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Billet de blog 7 mars 2013

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Apple ou Google, lequel est le plus dangereux ?

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Je vais me mettre à dos tous les adorateurs de l'un ou de l'autre, mais allons-y.

De génie, Steve Jobs n'avait que celui du commerce et du fric. Ainsi, il fit gober à des millions de consommateurs que, pour peu que son ipod soit luisant d'un côté, glacé de l'autre, il ne pouvait que constituer une révolution technologique. Reconnaissons-lui, néanmoins, que le génie du commerce et du fric lui firent découvrir, un peu avant les autres, que le clavier semble un peu dépassé lorsqu'il s'agit d'être mobile. A part ça, aucun savoir-faire particulier en matière informatique, ainsi que les autres systèmes, les autres constructeurs, le prouvèrent peu après. Son successeur tenta de prolonger l'exploit, mais l'innovation avait déjà fait long feu, et la perspective de posséder un itruc un peu plus grand que le précédent ne souleva pas les masses.

Non, le vrai génie, la vraie créativité de Steve Jobs, c'est le modèle économique qu'il tente de mettre sur pieds. Comment parvenir à rançonner la presse écrite ? Comment faire en sorte que, à partir de quelques mauvaises applications, il s'en crée une myriade d'intelligentes, sans que non seulement cela ne coûte rien, mais au contraire nous rapporte beaucoup ? Car j'oubliais, les applications de ses itrucs sont tout simplement mauvaises, rudimentaires. Aussitôt acheté, l'engin doit être chargé de choses intelligentes, et ce passage de la nullité à l'intelligence s'accompagner d'un détour par la caisse Itunes.

Le deal est alors à peu près celui-ci: je suis beau, je te guide dans tous tes choix et te fais oublier la technique, mais tu dois m'adorer en demeurant captif de mon univers. Comme tu ne peux en sortir, c'est aux autres de nous rejoindre, en payant très cher. Toi aussi, après t'avoir isolé, tu payes pour briser ta solitude.

N'oublions pas de mettre en esclavage, aussi, ceux qui travaillent pour nous. Comme nous maîtrisons le système de "pensée" et que nous ne leur concédons qu'un mode d'emploi de ce que nous avons créé, ils rencontrent parfois quelques difficultés à exprimer leur talent. Par exemple, je leur interdit de sonner autrement que de la manière que j'ai définie. Ou encore, obscédé à l'idée qu'un prisonnier s'échappe, je transforme en cauchemard les communications en dehors du bocal (dernièrement, j'ai concédé une ptite passerelle au bas de mon écran pour communiquer, à condition qu'on le fasse de la manière qui me convienne).

Donc, la gentillesse d'Apple à notre égard s'accompagne d'un très méchant comportement qui nous fait payer - chèrement - les faveurs consenties (c'est à la mode). Google serait-il plus gentil ? Face à la prison, le monde libre ?

Avec Google je communique. J'échange, même. Tiens, des applications que je te distribue n'importe où - même pas besoin d'aller au store. Mon coeur est pur, d'ailleurs il est ouvert (on dit "open source"). Je ne fabrique même pas de téléphones: ce sont les autres qui le font, à l'aide d'un truc sympa. que je leur donne, qui s'appelle "Androïd". Même ce vieil oncle de Tom Tom en est de sa radinerie: avec moi, se guider est gratuit (Google maps) ! Là où l'autre te cajole à t'étouffer, mes leit-motiv à moi c'est "distribuons", "partageons", "échangeons". J'ai toute une communauté derrière moi, là ou l'autre n'a que des fidèles - nous sommes tous égaux, tous frères. Est-ce à dire que je vais finir sur la paille ? Sans doute pas.

Déjà, comme une tâche, dans ce beau tableau. En fait, d'ouvert, Androïd est une distribution de points d'accès offerte aux développeurs. Ils ne peuvent tout y faire et, d'une version à une autre, j'ouvre et je ferme les portes à ma guise (disons que j'ai des journées portes ouvertes, pour les nouveautés, et des portes fermées, pour la soif). Certains tentent parfois de se rendre totalement maîtres de la situation. Alors ils inventent des systèmes parallèles (Cyanogen); se 'rootent'. Comment l'autre a-t-il pu penser que moi, le champion du recyclage de l'information des autres, j'allais laisser se créer un monde clos parallèle, où l'information devrait payer pour établir ses quartiers ? Plutôt voir et payer, que payer pour voir !

Par la suite, je me tâte. L'autre pignouf a déjà du plomb dans l'aile: les fidèles commencent à voir que la messe est un peu chère. C'est sûr que mes innovations soft, le guidage, la réalité augmentée (pas seulement d'espaces publicitaires, mauvaises langues ! - pour le réseau, je me suis laissé un peu distancer, mais j'engrange) seront plus à leurs aises dans un téléphone Google-Androïd, que dans le bocal de l'autre. Evidemment, mon produit est aussi mauvais que celui d'en face. Mais ça développe dur tout autour. Juste à tirer un peu sur les rênes, de temps en temps, pour ne pas s'égarer. La liberté, quoi.

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