Un jour le Président marche dans les rues, le lendemain il visite un hôpital et le surlendemain il va faire un tour à Marseille rencontrer notre druide. Nous sommes bientôt à Pâques.
Il faut chercher l'explication du mystère des promenades du Président ailleurs que dans la volonté d'efficience de l'action publique. Celle-ci n'a peut-être jamais atteint le degré actuel d'insignifiance. Cela est très largement commenté, transparait dans la colère sourde du "peuple", et méritera des commissions d'enquête ne s'interdisant pas la destitution des coupables dès que le pays en aura fini de compter ses morts. Il y a dans toute cette affaire plus que de la négligence ou de l'impéritie ministérielle, cette incompétence qui empêche des gens investis de l'organisation des choses publiques de penser ou comprendre la tâche qu'il leur a été dévolue. Au delà de ça, un parfum âcre de forfaiture se fait chaque jour plus insistant.
Nous souhaiterions d'un élu intronisé idéologue du pragmatisme qu'il pratique au moins sa religion. Agir dans la rationnalité au mieux des contraintes et dans un but explicite de bien commun. Il n'en est rien, nous ne comprenons absolument rien à ce qu'il fait.
Rues de Pantin, mardi. Le Président marche. Derrière lui, tout de même, force sécurité. Pourquoi cette promenade ? Outre d'avoir rompu sa propre incantation à rester chez soi sous peine d'amendes aux motifs farfelus, quel est le but de cette balade ? N'a-t-il pas autre chose à faire ? Voulait-il se faire applaudir ? C'est raté. Se faire voir ? Nous le voyons déjà à la télévision, pensif impuissant à son bureau, ou en bras de chemise autour d'une table et de quelques ministres. Ou encore malhabile récitant de paroles figées certains soirs à 20h. Le Président est notre image symbolique de la Vème République. Cette image a la puissance d'un Christ en bois sur une croix. Elle suffit bien à savoir qu'il est là. Pourquoi avoir marché dans des rues de banlieue ?
Jeudi, Hôpital Bicêtre. Sous vos applaudissements. Le Président dans un hôpital. De fait, désorganisant un service, démobilisant des soignants, apportant avec sa suite des germes inutiles, une médiatisation déplacée. Ce n'est pas lui que le personnel a applaudi (source http://www.leparisien.fr/val-de-marne-94/visite-presidentielle-a-l-hopital-bicetre-ce-n-est-surtout-pas-macron-que-les-soignants-ont-applaudi-09-04-2020-8297202.php), mais eux-mêmes, leur profession, leur lutte, leur abnégation. Quelle drôle d'idée en temps de surchauffe des hôpitaux d'aller leur rendre visite. Leur a-t-il enfin apporté des masques et des blouses ? Ces gens surinvestis ont autre chose à faire, qu'on les laisse gérer la catastrophe sanitaire, ils sont une pierre angulaire de notre espoir individuel d'en sortir vivant.
Jeudi après-midi, Marseille. Un besoin de parler... Monsieur le Président, nous utilisons nos téléphones et les enseignants gèrent très bien, pour avoir appris seuls, les applications de visioconférence. Non, encore un déplacement. Il a la bougeotte. Mais enfin, un Président impatient et qui ne tient pas en place n'est pas de nature à nous rassurer aujourd'hui. Nous ne voulons pas être protégés par une main bienveillante au dessus de nos têtes redevenues enfantines, nous voulons des élus qui font leur travail d'élu. La Pentecôte n'aura pas lieu.
Alors, quel est le sens de cette mascarade ? Pâques, la liturgie.
Les rameaux un jour, le retour solennel en nos Jérusalem moderne, la visite à Dieu le Père. Une savante manipulation de l'inconscient collectif. Bravo aux communicants. La passion. Une semaine biblique.
"Car c'est par sa mort que le Christ a détruit la mort et c'est en ressuscitant qu'il a restauré la vie".
Attendons donc lundi soir la fameuse résurrection.
Sans moi, je ne suis pas croyant.