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Billet de blog 19 octobre 2015

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Liberté, Égalité, Fraternité* (*voir conditions en magasin).

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Liberté 

Bon la liberté à part qu’elle s’arrête là où celle des autres commence (ce qui ne nous avance pas tellement) on en sait trop quoi dire aujourd’hui : alors qu’on passe de plus en plus de temps à s’abimer la santé le cul sur une chaise et à n’être, finalement que des identités en ligne (c’est à dire des flux de savoir) la libre circulation de moi, la donnée, semble être un combat auquel nombre de nos concitoyens ont renoncé.

Soyons honnêtes, la feinte était bien trouvée : plutôt que d’attaquer la liberté de front ou de la restreindre, on a préféré la technique dite du chacal galeux des Carpates en mettant des astérisques à tous bouts de phrases. «Ah non je ne vous empêche pas de circuler mais je vais vous suivre partout. Bah quoi, je n’empiète pas sur votre liberté… si ?» 

Quand on parle de caméras de surveillances — incapables qu’elles soient de nous surveiller vraiment tant qu’on aura pas mis 50% de la population derrière les écrans de contrôle — on s’offusque à raison. Mais là, sous la menace de fâcheux frénétiques, on passe la liberté de circulation des idées et de la parole à la moulinette et la nation reste coite. 

Alors que pour le coup, si la surveillance vidéo de masse n’est pas viable pour l’instant, surveiller par tri de données automatisé permet à tout moment de se repasser le fil espion de votre vie et même d’y chercher des mots clés, des moments ou des dialogues en un clin d’œil (ce qu’évidemment une vidéo prise par une caméra de surveillance baveuse ne permet pas de faire). On a donc laissé passer bien pire que de mettre toute la France sous l'œil de caméras puisque l’appareillage actuel (sniffer votre facebook, votre twitter et l'historique de géolocalisation de votre téléphone) est plus apte (et de loin) à savoir où vous étiez, qui vous avez vu et de quoi vous avez parlé qu’un millier de caméras de surveillance le seront jamais.

Égalité 

Mis à part le fait que l’égalité s’est construite sans se presser (l’égalité ok mais sans les noirs… Bon ok les noirs mais pas les femmes. Bon, les femmes ça ira mais pas les gays… etc.) l’égalité pour tous semblait plutôt une notion entendue… Jusqu’à ce qu’on s’aperçoive que mettre la même ligne de départ pour Jean-Marcel en Formule 1 et Mehdi en Nikes déchirées, n’était pas tellement une course équilibrée.

Alors furent mis en place des systèmes de rattrapage pour les pauvres (ce qui revient à peu près à croire qu’un jour je serai plus vieux que mes parents sous prétexte que je vieillis…) qui malgré leur succès n’ont pas encore réussi à créer une société tout à fait égalitaire (notez que pour toute la qualité de l’éducation nationale par exemple, l’écart entre riches et pauvres dans la société française augmente).

Fraternité

Bon… On parle des réfugiés ? Parce que jusqu’ici, sauf erreur de ma part, il n’y avait pas d’astérisque sur les monuments de France précisant qu’il fallait ne traiter QUE les français comme nos frères (ou nos sœurs hein, la sororité existe même si son usage est moins courant). Ou je me trompe ? Parce qu’à écouter certains ces derniers temps, on a le droit de choisir qui traiter comme son frère… Ou alors peut-être que quand leur frères et sœurs sont en galère ils les laissent dormir sur le pavé sans eau et électricité, mais j’en doute.

L’un des soucis de cette fraternité c’est que de ses manifestations (RSA, sécu etc.) on essaie d’exclure ceux qui ne semblent pas valoir le coup. La fraternité conditionnelle quand ça nous arrange.  

Devisons 

En éducation civique au collège on en a toujours fait des caisses sur la liberté et l’égalité. Il faut dire que ni l’une ni l’autre n’étaient gagnées d’avance (ni ne sont d’ailleurs tout à fait conquises) et que finalement, tant qu’à conquérir quelque chose de haute lutte, autant que ça fasse un peu chier les collégiens ingrats 200 ans plus tard. Mais la fraternité a semble t-il toujours eu une place à part : peu écrite dans la loi, peu défendue à corps et à cris.

Alors jouons au jeu des astérisques et grignotages des grands principes… Voici donc notre nouvelle devise française, à graver s’il vous plait dans tous nos bâtiments officiels, sur nos documents et sites internet : 

Liberté* Égalité** Fraternité*** 

* Sous conditions de surveillance constante au grè des envies de personnes non-élues et sous menaces de poursuites si vous êtes une source journalistique ou un lanceur d’alerte pris à dire des choses qui ne plaisent pas.

** Certaines restrictions peuvent s’appliquer, batteries non fournies, certains individus peuvent être plus égaux que d’autres.

*** Voir condition générales de vente, applicable uniquement à qui vous voudrez.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.