Les Salauds
Il y a ceux pour qui la vie débute dans le désespérant,
Et ceux bien vernis dès leurs primaux instants.
Deux chemins, dès l'origine si différents,
Du minable voyou, rêvant d'être un jour le caïd le plus grand,
Aux lâches qui s'abritent à l'ombre des règlements,
Ceux qu'ils conçoivent bien assis dans le velours des parlements.
Pas de méprise, je ne cautionne pas le vulgaire truand,
Mais quelque chose en moi à sa manière les entend :
Aux cyniques puissants, je prends cause pour les petites gens !
Mais le Mal reste le Mal, d'où qu'il vienne, sans le moindre sourcillement,
Et si les uns et les autres s'échangeaient l'utérus accouchant,
J'écri(e)rai sur eux, vice-versa et réciproquement.
Mon salaud, donc, le vrai, celui qui fait élire en manipulant,
L'est bien plus que le saligaud qui n'eut de choix que naître brigand.
La racaille pure, sans scories, elle est là-haut, parée de pouvoirs outrecuidants,
Fière et moralisatrice, elle qui use la misère pour encore et encore plus d'argent.
Ceux-la l'ont eu leur chance ; et quand on les choppe, il faut punir impitoyablement.
Quand aux premiers, qu'ils aient une fois dans leur vie une bonne dose d'adoucissant ;
Et qu'ils la saisissent bon dieu ! Sinon c'est toute la loi, juste, mais sans frémissement.
« Rien de neuf », me direz-vous, « il en est ainsi depuis l'humaine nuit des temps :
Les mieux lotis déclarent les guerres mais y font crever les innocents ».
C'est vrai, et l'ironie de cette histoire est que dans notre multitude, si peu sont de vrais malfaisants,
Qu'il suffirait de s'unir en fraternité pour obliger les salauds à foutre le camp.