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Billet de blog 11 juin 2023

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Rendez-vous Culturel n°1 : Ce qu’il faut (re)découvrir cette semaine

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Illustration 1

Ce qu’il faut regarder ? Dark City d'Alex Proyas

Un néo-noir haletant. Une synthèse audacieuse de toutes les hypothèses métaphysiques implicites du cinéma américain.

Un monde de nuit sans fin où nos vies sont régies par un destin mystérieux. La métropole obscure, le tueur paranoïaque, le détective déterminé, la sirène de la boîte de nuit, la conspiration globale. Dark City est à la fois un assemblage de son genre et une mise à nu des origines gnostiques du film noir, le désir de transcender la matérialité et le déterminisme en dépeignant le monde comme un piège à souris à toute épreuve.

Ces ombres ne sont plus des ténèbres stylistiques, mais les ténèbres de la conscience, nos souvenirs étendus à travers le temps et l'espace, un reflet jungien à la fois de notre peur et de notre attirance pour le mystère qui réside dans chaque cœur humain. Dark City est à la fois un sous-monde et un sur-monde. Un circuit déterministe fermé et une étendue astrale infinie.

L'impulsion fataliste du roman noir cache une croyance puissante dans la disposition des êtres humains à créer leur propre destin. Un souvenir peut être faux, mais le sentiment qu'il éveille en nous, la texture de l'expérience elle-même, est extrêmement important. Quel que soit notre destin, il n'y a rien de plus étrange pour nous que notre propre disposition à agir dans n'importe quelle circonstance. Le roman noir, et en particulier Dark City, utilise la peur écrasante pour forcer ses personnages à découvrir leur humanité, une humanité qui ne dépend pas des "vérités" de la mémoire, de la personnalité ou des rôles sociétaux. Le succès ou l'échec est hors de notre contrôle, mais le choix d'agir est nôtre. C'est le but des histoires, c'est notre but, créer quelque chose à partir de rien, lutter contre l'inévitable - éclairer la nuit brumeuse de l'univers d’un milliard d'étoiles suspendues ensemble dans le vide.

Ce qu’il faut lire ?  L’entretien infini de Maurice Blanchot

Ce travail est d'une importance capitale. Blanchot parle aux textes des autres, par les textes des autres, par une parole plurielle : une parole qui dit l'impossible.

L'éthique de Blanchot s'épanouit dans ce recueil. Son rapport à l'autre, à l'altérité, y est si clairement énoncé, même si c'est nécessairement de manière obscure. 

Lisez cette œuvre. Luttez contre elle. 

Une citation pour vous y inviter :  "L'écriture ne commence que lorsque le langage, retourné sur lui-même, se désigne, se saisit et disparaît." Maurice Blanchot.

Ce qu’il faut écouter ? The Astrud Gilberto Album

En 1963, deux géants absolus de la Bossa Nova, Stan Getz et Joao Gilberto, ont collaboré à un album qui allait exposer la musique brésilienne au reste du monde et façonner le genre musical pour l'avenir. Sur cet album, ils ont invité la jeune épouse de Joao Gilberto, âgée de 24 ans, à chanter sur un petit morceau intitulé "The Girl From Ipenema". Comme nous le savons maintenant, ce titre est devenu un énorme succès dans le monde entier, et c'est ainsi que commence la carrière d'Astrud Gilberto.

Ce premier enregistrement est un disque de jazz samba délicat de la plus haute qualité. Accompagné par le brillant A.C. Jobim, cet album est rempli de classiques intemporels de la Bossa Nova qui sont à la fois éloquents et intelligents.

How Insensitive" est un titre magnifique et mémorable, tout comme "Dindi" et "Once I Loved".

Je vous invite à les écouter.

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