Janez Potocnik est commissaire européen à l'environnement. Depuis quelques temps, il cible les pollutions environnementales à l'origine de dégradations ou pertes de vie humaine. Il lui a fallu trouver des arguments convaincants. Protéger, épargner la vie parce qu'elle est précieuse et qu'elle constitue le bien fondamental de tout individu ne lui a pas paru suffisant. En bon chargé de mission de l'Europe libérale, il propose de "donner un prix à la vie humaine", afin que ce coût dissuade les pollueurs, qui n'en n'auraient pas les moyens*.
Il ne s'agit pas d'un dérapage verbal lors de son interview du 18 décembre 2013. En témoigne cet exposé où il déroule ses arguments en faveur d'une réduction de la pollution environnementale:
"La mauvaise qualité de l’air coûte plus cher en vies humaines que les accidents de la route, ce qui en fait la première cause de décès prématuré lié à l’environnement dans l’UE. À cause de l'asthme ou des problèmes respiratoires qu'elle engendre, elle a également une incidence sur la qualité de vie. Face à ce fléau, la Commission a adopté aujourd’hui de nouvelles mesures pour lutter contre la pollution atmosphérique. Le train de mesures en matière de qualité de l'air actualise la législation en vigueur et réduit encore les émissions nocives de l’industrie, du transport, des installations de production d’énergie et de l’agriculture, en vue de limiter leur impact sur la santé humaine et sur l’environnement. La pollution atmosphérique entraîne également la perte de journées de travail et des coûts élevés de soins de santé, et touche plus gravement les groupes vulnérables, tels que les enfants, les asthmatiques et les personnes âgées. Elle porte également atteinte aux écosystèmes par un excès d’azote (eutrophisation) et des pluies acides. Les coûts directs liés à la pollution de l’air, y compris les dommages causés aux cultures et aux bâtiments, s’élèvent, pour la société, à environ 23 milliards d’euros par an. Les bénéfices pour la santé des personnes liés à la mise en œuvre de ce train de mesures sont d’environ 40 milliards d’euros par an, soit plus de 12 fois les coûts de la réduction de la pollution, qui devraient atteindre 3,4 milliards d’euros par an en 2030 selon les estimations."
Ces déclarations nous apprennent moins du commissaire européen que des interlocuteurs qu'il trouve en face de lui: des personnages cyniques, sans éthique, lorsqu'ils sont à l'abri des regards de leurs électeurs, qu'on ne saurait bien convaincre que par la perspective de gains financiers.
[*] ('Allodocteurs.fr, avec AFP) "Il s'agit de donner un prix à la vie humaine", a expliqué au cours d'une conférence de presse le commissaire à l'Environnement Janez Potocnik, visiblement exaspéré par les questions sur le coût de ces propositions.
"Nous voulons faire appliquer le principe du pollueur-payeur. Il y a toujours quelqu'un qui paie, et malheureusement aujourd'hui, ce n'est pas celui qui pollue", a-t-il déploré.