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Billet de blog 7 février 2016

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Le diable se cache dans les détails

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le vendredi 5 février à 22 h 30 sur Arte était diffusée l’émission allemande « Ce que ressentent les animaux » où l’on pouvait assister à quelques tentatives scientifiques de démonstration de ce que nous savons intuitivement depuis longtemps. Certaines expériences font appel à l’IRM fonctionnelle et les neurobiologistes d’en conclure qu’ils visualisent les structures anatomiques à l’origine des sentiments éprouvés au lieu de parler simplement de structures anatomiques activées en corrélation avec… Ou, si l’on veut aller un peu plus loin dans l’interprétation sans pour autant introduire une notion de causalité que l’expérience ne montre pas, ils auraient pu parler de support anatomique à une activité psychique certaine. À moins qu’il ne s’agisse d’une erreur de traduction, nous pouvons penser à une erreur logique par abus de métonymie.

De manière plus subtile, nous retrouvons cette ambiguïté dans Wikipédia, où nous pouvons lire :

« À partir des années 1990, la technique d’IRM fonctionnelle, qui permet de mesurer l’activité des différentes zones du cerveau, a en effet permis des progrès importants dans l’étude des fondements neurobiologiques de la pensée ». En effet, « fondement » évoque tout aussi bien l’assise, la fondation, la matière que la cause, le credo, la preuve.

Là où la métonymie est acceptable dans l’expression « j’ai bien aimé ce livre » car le télescopage entre le contenant et le contenu est conventionnel ou encore percutante dans l’expression « Paris a faim » ; lorsqu’il s’agit de science, l’ambiguïté peut avoir des conséquences redoutables.

Une patiente à qui l’on venait de prescrire un antidépresseur disait « je suis toujours aussi triste mais je ne pleure plus ». Une intervention sur le support de l’affect modifiait son expression mais pas l’affect lui-même.

Il ne s’agit pas ici de nier le fait qu’une perturbation du support peut générer des affects ou des pensées délirantes comme dans l’exemple classique de la paralysie générale ; il s’agit de ne pas nier l’interaction permanente entre le soft et le hard dans le cerveau. Nous savons bien qu’une expérience psychique, un apprentissage modifient les structures et les fonctions cérébrales.

Que certains scientifiques ne s’intéressent qu’à l’aspect de leur objet d’étude (le hard) peut se comprendre mais ne l’excuse pas car c’est la porte ouverte à cette cécité partielle volontaire au profit d’intérêts de pouvoir, de commerce ou d’intégrisme inacceptables, qui peuvent faire des dégâts sur toute une société.

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