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Billet de blog 16 juin 2013

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Retraites et compétitivité: une politique, plutôt qu'une nécessité

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le discours de la gauche en matière de retraites ne diffère en rien de celui de la droite, sinon que la réforme est agrémentée du label "juste" sorti de toutes les bouches socialistes. De fait, Mme Pécresse, en déclarant: "Quand on vit plus longtemps, il faut travailler plus longtemps ! Le sujet doit être dépolitisé", a parfaitement résumé les positions de la droite, comme celles de la gauche.

Les évidences comptables ont toujours servi à occulter les impasses politiques: elles sont alors présentées comme des antitodes à la démagogie. Dans le cas présent, elles fermeraient le débat sur la nécessité d'une réforme des retraites, qui pourtant mérite d'être posé à nouveau. En effet, qu'est-ce qui, au final, dicte la durée qui sépare la retraite de la mort (ce qui est précisément le sujet de Mme Pécresse) ? Qu'est-ce qui articule, dans les propos de cette ancienne ministre, la première proposition à la deuxième ?

Et bien, l'élément manquant, c'est exactement le profit que l'on compte extraire de la main-d'oeuvre. Pourquoi ?

Du point de vue des besoins de la société, du travail qu'ils requièrent, la main d'oeuvre est d'évidence excédentaire: les millions de chômeurs français suffiraient largement à couvrir les besoins de la population en matière de santé, justice, transports, etc, etc ... C'est affirmation est en fait identique à celle des syndicats, qui soulignent que les deficits des caisses de retraite disparaitraient, si l'on résorbait le chômage.

Si un tel raisonnement ne doit pas être tenu pour certains (et pour Mme Pécresse), c'est que le travail concerné apparaîtrait non compétitif, si l'on devait lui imputer la retraite des inactifs.

Ce qui importe donc, dans le cadre de ce raisonnement, est en réalité la compétitivité, dont on sait qu'elle obsède à présent aussi le gouvernement socialiste.

Or, la compétitivité est précisément une considération politique. En effet, comparer le coût de la production issue de France, d'Inde ou d'ailleurs, c'est considérer les conditions de vie, de travail, que l'on fait aux travailleurs. Et celles-ci ne tombent ni du ciel, ni d'un plan comptable: elles sont le résultat des seules forces politiques à l'oeuvre dans chacun des pays concernés par cette échelle de compétitivité.

Certains veulent croire que cette compétitivité serait un élément objectif: la droite, traditionnellement, parce que ses membres en tirent un avantage de classe; la gauche, à présent, parce qu'elle est impuissante à agir sur la politique à l'heure de la mondialisation.

Mais chacun doit avoir en tête que, derrière chaque raisonnement présenté comme objectif, se niche en réalité soit les intérêts d'une classe, soit l'impuissance à agir, et parfois les deux. Tous deux sont des impostures, qui conduiront des sociétés en manque de sens à l'explosion.

M. Hollande est un homme prudent, et sûrement pas un révolutionnaire. Comme il a pensé que l'Allemagne s'intoxiquerait de ses propres erreurs européennes, il pense que cette explosion ne se produira pas à l'échelle de son mandat, mais que la généralisation du vice de son raisonnement amènera un dérèglement progressif de la machinerie européenne, sur laquelle il n'a pas d'autre prise.

Pour notre bien immédiat, doit-on souhaiter qu'ils se trompe ?

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