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Billet de blog 17 mars 2020

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Au secours !

Le virus est dangereux, laisser l'Etat aux seules mains du Président l'est encore davantage.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je suis en prison volontaire. Depuis 5 jours. Je me suis confiné, seul, sans symptômes particuliers, juste parce que je connais quelqu'un de proche qui a peut-être été infecté par le coronavirus.

J'ai compris tardivement, mercredi dernier, le danger qui nous menace. Pas la "gripounette" qu'on nous a décrite mais une pneumonie. Pas d'Etat préparé à la crise, mais un amateurisme évident, voire une fuite de celle qui est responsable de désinformation et de l'impréparation des services de santé. Pas de service hospitalier prêt à affronter le tsunami meurtrier mais des gens admirables et dévoués au service de la nation, des gens, déjà à bout. Je me suis mis à l'abri, pour moi, mes proches. En retrait aussi, par solidarité avec ces soignants et tous mes concitoyens qui auront besoin de lits de réanimation.

Je ne me soumets pas à un ordre présidentiel, je m'applique un principe de précaution. Le confinement arrive une semaine trop tard et va nous coûter des vies, des proches, des gens qu'on connait, des jeunes, des vieux, de ceux qui dans trois mois vont manquer. En ce sens, je suis libre et vivant. Prisonnier d'une épidémie, mais libre en mon espace protégé.

Le discours du Président d'hier soir était pour moi incompréhensible. Comme à son habitude, pédant, tournicotant. On le sent empêtré, malhabile, ne sachant que faire et se réfugiant dans la rhétorique peu anodine de la guerre. Il a déjà plusieurs batailles de retard. Ce discours aurait duré 5 minutes, il eût gagné en pertinence. Confinement n'est pas si difficile à prononcer. S'y contraindre non plus.

S'il a duré longtemps et a tourné autour, ce doit n'être que dans un but : justifier l'état d'exception, le recours à l'Armée, une forme de "pleins pouvoirs", le mode de gouvernance par ordonnances. Et là, non !

Pour quoi faire ? Nous ne sommes pas en guerre, nous ne sommes pas occupés, nous n'avons pas d'ennemi. Nous sommes en danger.

Mène-t-on la guerre contre un tremblement de terre ? Un tsunami ? Un cyclone ? Une catastrophe annoncée depuis deux mois ? On se protège, on protège les plus faibles, on prévient, on organise les secours.

Que veut faire notre Président de ce qui ressemble à une mise à pied de la république parlementaire au soin d'un seul homme ? Au secours ! J'ai peur. Peur de l'entourage présidentiel, peur des experts qui affirment contre les scientifiques qui savent et doutent, peur de ministres impréparés, peur de la perte de notre souveraineté, peur de me retrouver aux mains que je sais peu bienveillantes d'un Président qui peine à endosser le mauvais costume de Père de la nation.

Je suis prêt à me ranger derrière un responsable politique, un élu, quand il m'explique le danger et qu'il me demande de respecter des consignes claires. Je suis républicain, totalement. Mais je ne suis pas aux ordres d'un état qui peut devenir militaire, même l'espace de trois mois.

Au secours ! Refusons collectivement cet acte de prise de pouvoir. Il est dangereux pour notre démocratie, notre liberté. Le Président a déjà tout en main déjà pour gouverner et gérer la crise. Les Italiens, les Espagnols font preuve d'un civisme admirable. Il faudrait contraindre les Français ? Je n'y crois pas une seconde. Le PC de gestion de crise suffit. Coordonnez les services de l'Etat, équipez et soutenez les services publics dont vous êtes le garant constitutionnel. Que voulez vous faire de ces pouvoirs élargis ?

Nous ne nous soumettrons pas, nous nous mettons juste à l'abri.

Mesdames nos députées, messieurs nos députés, ne votez pas de loi extraordinaire donnant tous les pouvoirs à un Président. Quel que soit l'homme incarnant la fonction. C'est une forme sévère d'abdication.

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