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Billet de blog 14 février 2023

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La langue emprisonnée - لسان معتقل

Mazen a beaucoup souhaité être mort sous la torture avant d'affronter cette froideur. Il n'arrêtait pas de répéter : « Je veux le droit par la loi ». Il voyait la loi comme un moyen d'obtenir ses droits, pas de l'expulser de son refuge. C'est ainsi que Mazen a témoigné de la torture sous la torture, au nom d'un survivant et avec une langue emprisonnée.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Après un premier livre documentaire remarqué, Opération César, au cœur de la machine de mort syrienne, publié aux éditions Stock en 2015, le deuxième livre de la journaliste indépendante et auteure française Garance Le Caisne, intitulé Oublie ton nom. Mazen Hamada, Mémoires d'un disparu, est paru en octobre 2022.

Le livre est basé sur des entretiens que l'auteure a menés avec Mazen Hamada avant sa dernière disparition forcée, il y a aujourd’hui deux ans, plus précisément le 22 février 2020, dans des "circonstances mystérieuses”, des Pays-Bas, son pays d'asile, via Berlin, jusqu’à l’aéroport de Damas, où il a disparu aux mains des services de renseignement de l'air syriens.

Les entretiens que retranscrit l’auteure concernent ses trois arrestations précédentes en Syrie entre 2011 et 2014, et en particulier sa plus récente. Ce livre de seulement quarante chapitres de la vie de Mazen et de ses tourments, Garance le commence par le mot le plus juste : Il fallait l'écrire ensemble.

L’idée principale ici n’est pas de présenter Mazen, qui s'est fait connaître et reconnaître par la révolution, et en a subi en homme libre les conséquences du déplacement, de la torture et de la privation. Toutes les personnes concernées par la question de la détention en Syrie savent que Mazen a été, depuis sa sortie en 2014, l'une des voix les plus fortes de la torture dans les prisons syriennes. Il avait déjà témoigné dans le précédent livre de Garance Le Caisne sur l'Opération César et a participé aux procédures de procès du régime d'Assad devant le tribunal de La Haye. Il s'est rendu au Musée de l'Holocauste pour documenter la version syrienne du génocide. Il a voyagé dans différentes villes d'Europe, de Grande-Bretagne et des États-Unis pour raconter son expérience, à Paris, Amsterdam et Berlin, à Genève, à Washington et en Floride, mais aussi en Malaisie et ailleurs. Il a rencontré des officiels, des généraux, des étudiants, des enquêteurs et de nombreux journalistes et documentaristes. Après tout ça, la déception l’a envahi. 

Je n'ai pas non plus envie de parler davantage de ce livre qui m'a bouleversé et ramené dans l'arène de la parole malgré ma préférence pour le silence dans cette atmosphère médiatique bon marché. Tout le mérite en revient aux mots justes de Garance qui s'alignent le long des pages, grâce à sa maîtrise à donner à lire la langue de ce survivant et à sa bonne appréciation de la distance qu'il faut prendre dans la documentation de personnalités comme celle-ci. Elle le connaissait, elle l’aimait et n’a pas fait de lui une légende comme certains l'ont fait, ni politisé son cas, tout en réussissant à replacer ses témoignages dans leur juste contexte.

Lisez son livre si vous voulez venger la honte et l'injustice qui ont frappé la biographie de nos détenus, lisez-le pour mémoire, car chaque mot est une clé. Lisez-le pour restaurer l'utilité du mot.

Témoigner sous la torture

Moi et d'autres avons assisté à la première entrevue entre Mazen et Garance, et je me souviens très bien du visage plein de respect du traducteur, complètement sidéré tout au long de la rencontre, alors que Mazen parlait avec facilité des moments les plus difficiles. Je me souviens que nous avons beaucoup ri après ce premier entretien. Toutes nos journées et nos nuits, surtout avec Mazen, ont consisté en un mélange d'interviews volontaires et forcées à la fois sur les différents types d'atrocités et de violations, anciennes et récentes, générales et personnelles, déjà vécues et qui restaient à vivre.

Ces conversations, malgré leur cruauté, étaient entrecoupées de rires francs, qui choquaient nos amis non-syriens, soit parce qu'il était incompréhensible pour eux de rire dans un contexte aussi douloureux, soit parce qu'ils étaient incapables de se joindre à nous dans ce rire depuis leur position empathique. Je ne sais pas. Mais ces rires étaient notre victoire métaphorique sur la cruauté et sa suprématie dans nos vies, ou peut-être aussi, tout simplement, une pause pour reprendre nos souffles. Nous étions simplement un groupe d’amis liés par le rire pour ne pas mourir, nous ne croyions pas aux troubles bipolaires ou à toutes ces bêtises. Reviens pour rire, pour que ce rire soit notre victoire et nous suffise, frère, que veux-tu de plus ? Tu as fait pleurer tout le monde.

Mazen a supporté des fardeaux insupportables tout en témoignant. Il a commencé à témoigner immédiatement après sa sortie de prison, avant de commencer son traitement physique et psychologique. Le plus amer, c’est qu'il est retourné en prison avec beaucoup plus de maladies. En tant qu'ami, je connais l'ampleur et la dureté des remarques stylistiques qui pleuvaient sur lui de toutes parts, la pénibilité de s'en tenir aux formulations juridiques selon les normes des tribunaux européens, en particulier pour quelqu'un rescapé par hasard de prison et qui n'avait pas le calme nécessaire pour apprendre la langue, même une heure par jour. Il a supporté les injonctions à affiner et adoucir son cri, il a essayé, il a affronté tout seul les campagnes médiatiques haineuses contre lui simplement parce qu'il avait nommé les tueurs de sa famille par leurs noms. Ils ont fermé sa page Facebook, la seule fenêtre de sa solitude mortelle dans la campagne d'Amsterdam, à plusieurs reprises. Puis ils ont fermé son programme d'aide aux Pays-Bas sous prétexte qu'il voyageait sans les prévenir à l'avance, puis un soir il est revenu pour constater qu'ils avaient verrouillé la porte de sa maison parce qu'il était en retard pour payer le loyer, puis sans mentionner tout ce qui précède, ils l'ont accusé d'être perdu et fou. Bien sûr, tout le monde n'est pas aussi gentil et attaché à la vérité que Garance, y compris nous, ses amis.

Mazen a beaucoup souhaité être mort sous la torture avant d'affronter cette froideur. Il n'arrêtait pas de répéter : "Je veux le droit par la loi." Il voyait la loi comme un moyen d'obtenir ses droits, pas de l'expulser de son refuge. Il m'a assuré à plusieurs reprises qu'il n'avait pas peur de cela, et il ne semblait jamais exagérer à mes yeux. Il avait seulement peur que son message ne parvienne pas, et c'est ce que ne craignent pas ceux qui sont morts sous la torture. Les gens les apprécient davantage et leurs témoignages restent, sans écriture ni paroles, mais efficaces, et aboutissent là où il faut, dans des cœurs fidèles et non dans les faux médias et les tiroirs des bureaux de départements administratifs. Il le savait dans son cœur, en particulier depuis la mort en prison de son cousin Fahd avec qui il était détenu. C'est ainsi que Mazen a témoigné de la torture sous la torture, au nom d'un survivant et avec une langue emprisonnée.

Témoigner au-dessus de la torture

Ils sont délirants ceux qui croient que les personnes tuées sous la torture n'ont pas de témoignages, et qu'il ne reste d'eux que des chiffres et des photos de César. C'est ce que Mazen a toujours refusé. Bien qu'il soit impossible de prononcer leurs témoignages, ils existent dans les profondeurs. Leurs témoignages ne sont plus coincés dans la langue comme les nôtres, mais plutôt dans nos sourires et nos flots de larmes, ne se sont pas diffusés comme nous dans la diaspora, mais dans les cœurs. Les témoignages des rescapés sont différents des témoignages des martyrs. Les témoignages des rescapés peuvent conduire les auteurs devant les tribunaux, devant la justice institutionnelle. Mais les témoignages des martyrs conduisent les rescapés vers la justice comme valeur, celle que Mazen voulait entière et immédiate. Des témoignages purs, qu'il aimait et sanctifiait.

Les témoignages des martyrs sont l’idéal. Des témoignages qui, s'ils étaient traduits dans notre langue, seraient comme ça: “Je m'appelle Marwan al-Hasbani. Ce jour-là, le 17 février 2014 exactement, le chapitre suprême de ma vie a commencé. Trois ans après la révolution, au cours de laquelle j'ai défié l'héritage de la peur et de l'éloignement. J'ai refusé que les criminels restent en liberté, je les ai conduits dans leur prison avec ces deux mains, j'ai pris la place de Mazen et vaincu la torture en quelques jours. J'ai renversé la machine de la mort et lui ai fait oublier ses numéros. Les gardiens, je les ai nommé des criminels. J'ai vécu dans l'amour et ils sont morts de la peur de mon cadavre. Je n’étais jamais seul! C'est un grand honneur que nous ayons façonné dans nos âmes et pour nos âmes des significations d'humanité intouchables, que rien ni personne ne peut arrêter. Au début étaient nos mots, puis nous avons choisi de nous tenir derrière les mots, derrière la voix et derrière l'amour lui-même, en défendant des manières inépuisables d’être libre, pour conquérir la dignité. Pour que l’impuissance n’atteigne pas les possibles de mes enfants. C'est comme ça qu'ils ne nous sépareront plus, c'est comme ça que la rencontre triomphe. Et je suis proche, levez la tête pour me voir.”

Le 7 de ce misérable mois de février 2023, un groupe d'organisations médiatiques françaises a annoncé l'arrestation du journaliste afghan Mortaza Behboudi par les services de renseignement talibans, deux jours seulement après sa venue dans le pays le 5 janvier dans le but de préparer un article de presse. L’annonce de sa disparition forcée dans une prison de Kaboul intervient après 30 jours d'échecs des efforts de ses collègues et concitoyens français pour sa libération.

Échecs à répétition, enquêtes figées, appels étouffés, léthargiques et froids. Mais nous n'attendrons pas Mazen les bras croisés, et nous n'accepterons pas le même sort pour Mortaza, et nous répéterons le nom de Marwan al-Hasbani tant que nous vivrons, afin que le monde entier ne devienne pas une langue emprisonnée.

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لسان معتقل

بعد كتابها الوثائقي الأول الذائع الصيت "عملية قيصر، في قلب ألة الموت السورية"، من إصدارات دار "ستوك" للعام 2015 صدر في أكتوبر الماضي 2022 الكتاب الثاني للصحفية المستقلة والمؤلفة الفرنسية غارانس لوكين بعنوان "انسَ اسمك. مازن الحمادة، مذكّرات مختفِ.
يستند الكتاب إلى مقابلات أجرتها الكاتبة معه حول اعتقالاته الثلاثة السابقة في سوريا بين عامي 2011 و 2014، وعلى وجه الخصوص آخرها. المقابلات التي أجريت قبل آخر اختفاء قسري له منذ سنتين في مثل أيامنا هذه، تحديداً بتاريخ 22 شباط 2020 من مطار دمشق على يد المخابرات الجوية السورية، عائدا من هولندا بلد لجوءه عبر برلين في ظروف "غامضة". كتاب من أربعين فصل فقط من فصول حياة مازن وعذاباته، ابتدأته غارونس بكلمة حق: كان يجب علينا أن نكتبه معاً.
ولست هنا في صدد تعريفكم بمازن الذي تعرّف على نفسه وعرّف بها من خلال ثورته، وتحمّل كرجل حر تبعاتها من تهجير وتعذيب وحرمان. ولا يخفى على المعنيين بقضية الاعتقال في سوريا أن مازن من أعلى الأصوات الفاضحة للتعذيب في سجون سوريا مذ غادرها في 2014، فقد قدم شهادته في كتاب غارانس السابق عملية قيصر، وساهم في إجراءات لمحاكمة نظام الأسد في محكمة لاهاي، قصد متحف الهولوكوست ليوثق النسخة السورية من الإبادة، وسافر إلى مختلف مدن أوروبا وبريطانيا والولايات المتحدة لرواية تجربته، فمن باريس وأمستردام وبرلين وجنيف إلى واشنطن وفلوريدا ثم إلى ماليزيا والكثير غيرها، التقى بمسؤولين وجنرالات وطلاب ومحققين والكثير من الصحفيين وصناع الأفلام الوثائقية، حصد خيباته وعاد.
ولا رغبة لي كذلك أن أحرق لكم الكتاب الذي أحرقني حرفياً وأعادني صاغراً إلى ساحة الكلام رغم تفضيلي للصمت في هذا الجو الإعلامي الرخيص، والفضل كل الفضل في ذلك لكلمات غارانس العادلة الممتدة على طول الصفحات، لبراعتها في إظهار لغة هذا الناجي وحسن تقديرها للمسافة الواجب أخذها في التوثيق لشخصيات كهذه. أحبّته فعرفته ولم تؤسطره كما نحا بعض الكتّاب، كما لم تسيّس قضيته، ونجحت في الوقت نفسه أن تضع شهاداته في سياقها المنصف. اقرأوا كتابها إذا أردتم الانتقام من الإسفاف والجور الذي لحق بسيرة معتقلينا، اقرأوه لأجل الذاكرة فكل كلمة مفتاح. اقرأوه لنستعيد جدوى الكلمة.

شهادة تحت التعذيب
كنت قد حضرت وآخرين أول مقابلة، وأذكر جيدا وجه المترجم المحترم مذهولاّ بكليته طيلة اللقاء، فمازن يتكلم بيسر عن أعسر اللحظات. كم ضحكنا في ليلة ذلك اليوم، كانت كل أيامنا وليالينا خاصة مع مازن عبارة عن خليط مقابلات طوعية قسرية في آن واحد حول مختلف صنوف الفظائع والانتهاكات القديمة والحديثة العامة والشخصية المُعاشة والمنتظرة. تتخلل هذه الأحاديث على قسوتها ضحكات زنانة، مستفزّة لأصدقائنا من غير السوريين، إما لأنها غير مفهومة في سياق مؤلم كهذا، أو لعدم قدرتهم على مشاركتنا الضحك من موقع التعاطف خاصتهم، لست أدري. لكن هذه الضحكات كانت بمثابة انتصارنا المجازي على قسوة الموضوع وسيادته، أو ربما لالتقاط الأنفاس، كنا ببساطة من جماعة الضحك أو الموت، لم نكن نؤمن بثنائية الأقطاب ولا كل هذا الهراء. عد لنضحك، لننتصر مجازاً يا أخي، ماذا تريد أكثر من ذلك؟ أبكيت الدنيا.
تحمّل مازن أعباء لا تطاق خلال الإدلاء بشهادته، والتي اقتطع وقتها نُبلاً من وقت علاجه الجسدي والنفسي. وأعرف كصديق حجم وغلاظة الملاحظات الأسلوبية التي انهالت عليه من كل صوب، إضافة لمشقة الالتزام بالصياغات الحقوقية بمقاييس المحاكم الأوروبية، بالنسبة لناجٍ بالصدفة لم يتعافى بعد ولم يملك من الهدوء لتعلّم اللغة ساعة في يومه. تحمّل وقاحة تهذيب صرخته، وواجه وحده الحملات الإعلامية الحاقدة ضده لمجرّد أنه سمى قتلة أهله بأسمائهم. أغلقوا صفحته في فيسبوك مرات عدة، وهي نافذته الوحيدة في وحشته القاتلة في ريف أمستردام. ثم أقفلوا برنامج المساعدات خاصته في هولندا بحجة أنه يسافر دون إعلامهم مسبقاً، ثم عاد أحد المساءات ليجدهم قد أقفلوا باب بيته لتأخره في دفع الإيجار، ثم دون ذكر لأي مما سبق اتهموه بالضياع والجنون. طبعا ليس الجميع بلطافة غارونس والتزامها بالحقيقة لا غير، بما في ذلك نحن الأصدقاء.
وهنا بيت القصيد فقد تمنى مازن غير مرة لو مات هناك تحت التعذيب قبل أن يواجه هذا البرود. ما فتئ يكرر "أريد حقي.. وبالقانون" كان يرى القانون سبيلا لتحصيل حقّه لا لطرده من ملجأه، أكد لي مرارا أنه لا يخشى ذلك ولم يبدوا مرة مبالغا في نظري، كان يخشى فقط من عدم وصول رسالته. وهذا ما لا يخشاه من ماتوا تحت التعذيب! فتقدير الناس لهم أوفر وشهاداتهم باقية، دون كتابة أو صياغة، بل وفاعلة حيث يجب، في القلوب الوفية لا في الإعلام المزيّف وأدراج المكاتب والإدارات. عرف ذلك في قلبه وتحديدا في مكانة ابن عمه "فهد" في ذلك القلب. فهد الجاسم الشاب الذي اعتقل مع مازن ولم يرى منه بعدها صورة يتيمة مدماة بين صور سيزر. هكذا قدم مازن شهادته عن التعذيب تحت التعذيب، باسمٍ ناج ولسان معتقل.

شهادة فوق التعذيب

واهم من يعتقد بأن ليس للقتلى تحت التعذيب شهادات، وأن ما بقي منهم هو الأرقام وصور سيزر، هذا ما رفضه مازن. فشهاداتهم مستحيلة النطق لكنها في الأعماق. إنها شهادات من لم يعودوا عالقين مثلنا في اللغة بل في ابتساماتنا ومجاري دمعنا، من لم يتوزعوا مثلنا في الشتات بل توزّعوا القلوب. شهادات الناجين تختلف عن شهادات الشهداء، فشهادات الناجين قد تقود الجناة إلى المحاكم أما شهادات الشهداء فتقود الناجين إلى قيم عدالتهم الخالصة، تلك التي أرادها مازن حالاً! فشهاداتهم صرفة بالمعنى الذي يعشقه ويقدسه، شهادات لو ترجمت للغتنا لكانت من مثل هذا، وللشهداء المثل الأعلى:
اسمي مروان الحاصباني، في مثل يومنا هذا تماماً من شهر شباط للعام 2014 بدأ الفصل الأسمى من حياتي، بعد ثلاث سنوات من ثورة بلادي تحديت فيها وراثة الخوف والقطيعة، اخترت أن أكون لا في وجه المجرمين الطلقاء، اقتدهم إلى سجنهم بيدي هاتين، أخذت مكان مازن وهزمت التعذيب بأيام معدودة، قلبت آلة الموت وأنسيتها أرقامها، وأسميتهم مجرمين، عشت حبا وماتوا رعباً من جثتي. لست وحدي! وإنّه لشرف عظيم أن صغنا بأروحنا لأرواحنا معان من الإنسانية لا تُمس ولا تتوقف. في البدء كانت كلمتنا ثم آثرنا الوقوف خلف الكلمات وخلف الصوت وخلف الحب نفسه، دافعون لفنون الحرية ما لا ينضب وللكرامة المكسب. هكذا لا تنال لغات العجز من مستحيل أبنائي، هكذا لن يفرقوا بيننا ثانية، هكذا ينتصر اللقاء. وأنا قريب ارفعوا رؤوسكم تروني.
في السابع من شهر شباط البائس هذا 2023، أعلنت مجموعة من المؤسسات الإعلامية الفرنسية عن اعتقال الصحفي الأفغاني مرتضى بهبودي على يد مخابرات طالبان عقب يومين فقط من نزوله البلاد بغرض إعداد تقرير صحفي، أي بعد 30 يوما من اختفاءه القسري في أحد سجون كابول وبعد فشل كل الجهود الممكنة لزملائه ومواطنيه في فرنسا من أجل إطلاق سراحه.
فشل متكرر، تحقيقات مجمدة، نداءات مكتومة، ذات الخذلان وذات البرود. لكننا لن ننتظر مازن مكتوفي الأيدي، ولن نرتضي لمرتضى المصير نفسه، وسنردد اسم مروان الحاصباني ما حيينا، كيلا يصير العالم برمّته لساناً معتقل.

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