
Famille nucléaire
Ma mère est la femme type de cette génération née dans les années 60-70 issus du milieu ouvrier. Elle n'a pas fait beaucoup d'études, toujours beaucoup travaillé, s'est ensuite mariée, fait deux enfants et est devenue femme au foyer. Mon père était souvent muté et gagnait assez bien sa vie pour faire vivre très correctement une famille de 4. Quand mon modèle familial a explosé, il a disparu, se contentant de verser une pension alimentaire.
Précarisation
Ma mère a dû retrouver un travail assez vite. Ce travail devait lui assurer des horaires adaptés pour s'occuper de nous. Elle est donc devenu assistante maternelle. Je ne vous fais pas un point sur la précarisation de ce métier. Seule avec deux enfants et un revenu assez faible, elle a dû trouver un moyen de faire les courses, payer le loyer et les factures.
Nous sommes passées d'une vie confortable avec un bon salaire qui pouvait faire vivre une famille de quatre, à une vie en HLM dans le tieks.
Avec le recul c'était plutôt cool, la solidarité entre voisin.e.s, la proximité avec ma soeur, sortir de mon passif bourgeois. Personne n'a grandi de cette manière chez mes ami.e.s. Toutes et tous avaient des grandes maisons ou des maisons secondaires, partaient souvent en vacances, un confort matériel que je n'avais pas.
Charge mentale
En plus de gérer la charge mentale de deux enfants seule, elle devait gérer sa propre souffrance de femme, la perte de l'homme qu'elle aimait. Elle n'a pas choisi d'élever ses enfants seule. Cette situation, elle l'a subie sans aucune aide mise en place.
C'était normal que ma mère s'occupe et se consacre à l'éducation de ses enfants. C'est le rôle que son genre et la société lui dicte. Si les rôles avaient été inversé, la société n'aurait pas traité ma mère avec autant de complaisance qu'elle a traité mon père. Il est plus normalisé qu'un père abandonne ses enfants.
J'ai grandi avec une mère célibataire, une mère qui a dû prendre des décisions, prendre des responsabilités, éduquer, faire des choix seule et ne se reposer uniquement que sur elle-même.
Les grandes oubliées.
Le temps de trois articles, Orsinos dédira ses recherches au cas des mères célibataires. Aujourd’hui en France, précarité et mère célibataire font souvent paires. 1/3 des familles monoparentales vit sous le seuil de pauvreté et la moitié avec moins de 1230€ par mois. Presque une mère célibataire sur deux avoue ne pas arriver à boucler son budget sans être à découvert*. Dans 75% des cas de rupture d’union, ce sont les mères qui obtiennent la garde des enfants. La cause a une socialisation et aux normes actuelles qui prône le rôle de la mère au soin et à l’éducation des enfants.
Les mères célibataires sont aujourd’hui les grandes oubliées du système d’aide sociale et restent les premières victimes du patriarcat et du sexisme systémique. Elles représentent pourtant l’une des tranches de population les plus précaires.
Aucune loi ne leur assure (de juste manière) une aide, une compensation de revenu ou encore une forme de contrat de travail pouvant assurer la prise en charge des enfants. Beaucoup de politiques de droites leurs imputent la responsabilité de leur situation et ne leur offre comme solution que le remariage. Rien n'est pensé pour avantager ses femmes qui doivent tous gérer seule.
Le mois des daronnes, c’est tout au long du mois d'Avril chez Orsinos >>> juste ICI

* enquête IPSOS