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Je ne reviendrai pas ici sur le droit à l’avortement sans cesse menacer, là ou les médecins jouent avec la loi et sa fameuse “clause de conscience” (elle permet aux médecins de refuser d’effectuer un IVG, sous le prétexte que ce n’est pas en phase avec leurs “valeurs”). Certaines femmes en France doivent donc aller dans une autre région pour avorter, ce qui ne le rend plus accessible à toutes.
Cette obsession sociétale en ce qui concerne l’utérus des femmes entraîne de nombreuses discriminations sexistes, d’injonctions et de théories scientifiques douteuses. Plus on grandit, plus on ressent cette “pression”. Celle que la société insinue et qui nous dit c’est maintenant ou jamais. Le fameux concept de “l’horloge biologique de la fécondation”. Effectivement, plus on vieillit, plus il devient difficile de procréer “naturellement”. Cette diminution de la fertilité en vieillissant est aussi présente chez les hommes. Ce n’est pas “un mal” qui ne touche que les femmes.Pourtant la société ne met la pression qu’aux femmes et “l’horloge biologique” ne vise que celles-ci.
Les femmes ont leur premier enfant de plus en plus tard, et aujourd’hui de nombreuses solutions scientifiques ont été pensées et conçues pour retarder plus sereinement la procréation. La congélation d’ovocytes ou la PMA par exemple, sont très peu mises en avant en France (le droit à la PMA pour les femmes seules date de 2021, tout comme la congélation des ovocytes). Notre pays restant très traditionnel avec son héritage catholique, la médecine et la société préférant favoriser la famille ultra-tradi.
Le refus d’être mère
Pour les femmes qui ne veulent pas d’enfant, c’est un autre parcours du combattant qui s’offre à elles. Elles sont peut être soulagées d’une certaine manière de cette pression de l’horloge biologique mais d’autres problématiques les attendent. Il est déjà très mal perçu de ne pas vouloir d’enfant quand on est une femme. Dans notre inconscient, les femmes sont prédisposées à avoir des enfants et on a conceptualisé ça dans une idée qui est “l’instinct maternel”. Cet “instinct” se réveillerait dans notre vingtaine et nous donnerait envie de faire des enfants.
Ce désir de maternité n’est pas préexistant chez les femmes et n’a rien de scientifique. Ce qui pourrait donner cette impression que les filles sont plus enclines à vouloir faire des enfants est que dès leur plus jeune âge, on les prépare à leur futur rôle de maman. Les jouets, leur éveil se font autour des poupons, des poussettes et de tout objet qui lui inspirera dans son imaginaire futur un seul et unique rôle : celui de mère au foyer.
Depuis notre plus jeune âge on nous insinue qu’une femme n’est que réellement femme le jour où elle a des enfants. C’est discriminant et ultra violent pour celles-ci.
Personne nous épargne
Notre entourage joue un rôle toxique dans ce rapport à la maternité. Pour la plupart se portant garant de l’ordre social qui est que nous femmes nous devons nous reproduire, iels ne cessent de nous interroger dessus. Les hommes sont épargnés par l’interrogatoire quand nous les femmes nous devons nous battre avec notre entourage qui va de la boulangère à sa grand-mère. Celles qui ont un enfant ne sont pas épargnées, à peine le premier arrivé, on demande quand le second arrive.
Iels remettent sans cesse le choix de ne pas en faire, comme si notre décision ne comptait pas. Il y a cette idée ultra sexiste que les femmes seules ne savent pas prendre de bonnes décisions pour elles et que la société sait ce qu’il y a de mieux pour nous. Le choix de ne pas faire d’enfants est souvent beaucoup plus réfléchi que celui d’en faire.
Je n’insinue pas qu’en faire est facile, mais il est difficile de dire non quand depuis toute petite on te dit que c’est la suite logique et c’est ce qui te définira en tant que femme. Il est par exemple quasiment impossible en France pour une femme d’être stérilisée si elle n’a pas eu d’enfant avant.
La question du regret est le gros point de l’argumentaire de notre entourage “pro-maternité”. C’est une possibilité effectivement mais comme les femmes ayant eu des enfants peuvent regretter d’en avoir fait. Ce sujet est encore très tabou et violent mais le regret peut-être présent des deux côtés. Aucun choix n’est le bon mais on ne peut se forcer de faire des enfants pour correspondre à l'idéal sociétal.
Il existe une solution et elle est accessible à toutes et tous : arrêter de questionner les femmes sur leurs désirs ou non d’enfant et si elles en veulent d'autres. Si elle a envie d’en parler, elle le fera.
Orsinos - Rio Clémence
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