Que J. Cahuzac ait, finalement et malgré ses dénégations les plus fermes, détenu un compte en Suisse, n'étonne en fait plus personne.
Que la population se soit faite à l'idée que nombre d'hommes politiques ne sont pas intègres est déjà un signe inquiétant.
Un cran au-dessus, la mansuétude avec laquelle l'annonce d'un possible retour devant le suffrage universel de J. Cahuzac a été accueilli. Pour le coup, à la banalisation du délit s'ajoute le sentiment partagé par une trop grande partie de la population que, placé dans une situation similaire, on se verrait bien agir de manière semblable: d'excusable, le délit devient enviable.
On ne se serait pas trop étonné d'une telle réaction de la part d'un électorat de droite qui, traditionnellement convaincu d'être victime des politiques fiscales agressives de la gauche, gruge trop souvent le fisc avec le sentiment d'un état de légitime défense. S'agissant de l'électorat de gauche, cela signe une contamination plus étendue.
L'affaire soulevée par Mediapart concernant le possible comportement délictuel d'un certain nombre d'élus de l'Essonne parait dès à présent confirmer ces craintes. Il semble en effet qu'un certain nombre de petits personnels des mairies concernées ait exprimé leur désir de couvrir d'un silence complice les infractions révélées, sinon d'agresser les journalistes coupables, selon eux, de "remuer la merde".
Il est donc indéniable que, pour reprendre l'expression, une fraction du petit peuple s'est d'ores et déjà résolue à nager en silence dans cette merde, voire même s'y soit découvert des talents de nageurs performants.
Lorsque la merde n'a plus d'odeur, qu'elle ne gêne plus grand monde, c'est que le nez lui-même a quelque chose de pourri. Oui, une partie de la société française semble bel et bien pourrie à coeur, et cela ne concerne pas que les élites. On peut encore espérer que la partie saine, épaulée par un journalisme courageux, l'emportera.