Les manifestants font usage du titre du documentaire d'Eric Guéret. Rien ne nous impose pourtant de choisir entre deux morts: celle de la population soumise aux pesticides, et celle d'agriculteurs désespérés.
On hésite: s'agit-il d'une récupération consciente, de la manifestation d'une inculture ? Les barrages d'agriculteurs de janvier exposent de manière récurrente le slogan "La mort est dans le pré".
Certes, on comprend qu'il s'agit de la mort des agriculteurs acculés par un système mortifère. Mais la plupart d'entre-nous se souviennent qu'il s'agit avant tout du titre du documentaire de Eric Guéret de 2012. En partant d'agriculteurs atteints par l'usage de pesticides, et qui refusaient alors "de se taire", le documentaire dénonce un modèle agricole dangereux pour les agriculteurs comme pour la population. Il a largement contribué à une prise de conscience, et en particulier à la reconnaissance officielle de maladies professionnelles agricoles, qui sont à présent listées et susceptibles d'indemnisations.
Retrouver ce slogan à l'usage d'agriculteurs dont le syndicat majoritaire revendique la levée de freins à l'usage des pesticides est donc assez étrange, sinon choquant. On espère que ceux d'entre les agriculteurs qui revendiquent un tel slogan ne nous proposent pas de choisir entre deux morts: celle des usagers et celle des populations exposées.
Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.