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Du côté Macron, le président réélu souhaite mettre en place des solutions de garde et des compensations financières minimes. Pour les familles monoparentales, l’aide financière du complément de choix de garde s’allongerait à 12 ans mais resterait à 6 ans pour les parents non séparés. L’aide familiale, quant à elle, pourrait connaître une augmentation passant de 116€ à 147€. Face à ces mesures, l’ensemble des associations familiales s’accordent sur un point : celles-ci sont insuffisantes pour répondre aux besoins des familles monoparentales. Sans prendre en compte de manière globale tous les freins rencontrés par ces familles au quotidien, « ces mesures isolées ne seront que des pansements sur des fractures » déclare Cathy Ngangue, secrétaire générale de la fédération syndicale des familles monoparentales.
Aujourd’hui en France, 1/3 des familles monoparentales vivent sous seuil de pauvreté et la moitié avec moins de 1230€ par mois. 82 % des foyers restent dirigés par des femmes et parmi elles, 35 % travaillent à temps partiel et 15 % sont sans emploi. Il est clair que ce n’est pas avec une simple augmentation de l’aide familiale que la précarité de ces familles tendra à se régler. Mais bien avec une prise en considération de manière bien plus globale des difficultés rencontrées ; ce que ne compte pas faire le président Emmanuel Macron.
Pour Marine Le Pen, c’est une politique nataliste qui est à l’œuvre pour « soutenir les familles françaises » et « refaire de la famille le pilier de la nation ». Parmi les mesures souhaitées, on note par exemple le doublement de l’aide familiale, passant de 116 à 230 euros. Les aides et allocations familiales seraient uniquement réservé aux familles dont au moins un des deux parents est français et les contrôles seraient renforcés pour éviter tout risque de fraude. C’est donc une politique clivante que souhaite porter le RN pour les familles monoparentales, en ne réservant aucune aide aux familles qui iraient, selon l’idéologie du parti, à l’encontre du schéma sociétal souhaité. Là encore, sans compter la tendance nationaliste, discriminatoire et inégalitaire, aucune réelle politique n’est proposée pour répondre aux besoins actuels des familles monoparentales. Dès lors, les associations familiales tendent un constat alarmant des programmes des deux candidats.
Alors, pourquoi les mères célibataires votent-elles à droite ?
Les mères seules représentent l’une des catégories les plus précaires en France. Elles ont notamment constitué une part importante du mouvement des gilets jaunes. 24% d’entre elles ont voté Rassemblement National aux Européennes. Le parti d’extrême droite ne propose pourtant aucune politique concrète améliorant le quotidien de ses femmes et des familles monoparentales. Et pour cause, les partis de droite et d’extrême droite jouent sur la peur que peuvent ressentir les femmes seules dans une société patriarcale. Les préjugés racistes sur les hommes racisés agresseurs et violents sont bien présents dans les débats et discours de leurs politiques. De même que le vol des aides sociales et du travail par les familles immigrées à ces « pauvres femmes blanches qui n’ont rien demandées ».
Pour exemple, ce sont ces mêmes partis qui se sont empressé de récurer l’affaire des agressions sexuelles et des viols commis à Cologne lors de la nuit du Nouvel An en 2016 pour capter une image féministe. Raison : les accusés étaient racisé. Quand il s’agit d’hommes blancs, la droite et l’extrême droite sont bien plus silencieuses, préférant plutôt parler de « séduction à la française ». Les médias ont tout aussi leur part de responsabilité dans la constructions des préjugés racistes et des possibles agressions des femmes blanches par les personnes racisées. Diverses chaînes de télé et journaux donnent une tribune récurrente à ces idées nauséabondes, nourrissant ces croyances non fondées.
Pour ordre d’exemple, dans une analyse de la campagne de l’élection présidentielle 2022 dans Touche Pas À Mon Poste, émission du groupe CANAL +, diffusée quotidiennement sur C8, Claire Sécail, chercheuse au CNRS, relève une forte sur-représentation des idées d’extrême droite sur le plateau de Cyril Hanouna. Pour la période étudiée (septembre-décembre 2021), 53 % du temps d’antenne était consacré aux idées nationalistes et identitaires d’extrême droite et 22 % était consacré à la majorité présidentielle (LREM de Macron devenu « Renaissance » dernièrement). En d’autres termes, les 3/4 du temps consacré à la politique et à l’élection présidentielle ont tourné autour des idées de droite et d’extrême droite, invisibilisant les idées de l’opposition.
Zemmour/ Le Pen : Pas le même électorat
À l’extrême droite, MLP et Zemmour ne séduisent pas le même électorat. Le discours paternaliste de ce dernier réduisant la femme à son rôle d’épouse et les diverses plaintes pour agressions et harcèlements sexuels jouent en sa défaveur. Marine Le Pen quant à elle, gagne en popularité jouant de son image de femme vivant seule, sans homme et comprenant en conséquence ce que vivent les femmes. Il est cependant nécessaire de rappeler que si Marine Le Pen détient le statut de femme seule, elle reste une femme issue de la bourgeoisie n’ayant jamais connu la précarité, ayant eu les moyens d’élever ses enfants et d’embaucher de l’aide pour cela. Le Rassemblement National et la droite française ne sont pas des partis qui protègent les mères célibataires. Bien au contraire, ils empêchent toute émancipation de ses femmes.
Rédaction Clémence Rio & François Perdriau, Orsinos production. Retrouvez Orsinos sur Instagram juste ICI.
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