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Billet de blog 23 novembre 2013

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Que nous apprend le cancer de Mme Bertinotti ?

L'annonce par le ministre D. Bertinotti de son cancer comporte deux versants. L'un est celui de la narration simple, sobre et factuelle de la réalité de sa condition. L'autre est implicite, et pour tout dire moins clair.

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L'annonce par le ministre D. Bertinotti de son cancer comporte deux versants. L'un est celui de la narration simple, sobre et factuelle de la réalité de sa condition. L'autre est implicite, et pour tout dire moins clair.

En effet, s'il n'existait que le premier versant, comment se justifierait-il ? D. Bertinotti ayant annoncé être en fin de traitement, ce qui était caché jusqu'à présent aurait pu le demeurer. Quant au témoignage - on nous pardonnera la statistique - nous n'en manquons malheureusement pas.

Pour comprendre le témoignage, il nous faut nous pencher sur le second versant. Ce versant est constitué de ce qu'évoque le premier, que nous ne formulons pas forcément, du fait de l'émotion générée par le témoignage.

Ce que nous entendons aussi, en effet, est: pendant que j'étais ministre, pendant que je travaillais, j'avais aussi un cancer, je subissais des traitements. Dès lors, on ne peut écarter cet autre message: on peut avoir un cancer, et rester professionnellement actif, voire ministre. On peut avoir un cancer, et ne pas le dire, sinon justifier d'une "petite mine". On peut travailler, et souffrir (la ministre a bien évoqué cette souffrance de la chair).

Bien sûr, ce second message aura une vertu: celui de signifier aux peureux, aux obtus présents sur le lieu de travail et ailleurs, qu'un malade du cancer n'est pas un pestiféré. Il peut aussi avoir des conséquences moins désirables. Celui que le cancer serait une maladie socialement acceptable, puisqu'on vit, travaille, éventuellement le tait, moyennant l'inconvénient d'un traitement, finalement pas si invalidant.

Or, le cancer est un scandale. Même guéri, c'est un scandale, par la souffrance morale et physique qu'il aura entraîné. Même socialement accepté, c'est un scandale. Et certains cancers sont plus scandaleux que d'autres: il s'agit de la part croissante des cancers induits par les facteurs environnementaux, par les substances mutagènes dont la présence dans notre vie n'est plus à présent justifiée par l'ignorance, mais par des considérations économiques.

Dans ce domaine, la France est plus scandaleuse que tout autre pays: elle est en tête des pouvoyeurs dans l'environnement des pesticides, des nitrates, particules fines. Et ce gouvernement - les collègues de Mme Bertinotti - ne sont pas pour rien dans le prolongement de cet état de fait.

Dans ces conditions, les saluts de ceux-ci à leur collègue ne nous feront pas oublier le scandale.

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