
Agrandissement : Illustration 1

« Il faut changer aussi de mentalité pour que manger une entrecôte cuite sur un barbecue ne soit plus un symbole de virilité ».
Sandrine Rousseau, le 27 août lors des journées d'Été d'Europe Écologie-les Verts.
Depuis cette récente déclaration, une véritable chasse aux sorcières est lancée à l’encontre de la députée. Ses propos sont pourtant justes. L'association entre la viande et la masculinité est une évidence : la viande est un symbole de virilité et c’est un problème. Ce que mangent les hommes émet 41% de gaz à effet de serre en plus que ce que mangent les femmes. Cette consommation se cristallise autour de la viande (surtout de la viande rouge) de manière bien plus importante que leur congénère féminine. Cet usage différencié et genré de la viande s'explique par plusieurs facteurs.
Des consommations différenciées
La viande est perçue comme faisant grossir, en particulier la viande rouge. C’est une des raisons pour lesquelles les femmes en mangent moins. Celles-ci étant majoritairement dans le contrôle de leur poids, dû aux normes esthétiques instituées par la société patriarcale.
Sur l’ensemble des végétariens/végétaliens, on observe une majorité de femmes. Elles éprouvent plus d’empathie pour la cause animale et les questions tournant autour de l’écologie. À cela s’ajoute qu'il reste plus difficile pour un homme d’assumer son végétarisme/végétalisme. Quand bien même il paraît normal pour une femme de manger des légumes et/ou une nourriture perçue comme plus healthy, la question se pose considérablement plus quand il s’agit d’un homme. Quand A, est devenu végétarien, il a reçu quelques remarques comme celle-ci : “être végétarien c’est pour les bonnes-femmes”. Éprouver de l’empathie, de l’émotion face à la cause animale et/ou de l’écologie n’est pas “viril” dans notre inconscient et ne serai en conséquence pas un trait masculin.
Ce qui nous amène à notre second point : la viande est une nourriture “d’homme”. Manger de la viande, un aliment riche en protéines, apporte de la force, de l’énergie, tout ce dont un homme à besoin dans notre imaginaire collectif. Manger un animal mort, c’est aussi asseoir sa domination masculine sur l’ensemble du vivant. Encore une histoire de domination, de “qui est le plus fort”. La chasse par exemple reste un loisir fortement masculin (oui quel beau loisir que d’aller tuer des animaux mais bref). L’association viande-virilité est avant tout une construction sociale. Nos goûts alimentaires ne sont pas innés et se construisent avec notre culture, notre religion et notre genre. Il n’y a rien de naturel : la testostérone ne favorise pas plus l’appétence pour la viande que les oestrogènes C’est le résultat d’une éducation et de notre socialisation. Le capitalisme, le marketing instituent également dans notre inconscient ce rapport virilité-viande. La pub Charal pour les steaks hachés en est le parfait exemple. Une voix off bien virile qui sous-entend bien vulgairement que la viande “c’est un truc de bonhomme”.
Nos goût ne sont pas innés
Il est essentiel de déconstruire le rapport toxique virilité-viande qui entraîne des conséquences néfastes à la fois pour la planète et pour la santé des virilistes. La viande est un désastre écologique. Réduire sa consommation devient urgent et nous n’avons que deux solutions : déconstruisez vous messieurs ou virilisons les pois chiches et les lentilles. Par ce genre de polémique faisant le tour des plateaux télé, le débat public en devient fatiguant. Depuis longtemps, de nombreuses études scientifiques et anthropologues attestent de ce rapport de genre dans la consommation de viande. Depuis 3 jours, les chroniqueurs sur les plateaux télés restent pourtant scandalisés par un fait de société qu’ils n’arrivent pas à accepter. Déconstruisons nous et la qualité du débat public n’en sera que bonifiée.
Orsinos - Rio Clémence avec la participation de François Perdriau.
➡️ Retrouvez Orsinos sur Twitter et Instagram.