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Billet de blog 17 juin 2013

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Les parlements nationaux supprimés, que restait-t-il ?

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Notre Assemblée Nationale étant désormais réduite au rôle de chambre d'enregistrement (d'assaisonnement, disent les plus sarcastiques), il a été décidé, par mesure d'économie, de rationalisation et de renforcement de la démocratie européenne de la dissoudre, ainsi que le Sénat. Aidée par la multiplication des scandales dans lesquels les partis politiques se sont révélés tremper, la nouvelle fut assez bien accueillie.

Ceci fait, nos concitoyens ont découvert l'intense activité qui est celle de leur parlement européen. Par la même occasion, ils ont découvert l'existence des députés qui l'occupent. A leur grande stupeur, ceux-ci s'acquittent d'un travail considérable ... dont ils n'entendaient jamais parler jusqu'alors. Ainsi, ils découvrirent que le parlement a, concernant les propositions de la commission en matière de protection de la vie privée sur internet, procédé à l'audition de quelques 3000 intervenants. N'en connaissant par la teneur - et pour cause, seules quelques lignes auront été consacrées au sujet par les plus grands quotidiens nationaux - le public se partagea en deux camps: ceux qui blamèrent les medias d'occuper le public avec des sujets futiles, et ceux qui blamèrent les parlementaires de gaspiller leur temps à des débats inutiles.

Passés les grincements de dents, il fallut se pencher sur le parlement lui-même. Si, déjà, un grand nombre de français ignoraient même le cheminement qui conduit du Gouvernement, à l'Assemblée Nationale et au Sénat, c'est une écrasante majorité qui dut s'initier au fonctionnement européen.

Aidés par les medias (lesquels, sevrés de l'audience apportée par les étripages des partis nationaux alors moribonds, décidèrent que la pédagogie serait le meilleur moyen de reconstituer leur audience), le citoyen français découvrit que, Maastrich et Amsterdam aidant, ils avaient décidé (ou on avait décidé en leur nom) d'une procédure de cogestion entre les gouvernements européens, et le parlement.

Au 20 heures, donc, M. Pujadas présenta à l'aide d'une animation représentant un petit train entrant dans les gares de la commission, du parlement, des commissions, du comité de conciliation, paysage surplombé par la Banque Européenne et la Banque d'Investisement, le fonctionnement de la démocratie européenne. Le petit train étant amené à entrer jusqu'à trois fois dans la même gare et parcourir sept fois le même chemin, on décida de se passer exceptionnellement des graphiques explicatifs du journaliste dévolu à cette tâche.

Alors que l'audience s'étiolait rapidement, on tenta d'expliquer que le système avait été conçu dans une optique de compromis et que, muni de ce genre d'optique, le citoyen ne saurait discerner qu'une loi est bonne ou mauvaise, mais qu'on devrait l'amender comme ceci ou comme cela. Certains professeurs de droit défendirent alors qu'il fallait qu'on débatte de ces amendements avec le peuple, lequel pourrait alors saisir son député, s'il se trouvait encore sur le chemin de la loi, ou mieux encore dans la sous-commission en charge de l'amender. D'autres, plus extrémistes, jugèrent qu'il faudrait s'attaquer à la source, et exiger de la commission qu'elle dise quels gouvernements avaient voté la proposition, sur laquelle le parlement planchait à présent, ainsi que les commissions de conciliation ou d'amendement , au troisième parcours, deuxième visite de gare. Mais cela n'était pas l'avis des puristes, qui remarquèrent - assez justement - qu'il n'était pas question de vote, puisque de compromis. Qu'à cela ne tienne, dirent les extrémistes, publions les débats d'où sortit le compromis.

Très rapidement, au gouvernement, on commença à s'affoler de ce que le peuple ne se trouvait plus occupé qu'à voter Front National, largué qu'il était de tous ces débats techniques. L'opposition, désoeuvrée, vit là l'occasion de recouvrir ses pénates, et souteint qu'on avait dissout par erreur l'Assemblée Nationale. Elle fut rétablie dans l'unanimité.

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