Quand les parents boivent, les enfants trinquent....
Ce retour permanent de la question idenditaire de la part du Président de la République n'est-elle qu'une visée politicienne ou bien relève-t-elle d'une donnée plus personnelle touchant à la recherche même de sa propre identité.
Son histoire peut le suggérer : en effet, selon un article paru notamment dans le Nouvel Observateur, son grand-père maternel Aaron Benedict Mallah né à Salonique en 1890, de confession juive qu'il abandonnera plus tard, arrive en France en 1905, et sert comme médecin dans l'armée française. Il bataillera longuement pour obtenir la nationalité française. (sources : "Lettres à l'épouse", "Le Nouvel Observateur", L'Express").
Ce même grand-père qui se voulait français comme un français né en France, regrettera ouvertement que son gendre, Pal Sarközy Nagy-Bogsa, père de Nicolas Sarkozy ne demande pas la nationalité française lors de son mariage avec Andrée, la mère de Nicolas Sarkozy.
Il paraît donc légitime de se poser la question suivante : les réactions de Nicolas Sarkozy et les sujets qu'il met "sur la table" (l'identité nationale, les origines chrétiennes de la France, et en même temps des tentatives d'intéger le multiculturalisme de notre société) ne sont-ils pas en fait le fruit d'un questionnement personnel qu'il ne réussi pas à aborder de façon intime ? Cette question, ainsi posée, est d'autant plus légitime que cela expliquerait assez bien la dimension narcissique du personnage et son approche polémique, voire agressive des débats ; de la même façon que le questionnement intime par un individu sur sa propre identité, est souvent source de fortes tensions internes (et externes dans ses relations aux autres) par le fait qu'elle révèle des choix d'appartenance et de loyauté parfois insoupçonnés du sujet lui-même, pouvant aller jusqu'à de forts sentiments de culpabilité. Cette question qu'il ne semble par avoir abordée explicitement pour lui-même, l'écarte en fait des vrais problèmes qu'il a à résoudre (pauvreté, souffrance de populations isolées de la vie sociale ouverte aux "français de souche", sentiment d'injustice profond face aux privilèges des gens de pouvoirs et des rentiers, manque de contre-pouvoirs, etc....)
Or, la Parole d'un Chef d'Etat (les majuscules sont volontaires), a une dimension fortement symbolique, puisque cette fonction est aussi celle du Porteur de la Loi (il est entre autre, la défenseur de la constitution) au même titre que le Père Symbolique est celui (ou celle) qui représente et dessine auprès de ses enfants, le cadre règlementaire dans lequel ils vont évoluer (en définissant ce qui est le bien et ce qui est le mal).
D'où le titre de ce texte, car si la parole du Président défaille par l'impossibilité qu'il semble avoir à s'explorer en profondeur, c'est le peuple qui en subi les avatars. Quand les parents boivent, les enfants trinquent !
Olivier Chartier, 09 mars 2011.