Des premières explications alambiquées du gouvernement français, il ressortirait que l'espace aérien français ait bien été interdit au président bolivien, tant que l'hypothèse de la présence à bord de l'informaticien Snowden ne fut pas levée. Selon ce déroulement, la France aurait donc activement contribué à la chasse à l'homme organisée par les Etats-Unis, apportant sa pierre à une action initiée par la Russie.
Ce que l'on voit se dessiner à présent, c'est une France s'interrogeant sur ses fins de mois, et se demandant comment ne pas déplaire à tel partenaire commercial ou mieux encore, comment lui faire plaisir. Passe encore qu'on nous fasse prendre les vessies diplomatiques pour des lanternes, s'offusquant d'un espionnage de l'Europe qu'on découvrirait, la seule véritable surprise étant pourtant de l'être autant que la Chine et autres pays émergents. Passe encore qu'à une violation du droit (l'espionnage des gouvernements européens), on ne veuille répliquer par une autre violation du droit (le non respect des accords d'extradition). Mais cette contribution active ressemble trop au commerce de vertus, pour qu'on ne s'en émeuve pas.
On voit à présent se dessiner plus grave que l'austérité: la privation de l'estime de soi, des principes d'une nation. Il faut craindre que cela ne soit que le début d'une longue liste de renoncements opportunistes, travestis en compromis.