"Pour résoudre ses problèmes, il faut d'abord se regarder en face".
Ce devant quoi nous sommes, depuis ce funeste 13 novembre 2015, n'est rien moins que la défense, lettre par lettre, de nos principes qui, loin de n'être que nationaux sont universels :
- La Liberté d'opinion et de croyance, soumise à la double obligation de respecter les lois démocratiques sans nuire à quiconque.
- L'Egalité des droits ET des devoirs entre, et par, TOUS les êtres humains.
- La Fraternité que les deux premiers principes génèrent par l'acte de tolérance qu'ils induisent, tolérance n'étant pas synonyme de laxisme et d'abandon des principes.
La première question que nous devons collectivement nous poser me semble celle-ci ; comment des êtres humains peuvent-ils haïr à ce point-là d'autres êtres humains, au point de se tuer eux-mêmes pour en exterminer d'autres ?
Une partie de la réponse est vraisemblablement liée à la détresse que nos sociétés de consommation (dites sociétés occidentales) ont générée sur de nombreuses populations, notamment celles qui vivent sur des territoires contenant des ressources indispensables au maintien de notre mode de vie.
La colonisation n'a pas cessé au 20ème siècle ; elle a pris un autre visage : celui de l'installation et du maintien au pouvoir d'oligarchies locales et corrompues qui nous assurent un accès peu coûteux à ces ressources, au prix de la spoliation et de la tyrannie des populations autochtones, et cela pendant que nous donnions au monde entier de belles leçons de morale sur l'exemplarité de nos démocraties.
Du point de vue de ces peuples, nous sommes, nous occidentaux, synonymes de guerre, de misère, d’épidémies, de destruction de leurs cultures, de leurs modes de vie, de leurs écosystèmes et de l'exploitation des êtres humains au profit de quelques autres. Nos 3 principes fondamentaux ne sont devenus que des slogans publicitaires, et nous avons accepté, par facilité ET par lâcheté, que des pans entiers de la population humaine soient traités comme de vulgaires marchandises.
La désespérance est une boîte de pandore que nous avons collectivement créée, inconsciemment bercés par notre aspiration légitime et naturelle à améliorer notre confort matériel, mais au prix de la souffrance des exploités. Voici, à mon avis, l'une des raisons essentielles à la haine que nous suscitons auprès de certains groupes, eux-mêmes manipulés par des "égomaniaques" qui exploitent les souffrances et ne cherchent qu'à satisfaire leur soif de puissance et leur vision névrotique du monde.
Nous devons donc en revenir aux Principes, et, sans effacer les règles de prudence et de détermination nécessaires dans de telles situations, ne pas céder à la haine globale, à ne pas faire aux autres ce qui nous fait tant souffrir aujourd'hui : depuis vendredi, nous pouvons ressentir ce que les juifs, et autres groupes humains désignés par une identité globale niant les individus, ont vécu à travers les pogroms et autres génocides.
La résistance et la lutte que nous devons mener ne peuvent ignorer les principes que nous défendons, c'est à ce prix que la barbarie perd toujours. Les discours nous invitant à rejeter par amalgame "ceux qui ne seraient pas comme nous" sont aussi les mots des assassins.
Cette peur légitime que nous ressentons, ne doit pas nous entraîner à voter pour des partis xénophobes, homophobes et nationalistes, comme le front national ou toute autre organisation revendiquant l'existence d'une soit-disant "race blanche" génétiquement porteuse de la vérité du monde. Cela reviendrait à plébisciter les terroristes qui ont tué nos enfants et veulent nous interdire de vivre tous ensemble paisiblement et respectueux de nos différences.