La volonté des organisateurs de "la manif pour tous" de ratisser large ne pouvait être compatible qu'avec des revendications floues et imprécises et l'absence de toute doctrine, sinon l'anecdotique refus du mariage gay. De fait, il suffit de se rendre sur le site du mouvement et de prendre connaissance du message: vide, simplisme, axiomes parachutés, vérité révélées, obscures menaces...
Comme il faut bien combler ce vide, la doctrine assénée est celle, au choix, d'une hypothétique nature; d'un ordre divin ou de lois biologiques mal cuisinés. Munis de ces "arguments", la mariage gay ouvre la porte à la destruction de la famille, sans qu'on prenne la peine de (qu'on puisse) la définir par autre chose "qu'un père et une mère".
Autant de simplification ne cache au fond qu'une chose: le profond désarroi d'une population en mal de définir l'existant - la famille - en peine de définir le futur - l'évolution des institutions régissant la société - en déficit de sens pour elle-même, pour sa religion, pour la société.
Comme la bêtise et l'ignorance ne sont jamais très éloignés de la vulgarité et de la grossièreté, on ne s'étonne plus alors du sentiment de dégoût qu'on éprouve à observer au choix Mme Boutin, Mme Barjot ou Mme Bourges (dans l'ordre, qui défila à côté de banderolles "les pédés au bûcher, les goudous aux égouts", qui évoqua un Président qui voudrait "du sang", qui défilent à côté de slogans tels que "pas d'ovules dans les testicules", qui évoque des familles "qui ont du fermer leur gueule" et "décident de l'ouvrir"), le tout aux côtés d'un certain Gilbert Collard, pour relever les idées et la forme.