La question du seuil de chiffre d'affaire du statut d'autoentrepreneur avale le débat qui devrait avoir lieu au sujet de ce statut.
En effet, quelle est la raison d'être de ce dispositif, en particulier lorsqu'on le compare aux statuts traditionnel des artisans, avec lesquels il entrerait en compétition ? Si ce n'est l'abolition des taxes et impôts sur l'activité commerciale, que la droite n'a pas revendiquée pour ce statut, quelle est-elle ? Officiellement, mais cela n'est que trop rarement rappelé, il s'agit de fournir un cadre allégé propice au démarrage d'une activité. Si tel est bien le cas, alors la notion de temporalité est consubtancielle à ce statut. Pourtant, rien n'existe pour prendre en compte cette dimension dans les dispositions qui le régissent. Le fameux plafond n'est pas dans la durée, mais dans le montant: c'est de manière détournée qu'il introduit la temporalité, par l'hypothèse qu'un revenu limité ne saurait être durable.
Pour être fidèle aux buts de ce statut (nous parlons là des buts avoués, s'il en existe d'autres, alors qu'ils s'expriment et servent le débat), il faut donc introduire la notion de progressivité, moduler le statut dans le temps, de manière à ce qu'il n'offre pas des facilités pérennes à des auto-entrepreneurs qui n'ont nullement l'intention d'abandonner ce statut pour ceux des entreprises viables et confirmées.
Négligeant les aspirations d'une population à donner du sens à la politique plutôt que des butées comptables, le gouvernement laisse le débat se focaliser sur un montant, et néglige totalement d'exposer sa conception du statut, de sorte qu'on ne sait si sa mesure vise à sa disparition, le statu quo ou le réel aménagement. Les lobbies de toutes plumes font en général leur miel de telles ambiguités.