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Billet de blog 18 février 2013

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L'alimentation: un exemple de délégation d'éthique (qui ne fonctionne pas).

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L'alimentation: un exemple de délégation d'éthique (qui ne fonctionne pas).

L'industrialisation des filières agricoles a conduit à éloigner du consommateur les acteurs de la production. Il n'est plus possible, dorénavant, que chacun prenne connnaissance directement de la nature du produit acheté, de son histoire (la fermière du coin ne nous vend plus son beurre).

Dans ces conditions, le consommateur est amené à déléguer son éthique aux organisations en charge d'organiser la production agricole: Etat, Europe, OMC, ou bien encore à d'autres individus du circuit (l'éleveur, le transporteur, le préparateur ...) ... L'éthique personnelle du consommateur - par exemple, celle qui lui ferait refuser la consommation de chevaux transportés dans des conditions lui apparaissant inacceptable - doit être déléguée.

Or, la crise économique s'empare des consciences des individus: le transporteur, le préparateur, refuse de perdre son emploi pour s'opposer à la mise en oeuvre ce qui lui parait inacceptable. Les organisations, si tant est qu'elles puissent définir par le mécanisme démocratique une véritable éthique, sont soumises aux mêmes contraintes, augmentées de la puissance de certains acteurs économiques cherchant - crise ou pas - à maximiser leurs profits.

Au total, la délégation d'éthique ne fonctionne pas: chaque individu, pour survivre en minimisant ses conflits moraux intérieurs, laisse prospérer l'ignorance organisée autour de lui: ce kilo de porc coûte 3 €; je ne veux - ni ne pourrais - savoir comment.

En l'absence d'une offre de choix éthiques fiable (puisqu'un standard éthique est impossible), les consciences sont anéanties. Certains choisissent alors de se réfugier dans la non-consommation; la plupart sombrent dans le consumérisme aveugle.

A tous les niveaux, nos sociétés sont balayées par cette problématique de l'absence de choix, de l'obligation de déléguer son éthique à des intermédiaires ou des régisseurs non fiables. En éliminant progressivement la maîtrise de chacun sur son action sur le monde (sur le monde animal, la nature, l'organisation sociale, la finance ...), elles deviennent totalitaires et s'organisent pour le rester: augmentation des effectifs militaires et policiers, professionalisation des offres politiques démocratiquement choisies, reniement de l'offre démocratique elle-même.

On ne changera donc pas le steack qui se trouve dans nos assiettes sans remettre profondément en question la manière dont l'individu trouve sa place dans la société. Pour cela, nous pouvons profiter de la dernière construction politique en date, l'Europe, ou bien balayer les structures si celles-ci se trouvent incapables d'assurer un droit au choix éthique des individus.

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