulons dépasser un seuil électoral significatif et redonner espoir, rien ne se fera sans une dynamique large, populaire, ouverte, qui dépasse largement nos organisations respectives. Il y a à Nice des forces disponibles. Ignorer cela, c’est tourner le dos à la seule stratégie gagnante possible.
Nous lançons donc une invitation devant les Niçoises et les Niçois à nos camarades écologistes, communistes et socialistes et à leurs chefs de file respectifs, Juliette Chesnel, Julien Picot et Patrick Allemand, en espérant que la période estivale a permis à chacun et chacune de prendre du recul. Il est temps de se rencontrer en cette rentrée de septembre pour discuter sérieusement des conditions d’une véritable alliance avec tout le monde. Une alliance tournée vers l’avenir, et non vers la répétition des échecs du passé.
Il y a toutes les raisons pour que cette campagne soit une campagne d'envergure nationale, avec toutes les passions tristes du pays mobilisées.
Profitons-en.
Le N-F-P, Nouveau - Front - Populaire, pourrait se transformer pour les élections municipales de 2026, en N-F-P, Nice - Front - Populaire.
Et ça serait un signal fort, derrière lequel toutes les Niçoises et les Niçois qui veulent passer à autre chose pourraient se rassembler, et faire de notre ville un laboratoire de la solidarité pour un nouveau choix de société.
Nous vous remercions.
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