20 septembre 2024
Nice
Notre Le premier ministre doit collaborer avec la partie raciste et xénophobe de notre échiquier politique. C’est par la volonté de notre du président de la de ma république. Alors le chef de l’exécutif doit réduire la distance de sécurité que nous avions pris l’habitude de garder avec la partie la plus extrémiste de notre paysage politique.
J’écris cela sous un olivier, dans le sud de la France. Il fait doux.
L’année dernière le même jour, le matin :
20 septembre 2023
3 mètres, trois soldats
« Checkpoint de Bethléem
Quand on franchit cet « obstacle » dans le sens Israël -> Cisjordanie, le passage est simple, il est constitué d’une série de tourniquets antiretour qui jalonnent le trajet.
Dans l’autre sens, Cisjordanie -> Israël c’est plus compliqué. La population palestinienne est surveillée et triée par l’autorité israélienne. Je n’avais plus traversé de checkpoint (dans le sens compliqué) depuis 2016. Je me suis toujours débrouillé autrement. Rien n’a changé depuis, le lieu est toujours aussi sordide et inhumain. Les palestiniens ont toujours les mêmes airs résignés et déprimés. C’est toujours des soldates aux commandes et des soldats à la surveillance. Ils ont tous des têtes d’anges, celle que l’on a à 20 ans.
Cette charge est bien trop grande pour eux, pour les enfants qu’ils sont. Ils bloquent des vieilles dames qui pourraient être leur arrière-grand-mère. Des femmes nées avant le plan de partage de la Palestine de novembre 1947. J’imagine un de mes enfants à leur place. Ça me donne envie de chialer.
Jérusalem-Est
Le café chaud à la main j’observe les tables et les chaises disposées devant moi. Plusieurs groupes masculins qui discutent les occupent. Je repère une table libre. Je n’ai pas le temps de m’en approcher qu’un homme me propose de s’assoir avec lui et son ami. Après quelques instants il me dit que pour un français, je parle bien anglais. Je rigole intérieurement, je n’ai jamais appris cette langue, pour une bonne raison, j’ai quitté l’école au début de la sixième. Ce que j’en sais, je l’ai acquis en ne voyageant dans aucun pays anglophone. Je pratique un anglais de dé-merde... mais de terrain. Je lui demande s’il a la nationalité israélienne, il me confirme que oui, il possède aussi un passeport des USA. C’est donc ce que l’on appelle Ici, un arabe-israélien. La vie est plus facile pour eux. Je comprends mieux aussi pourquoi il a tant voyagé.
À la question « Qu’est-ce que vous faites à Jérusalem ? », je réponds que je suis venu pour changer de l’argent à la Porte de Damas. Il reste une seconde interloqué et rigole. Me précise que j’ai raison, ils pratiquent des petites commissions. Mais comprend également que je connais le coin. Je parle bien anglais et connais Jérusalem, je deviens rapidement son copain.
La personne qui est avec lui est de la même famille qu’Ibrahim, mon ami du Mont des Oliviers. Autant dire qu’à partir de ce moment mon crédit est devenu total !
Le bureau de change est situé dans la Porte de Damas.
Au milieu du passage.
C’est là également que des soldats surveillent, car cette porte symbolise la résistance palestinienne. Elle est située au cœur d’un quartier arabe et conduit au secteur musulman de la cité.
Pendant que j’attends, je vois les soldats arrêter un jeune palestinien. Il présente ses papiers, il est calme, mais visiblement « blasé » … Les soldats lui demandent sèchement de reculer de quelques pas, il n’a le droit d’approcher que pour donner ses papiers. Après il doit se soumettre aux ordres d’une autorité qui n’est pas celle qu’il reconnait. Pendant qu’un homme épluche les papiers du jeune homme, une soldate lui demande de reculer plus. Il est maintenant à 3 mètres du groupe de soldats. Je récupère mon argent liquide. Je me place derrière les soldats pour prendre une photo, la soldate me fait un signe négatif de la main. Je range mon appareil.

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Après un tour rapide au Saint Sépulcre, je retourne en direction de la porte de Damas. C’est là que je vais prendre le bus de retour. Sous les arches de la Porte, un autre jeune homme à 3 mètres des 3 mêmes soldats. »
Je m’interroge souvent sur la notion de militantisme. Sur sa réelle efficacité.
J’ai l’impression que quand c’est le bon moment, quand la société est prête à changer, tout le monde se met d’accord pour condamner ceux qui ne changent pas. Et l’action militante ne sert qu’à enfoncer le clou. À rendre légitime et normal de taper sur « l’autre », celui qui ne veut pas évoluer ou ne le fait pas assez vite. Là je pense en particulier à l’écologie et au féminisme.
Quand ce n’est pas encore le moment, que la société n’est pas prête à changer sur un sujet, les militants peuvent gueuler, revendiquer, manifester, tout le monde s’en fout. Ça tape à côté du clou. Là, la majorité des gens rend légitime et normal de cracher sur « l’autre », le révolutionnaire qui veut tout changer.
Et de surcroit, quand le peuple vote avec un taux de participation record pour une assemblée nationale et élit un groupe majoritaire, le pouvoir vole un résultat qui ne lui convient pas. Franco n’avait pas fait mieux à son époque.
Est-ce que les manifestations qui se déroulent dans le monde occidental pour réclamer l’arrêt des bombardements à Gaza changent réellement quelque chose ? Il semblerait qu’elles n’ont aucune portée sur les chefs d’état. Ces derniers trouvent normal de donner des armes à un état enragé qui tue des innocents et des enfants. Ils ne s’en cachent pas, ils le font à la vue de tous, et à l’assument totalement.
Ici c’est notre supposé universalisme qui est mis à mal. Le deux poids deux mesures n’est pas caché, il est justifié par notre suprémacisme autant réel que non-assumé. Ce dernier s’appuyant sur la montée des idées racistes et xénophobes en Europe et aux USA.
Mais est-ce que le militantisme se limite à ce que je viens sommairement de décrire ?
Je suis bien sûr convaincu du contraire.
Une personne impliquée, qui raconte ce qu’elle vit, touche forcément les autres.
La sincérité d’une histoire réelle l’emporte facilement sur la posture clivante et caricaturale d’un militant ou d’un anti-militant.

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Le tram entre Jérusalem Ouest et Est. Là où se côtoient à une distance réservée à l'intimité, les femmes musulmanes et juives.