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Pourquoi l’extrême gauche est-elle qualifiée d’extrême ?
L’extrême gauche vise à un fonctionnement de la société radicalement opposé à ce qu’il est aujourd’hui. C’est une tranche politique luttant face à un système capitaliste ancré dans nos sociétés qui ne cesse d'intensifier la crise climatique, les crises sociales, les discriminations, les écarts de classes ou encore la reproduction sociale pour ne citer que ces exemples. Sont ainsi qualifiées d’extrême gauche toutes les organisations anticapitalistes et révolutionnaires qui se fondent sur le rejet de nos institutions actuelles. Pour faire simple, l’extrême gauche remet en cause la société capitaliste de manière radicale.
C’est pour ce fait que le PS ou EELV ne sont pas considérés comme “extrême gauche” car ceux-ci tiennent une politique “capitaliste sociale”, que l’on pourrait dire de “gauche-centriste” ou encore de “gauche-bourgeoise": deux partis de mouvance gauche mais tendant la main aux idées capitalistes. Grossièrement, l’extrême gauche souhaite donc transformer la société de manière complète quand gauche socialiste le souhaite à demi-mesure. La France Insoumise sera ainsi qualifiée “d’extrême gauche” par la masse même si elle n’est pas véritablement un parti d’extrême (Merci les médias, Macron et LREM). Chez Orsinos, nous préférerons réserver l'extrême gauche aux partis comme le NPA, Lutte Ouvrière ou Révolution Permanente ; LFI, bien que radicale sur certaines problématiques, restera jugée comme plutôt complaisante face aux capitalisme.
Et l’extrême droite ?
L’extrême droite n’est pas considérée d'extrême de par sa distance avec le capitalisme. Bien au contraire, Marine Le Pen par exemple, porte sur le plan économique, une politique libérale proche de celle menée sous Emmanuel Macron. Elle reste favorable à de nombreuses mesures emblématiques de ce système et ne porte en aucune manière une politique de rupture économique avec les pouvoirs précédents. Si l’extrême droite est qualifiée comme tel, c’est précisément dû à sa politique de préférence nationale qu’elle conduit depuis ses débuts.
L’extrême droite est historiquement issue de mouvements nationalistes. Le Rassemblement National, anciennement Front National, naît par exemple du mouvement Ordre Nouveau, groupe néofasciste actif entre 1969 et 1973. L’extrême droite se fonde donc dès ses débuts autour de cette question centrale de préférence nationale, revendiquant ouvertement la hiérarchie de “races” et de cultures. Bien que depuis son arrivée à la tête du parti en 2011, Marine Le Pen a effectué un grand travail de dédiabolisation du RN, notamment par la mise à l’écart des membres trop ouvertement racistes, négationnistes et antisémites ; la politique du parti n’a pas grandement changé.
Face à la normalisation de l’extrême droite en France, nous nous devons d’être clair et concis sur ce que sont ces mouvements.
“On peut qualifier leurs propositions économiques de « néolibérales-nationalistes », puisqu’elles servent les intérêts des ménages aisés et des entreprises tout en se réclamant d’un « patriotisme » économique tourné contre les étrangers. Leurs propositions sociales ou sociétales sont quant à elles marquées par les obsessions de la « sécurité » (allant jusqu’à des formes de contrôle idéologique) et de la lutte contre l’immigration, ainsi que par l’absence totale de mesures concernant l’environnement.”
ATTAC, Un décryptage des programmes de l’extrême droite, par Les économistes atterrés.
L’extrême droite est ainsi qualifiée d’extrême parce qu'elle porte des propositions fascistes et forge ses idéaux sur le racisme, les LGBTQIphobie, le sexisme et l’antisémitisme. C’est un mouvement nostalgique d’une époque “meilleure” rejetant sans cesse toute avancée sociale. Parmi les mesures souhaitées (des deux principaux partis que sont Reconquête et RN), nous notons la dissolution des syndicats, de toutes les organisations dites communautaristes qui défendent les droits des étrangers et la réduction des financements des organisations féministes et LGBTQI+. De ce fait, son accession au pouvoir signifierait un recul de nombreux droits comme l’accès à l’avortement par exemple, mais aussi la suppression du droit du sol et par conséquent des expulsions massives. Sans oublier la multiplication et la légitimation des insultes et violences racistes promues par les groupes d’extrême droite et présents dans le système policier.
Il est tout autant important de rappeler que l’idéologie d’extrême droite se fonde autour de la théorie du grand remplacement: théorie complotiste, xénophobe et raciste prenant racine dans l’antisémitisme d’avant-guerre et se prolongeant jusqu’aujourd’hui à travers le néonazisme.
Elisabeth Borne : “Face aux extrêmes, nous ne céderons rien, ni d’un côté, ni de l’autre”
Elisabeth Borne, après les résultats du premier tour des législatives 2022 annonce la ligne de conduite de la majorité présidentielle. Quand, dans les années 2000, il était encore inimaginable de concevoir l’extrême droite dans la politique du pays, c’est aujourd’hui un tremplin qu’Emmanuel Macron leur a construit. C’était pourtant l’une des causes de son premier quinquennat : la lutte contre l’extrême droite. Cinq ans plus tard, se sont ainsi 88 députés RN qui entrent à l'Assemblée Nationale contre 8 en 2017. Soit une augmentation de 1100%. Sans oublier le score de 41.45% du RN à l'élection présidentielle. Emmanuel Macron a donc choisi ouvertement aujourd’hui, par intérêt personnel et menacé par la forte progression d’abord de LFI puis de la NUPES, de positionner dans un premier temps la NUPES comme extrême gauche (factuellement faux) ; puis de placer cette "extrême gauche” au même niveau que l’extrême droite. Ainsi, il a publiquement participé à la banalisation de l’extrême droite dans le seul but de son élection.
Nous ne pouvons pas dire que “les extrêmes sont tous pareil” ou “qu’importe extrême gauche ou droite, ce n’est pas bon pour la France”. Il reste totalement acceptable de ne pas défendre les idées d’extrême gauche et/ou que les changements profonds de notre société nous effraient. Mais nous ne pouvons pas affirmer que les conséquences seront les mêmes pour les citoyens si l’extrême droite ou gauche passait. L'arrivée de l’extrême droite au pouvoir entraînera un recul important des droits pour toutes les minorités, creusera les inégalités à la fois sociales et financières et défendra les valeurs d’une France de l’ancien monde, qui ne sont plus d’actualité aujourd’hui. L’extrême gauche, quant à elle, entraînera des bouleversements sans précédent dans les modes d’organisation de notre société, dans le but d’un système plus juste, plus égalitaire et équitable.
Faire entrer cette idée que les extrêmes se rejoignent est un non-argument qui permet aux politiciens libéraux et capitalistes de garder mainmise sur leurs électorats. Elle leur permet de continuer d’appliquer leur logique de société en continuant de nourrir le capital. Oui, il est donc choquant de voir le gouvernement faire coalition avec l’extrême droite tout en caractérisant la NUPES et LFI de partis “non républicains”. L’alliance ouvertement assumée avec l’extrême droite de la majorité présidentielle, dès le début de ce quinquennat, est un événement sans précédent dans l’histoire de la République française.
Rédaction : Rio Clémence & François Perdriau - Orsinos
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