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La France est à feu et à sang. Formule désuète et pourtant, dans le contexte actuel, tristement vrai. L’heure est à la discorde. Les dissensions longuement retenues éclatent au grand jour. À coup de mortier ou de matraque.
L’ambiance est lourde. Certains parlent d’un prélude à la guerre civile. D’un retour à la violence que le Léviathan élyséen ne saurait contenir.
Pourtant, loin des débats politiques, quelque chose se joue. Une expérience qui se leste de la binarité des partis et des camps. L’émeute comme expérience esthétique.
Si de nombreux auteurs se sont attelés à la décrire. Certains pour y voir la méprisable violence de la masse comme Gustave Le Bon ou Elias Cannetti. D’autres, le comité invisible en tête de file, pour lui donner les atours d’un miracle qui, le temps de la nasse, sauve la civilisation de sa quotidienneté morbide.
Le temps de ce court billet de blog, j’aimerais vous parler de deux œuvres cinématographiques qui, à défaut de mépriser ou d’idéaliser, se donnent la tâche difficile de rendre compte. Tout simplement.
Le premier suit le quotidien des gilets jaunes et est intitulé, presque de manière enfantine : Boum Boum. Une onomatopée pour s’éviter la difficulté de mots de travers. De designer injustement les justes
C’est aussi l’histoire d’un battement de cœur. D’une folie à deux. D’une rencontre sur fond d’insurrection. Peut-être d’une insurrection sur fond de rencontre. Boy meets Girl. Une mythologie d’amour et de révolte. L’un n’allant jamais sans l’autre.
Le second film dont j’aimerais vous parler est : L’époque de Matthieu Bareye.
Ce long-métrage est unique. La traversée d’une époque. Si le film n’a pas la prétention d’y prétendre, il a le talent de le rendre visible. De rendre saillant le désarroi d’une jeunesse qui a le désir de rêver un ailleurs. De violemment rejeter un monde qui se vautre dans la consommation comme seul salut.
Ce film est grandiose par sa fragilité. Par ses plans de visages qui s’expriment. Parfois, avec maladresse, d’autre avec colère, toujours avec sincérité.
Au final, les événements de Nanterre n’invitent pas tant à la prise de parti qu’à une remise en cause. Des faits divers peuvent occasionnellement nous renvoyer la réalité que l'on se refusait à regarder. Incapable de l’éviter, il nous incombe collectivement de faire du drame l’occasion d’un espoir.