Ne jamais laisser perdre une bonne crise. Le principe s'applique aussi à la crise de l'énergie à laquelle la guerre en Ukraine contribue.
Le gouvernement vient de faire paraître un décret, qui enjoint les gestionnaires du réseau à désactiver à distance les heures creuses de la période méridienne, entre octobre et avril au minimum. Pour mémoire, l'abonnement heures creuses d'EDF prévoit jusqu'à maintenant une période d'heures creuses généralement 12h-14h, et 22h-6h, et c'est la première de ces plages qui est dans le viseur du gouvernement.
Ce faisant, la distribution d'électricité avance dans la direction convenue au sein de la commission européenne: celle de la proposition obligatoire par chaque fournisseur d'électricité d'un abonnement heure par heure, c'est à dire pour lequel le tarif varie continument en fonction de la disponibilité de l'énergie. Le dispositif est conçu pour adapter la demande à l'intermittence de la production renouvelable. Mais il porte en lui l'accroissement d'inégalités économiques, en restreignant potentiellement l'accès sans entraves de l'énergie aux plus fortunés.
Un tel dispositif a déjà été mis en oeuvre en Espagne, où il avait provoqué un tollé dans la population, entraînant de facto de fortes hausses des factures ménagères, les particuliers ne pouvant strictement s'adapter aux contraintes horaires.
A la faveur de la crise gazière, le gouvernement fait donc évoluer l'offre dans la direction prévue de longue date par la commission européenne.