Bien sûr il y a la crise sanitaire. N'y revenons pas, elle est épouvantable, déchirante. Le "meilleur système de santé au monde" défaille, prend l'eau, vacille. Les causes sont connues, et il faut soutenir la digue, l'empêcher de craquer, écoper autant que faire se peut, rester chez soi. Un barrage contre le Pacifique.
Je reste chez moi. Je me suis soustrait du monde du dehors avant que l'ordre présidentiel n'arrive. Trois jours avant. J'ai tardivement compris mais j'avais une longueur d'avance. L'état des hôpitaux, l'impréparation, le mensonge d'Etat abondamment relayé à propos de l'inocuité du virus. Autant ne pas tomber malade, autant ne pas risquer de produire de la charge virale et de la distribuer à tout va. Je n'ai donc pas obéi. J'ai appliqué à moi-même, sereinement, la distanciation sociale, seule clé aujourd'hui pour gagner du temps sur le char de la Mort. En l'absence d'autres clés. Des masques, par exemple, et des tests. Deux idées simples avant de partir en guerre. : le coronavirus, combien de divisions ? et aux armes citoyens !
On connait le désastre, la bataille perdue d'avance, la gabegie, la forfaiture sans doute. Des chefs qui n'en sont pas, des généraux sans étoiles, le fond du panier politique. Ce qui restait, pour bâtir une macronie pailletée mais délirante. C'est un sujet qu'il va falloir taire très vite : crime de lèse-majesté. Les voix qui dépassent, soyez Charlie, soyez Hôpital, soyez Service public, applaudissez, mais taisez-vous.
Car enfin, l'enjeu est là. Traiter une épidémie se fait de plusieurs manières. On a un traitement, on traite. On n'en a pas, on baisse la tête et on attend. Ca ne passe pas, tous aux abris ! La distanciation sociale est vieille comme les épidémies. Il faut l'appliquer, nous n'avons que ça à opposer. Mais comment diable est-on passé de cette salutaire distanciation sociale à l'horrible confinement ?
Le confinement n'est pas mettre de la distance entre les humains, c'est les enfermer. Terrifiant pour les pauvres, insupportable pour les riches. Nous sommes pris en otages. Un commando a posé ses exigences et la rançon est d'offrir nos libertés publiques. Nous avons dit "on ne paiera pas"... mais on paye. Que faire ? Ils ont pris le pouvoir. Ils en profitent, ils nous dépouillent. Nos droits sociaux, nos congés, nos dimanches, notre liberté de déplacement, notre temps libre. Mais pourquoi ? Ce sacrifice d'Abraham a-t-il un pouvoir contre un virus ? Un rite ? Saignez quelques poulets... En quoi cela nous arme ? En quoi cela nous protège ? Le pouvoir du grigri. L'imposition des mains. Le décorum qui fait passer l'injuste. Ce qu'il faut c'est des lits, des médecins, du personnel, appeler au calme, à l'esprit de communauté, à faire société. On nous met aux fers.
Les prises d'otages sont des crimes, leurs auteurs des terroristes. La terreur nait de la peur de la mort. Une angoisse qui nous cloue. Le tyran l'instrumente. Nous voilà pris au piège. Nous sommes confinés. Infantilisés. Maltraités. Les preneurs d'otages jouent un va-tout morbide. Ils se prennent à leur propre piège. Soit ils se rendent et affrontent la justice des hommes, soit ils s'enferrent. ils peuvent gagner et imposer leur loi. Ce n'est jamais très durable.
Restez chez vous ! Pour le moment.