Un mois a passé, rien du tout pour les uns, une éternité pour d’autres…
Mes cigognes un temps désemparées par les barbelés installés au beau milieu de leur maison détruite, avaient commencé à s’installer de l’autre côté de la rue, à l’étranger.
Mais l’appel du pays et leur faculté de ne jamais céder au renoncement ont été les plus forts.
Elles ont regagné leur domicile. Faisant fi des difficultés imposées par l’ennemi, l’homme, elles ont décidé de ramener leurs meubles chez elles. Les barbelés ? On vivra avec, enfin juste à côté…
Avec leurs talents d’architecte, elles rebâtissent leur maison. C’est un peu risqué, le nid est décentré et son équilibre n’est assuré que par les câbles électriques sur lesquels il repose.
Mais que voulez-vous ? Après tout c’est la guerre et il faut penser, coûte que coûte, à assurer sa descendance, à pérenniser cette nation que l’on ne veut pas abandonner à l’ennemi. Celui-ci reviendra, elles le savent, et une nouvelle fois une génération de combattants sera là. Toujours.
Le nid c’était Gaza, et le paysage de Gaza aujourd’hui ressemble à s’y méprendre à celui d’Hiroshima hier, avec ses monceaux de gravats. Les cigognes ont bien reconstruit Hiroshima, aujourd’hui c’est au tour de NA-GAZA-KI.
Admirables cigognes, admirables Gazaouis. On ne peut que rester pantois devant tant de détermination…
Permettez-moi de reprendre quelques lignes d’un texte admirable que je ne retrouve pas, perdu au milieu des larmes peut-être :
- Papa, qu’est-ce qu’il se passe ?
- C’est la trêve ma chérie
- Alors on va retourner chez nous dans le Nord ?
- Oh tu sais le Nord, le Sud, Gaza c’est partout chez nous…
- Oui mais c’est là-bas que maman repose…
- Tu as raison, mon cœur, viens on y va !
La souffrance n’a pas de frontière, pas d’âge ni de couleur de peau, pas de différence de langage. Pourtant une espèce est commune à tous les continents. Elle a pour nom « bêtise humaine » …
Guilain LANTIN