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L’accès à l’avortement reste pourtant compliqué dans certaines régions dû à plusieurs facteurs que nous allons évoquer.
En France nous pouvons avorter de deux manières :
- médicamenteuse (recommandé jusqu’à 9 semaines d'aménorrhée)
- instrumentale (aspiration des cellules dans l’utérus après dilatation du col) qui s’effectue sous anesthésie locale ou générale.
La plus courante est l’IVG médicamenteuse car beaucoup plus facile d’accès. Même lors d’une téléconsultation, un.e individu.e peut se voir prescrire une pilule abortive. Les personnes souhaitant avorter n’ont pas le droit d’obtenir d’arrêt maladie, iels doivent donc effectuer cet acte hors de leur temps de travail. Au-delà de 9 semaines, il est recommandé d’effectuer une IVG instrumentale.
Avorter, pas tout.e.s égaux
Quand on souhaite avorter, il faut prendre rendez-vous avec son/sa médecin ou son/sa gynécologue. Celle-ci lui explique la démarche à suivre. En France, les médecins ont le droit de refuser de pratiquer un acte médical contraire à leur éthique quand il s’agit de l’IVG ou des questions autour de la procréation. Quand un médecin fait valoir cette clause, il est obligé d’indiquer à le.a patient.e des médecins ou professionnel acceptant d’effectuer cet acte médical. Le ministère de la santé a réclamé une enquête pour réellement chiffrer le nombre de médecin refusant de pratiquer l’avortement. Dans des secteurs tendus, un.e patient.e peut se retrouver à effectuer de nombreux kilomètres pour avorter.
Quand le.a patient.e trouve enfin un praticien.ne acceptant d’effectuer cet acte, iel peut se retrouver face à un discours moralisateur et culpabilisant. Selon un certain nombre de témoignages, des médecins effectuent des échographies pour montrer le foetus (alors que ce n’est pas obligatoire) et dans des cas plus extrêmes font écouter le cœur du bébé. Peu d'études chiffrées ont été réalisées sur le sujet. L’hôpital français est en crise, le personnel manque sévèrement et les moyens alloués ont subi une baisse drastique ces dernières années.
L’un des secteurs les plus impactés reste les maternités et bien sûr les services pratiquant les IVG. Au sein des cliniques spécialisées où dans les maternités, iels ne sont plus que deux à trois gynécologue sur dix à pratiquer des avortements. Quant aux cliniques privées, elles ne sont plus qu’une minorité. Pour pallier cette crise, l’allongement du délai à l’IVG a été légalisé. Pourtant de nombreux médecins refusent les patient.e.s au-delà de 14 semaines expliquant qu’iels n’ont pas été formé pour pratiquer des IVG sur un délai plus long.
Le manque de personnel contraint ainsi à favoriser l'IVG médicamenteuse, même au-delàs des 9 semaines, ne nécessitant pas la réquisition d’un.e médecin et d’un.e anesthésiste. Les médecins ont une préférence pour cette pratique car plus facile et moins contraignante pour eux. Leur confort passe alors au-delà de celui du ou de la patiente. Aujourd’hui en France, trois quarts des IVG sont médicamenteuses selon une enquête Médiapart. Il ne s’agit pas ici de juger la pratique d’IVG voulut, mais surtout de permettre aux patient.e.s d’avoir réellement le choix.
Pour un meilleur accès à l’IVG en France
L’allongement du délai est une victoire, mais il est nécessaire d’améliorer l’accès à l’IVG en France.
La suppression de la clause de conscience serait un point de départ. Celle-ci imposée à Simone Veil pour qu’elle puisse faire voter sa loi en 1975 (loi Veil) n’est en rien une décision de sa part. C’était alors la seule solution pour légaliser l’avortement en France. Il n’est pas tolérable qu’en 2022, des médecins refusent de pratiquer l’avortement. Il est bon de rappeler qu’il est avant tout le choix des personnes le souhaitant et que le corps médical n’a à le refuser sous aucun prétexte. Leur bigoterie n’a pas sa place dans les cliniques et les hôpitaux.
Suite à la loi renforçant l’accès à l’IVG de 2022, 18 centres permettent aux sages-femmes d’effectuer des avortements instrumentaux. Cette expérience, si elle fonctionne, a pour but d’être généralisée à l’ensemble du territoire courant 2023. Depuis 2015, elles ont le droit d’effectuer les IVG médicamenteuse en dessous de 7 semaines d'aménorrhée. Cela permettrait de baisser la tension et garantir un meilleur accès à l’avortement.
Accorder les arrêts-maladies dans le processus d’avortement permettrait d’élargir les créneaux, les possibilités d’avorter et laisserait aux personnes souhaitant avorter le choix de la méthode.
L’avortement reste un droit contesté en France. Le sénat a refusé son inscription dans la constitution ne jugeant pas qu’il soit en danger. Pourtant à chaque trouble dans nos démocraties occidentales, c’est l’un des premiers droit supprimé ou remis en question. Les États-Unis, la Pologne, l’Irlande en sont des exemples. Les militant.e.s anti-IVG en France sont très présents et très organisés. Iels comprennent parfaitement les nouveaux enjeux communicationnels et ont réussi à pirater l’algorithme de recherche Google en mettant en avant des sites de propagande anti-avortement.
Il est important que ce droit devienne un droit constitutionnel. Il est important de donner les moyens financiers au planning familial, aux diverses associations qui accompagnent et informent sur ces questions, mais aussi aux hôpitaux et cliniques pour faciliter sans entrave cet acte.
Rio Clémence - Orsinos
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Lien article :
- - Planning familial
- - IVG information
- - Enquête Médiapart : ici et ici
- - Sur la loi 2021 et les sages femmes
- - Clause de conscience qu'est ce que c'est ?