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Billet de blog 22 septembre 2024

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Bethléem, un an plus tard - 03

Je vais publier régulièrement un article entre le 19 septembre et le 15 octobre. Cela correspond aux dates de mon deuxième voyage en Cisjordanie en 2023. J'ai vécu sur place le début de la guerre.

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22 septembre 2024

C’est une journée d’automne, fraîche, mais pas trop. Un soleil voilé mais d’une luminosité qui réclame des lunettes de soleil.

J’attends mon café, il s’écoule de la cafetière napolitaine que j’ai achetée sur place en mai dernier. Encore quelques minutes et je l’aurai !

22 septembre 2023

« Dans les rues désertes je peine à trouver un café. C’est vendredi, jour férié, très férié. Je songe à aller à Jérusalem, mais il n’y a pas de bus. Le seul passage est à pied par le checkpoint. Je sais que justement ce jour-là il y a la queue. Les musulmans se rendent en grand nombre à Al Aqsa, la mosquée située à proximité du dôme du rocher.

Finalement et par hasard je trouve un vendeur ambulant seul au milieu d’une station de bus vidée de son contenu.

Enfin un café !

 Reste à trouver un lieu pour s’asseoir. Plus bas je connais un abribus, normalement il devrait être vide. C’est bien le cas.

 Ce que je n’avais pas prévu c’était que toutes les minutes un palestinien allait s’arrêter pour me dire qu’il n’y a pas de bus, que j’attends pour rien. C’est un inconvénient que j’accepte bien volontiers, j’ai un café, le reste ne compte pas.

Dans ce lieu, très proche des religions, je ne ressens rien. Rien de ce que semblent ressentir beaucoup d’humains. Un « truc » appelé la foi. Je comprends l’envie de prier, de communier. Mais pourquoi pas dans des lieux prévus pour ça ? Sans croix, étoile ou croissant. Juste un endroit pour que chacun puisse se poser les questions existentielles en vibration avec les autres. Sans croyances érigées en vérités. Juste la certitude de notre ignorance. Une humilité réelle. Non feinte par une kipa, un voile, ou une génuflexion, en signe de soumission.

Ce que je vois Ici m’épuise. Je suis non-croyant et j’observe que les gens se cachent des autres quand ils enfreignent des règles « saintes ». Si dieu existe, ils ne peuvent pas se cacher.

Pourtant il semble que ce soit plus compliqué de se justifier auprès de leurs semblables qu’auprès de dieu. Ces gens ont-ils la foi ? J’ai des doutes sérieux…

En même temps, ils ont raison et je les soutiens.

Je m’explique : Une fleur est faite pour attirer un insecte qui va la butiner. Ainsi cet organisme externe va garantir la pérennité de la plante. On peut penser que c’est l’œuvre de dieu. Je peux le comprendre. En effet, la plante est dépourvue de cerveau, et à priori ne connait pas les abeilles. Pourtant, elle fabrique la chose parfaite pour elle. Cette dernière va involontairement féconder la plante et en même temps nourrir ses semblables. Quel miracle pour le cerveau humain. Ce ne peut être que le fruit du génie d’un être supérieur.

On va dire qu’il a fait ça il y a 6000 ans et en 7 jours (pour le fun on peut ajouter que la terre est plate). Sauf que 6000 ans, sur une échelle de 1 mètre c’est simplement invisible à l’œil si ce mètre représente 4,7 milliards d’années.

L’apparition des fleurs sur terre se situe quelque part dans le dernier centimètre. Elles ont eu plus de 99 cm pour se construire. S’il y a quelque chose qui nous échappe, c’est bien ça. Notre vanité est telle que l’on a ramené notre compréhension à une échelle intelligible pour notre esprit. Un dieu, 7 jours, 6000 ans.

Ce qu’il s’est passé avant 4,7 milliards d’années, je l’ignore. Simplement parce que mon esprit n’est pas capable de l’imaginer. Je suis limité, je touche le plafond de mes capacités. Par contre, je comprends très bien que dans l’intervalle les durées sont telles, les changements sur terre ont été si nombreux, que je comprends très bien comment une fleur est apparue. C’est juste prodigieux.

Et c’est bien assez. Dieu n’a pas de place pour moi dans cette histoire. Il est simplement la représentation de notre esprit étriqué. Le besoin de simplifier pour comprendre. Rien d’autre.

 Alors oui je comprends très bien pourquoi on préfère ne pas avoir à se justifier auprès de nos semblables quand on enfreint une règle. Au fond, c’est très pragmatique. C’est une bonne issue pour s’en sortir. Mais dans tout ça, avec ma conviction profonde, certaine, j’ai un respect profond pour les croyants, et les lieux religieux. Je n’y ressens rien de religieux, ma compréhension du « mystère » se situe ailleurs. J’y ressens très fortement ce que mes semblables y apportent. Ça « vibre » dans les murs, le sol, l’air. »

Illustration 1
Bethléem - Star Street © Olivier Baudoin

22 septembre 2024

Je n’ai aucun doute sur la nécessité d’une société égale et équitable.

Entre les hommes et les femmes en tout premier lieu.

Car si nous ne sommes pas capables de régler la plus basique des différences, comment pouvons prétendre être capables de respecter toutes les autres ?

Il n’y a aucun doute sur le caractère impérieux du problème de l’écologie.

Il y va tout simplement de notre survie. Puis de celle de tout ce que l’on est déjà en train d’entraîner dans notre chute.

Je déteste assister au spectacle pitoyable de nos dirigeants plus capables d’accepter autre chose que le capitalisme effréné et destructeur.

Ou de voir un état enragé tuer des enfants au nom d’une « justice », d’une « légitimité » ou d’un prétendu droit à se défendre.

Mais ça c’est une problématique verticale sur laquelle il est compliqué d’agir. Qui nous dépasse par sa taille. Agir n’est pas impossible, mais demande des délais très longs.

Mais les positions militantes qui portent des comportements d’ostracisme et qui finalement détruisent les idées fondamentales, m’épuisent

Là ça m’énerve vraiment, car ce n’est pas vertical, c’est horizontal, c’est entre nous.

Les défendeurs de ceci ou de cela me font penser aux comportements religieux. Ils sont mus par la bonne attitude, celle qui est acceptée par le groupe auquel ils appartiennent plutôt que par le fond réel de ce qui est important de défendre.

C’est pour cela que je ne me reconnais dans aucun mouvement féministe ou écologique.

Je ne me sens pas concerné, non pas par la problématique qui est au centre, mais par la façon de faire.

C’est un paramètre de première importance, il fait la différence entre ce qui est fait avec ou sans consentement…

Ce qui met en colère et divise ou bien apaise et réunit les êtres.

Ce qui va finir en justice ou sur l’oreiller.

Toutes ces choses importantes on devrait les défendre ensemble, poser une prière universelle et des actes communs dans un lieu sans signe ostensible de quoi que ce soit.

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