Othman Hakimi (avatar)

Othman Hakimi

Abonné·e de Mediapart

25 Billets

0 Édition

Billet de blog 13 juillet 2023

Othman Hakimi (avatar)

Othman Hakimi

Abonné·e de Mediapart

Les chemins de l’exception n°6 : Milan Kundera, La Valse aux adieux

Othman Hakimi (avatar)

Othman Hakimi

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1

« Je suis né un 1er avril. Cela a une signification métaphysique ». C’est par ces mots que Kundera parlait de lui-même. Romancier d’exception, Kundera avait l'élégance de regarder le sérieux avec dérision.

À ne se prosterner devant autre autel que celui de la littérature. Sa seule patrie, son seul déshonneur, son seul parti.

Immense par son écriture, Kundera est de ces hommes que la biographie révulse. Hermétique à la louange, il voulait qu’on ne parle que d’une chose : ses romans. Le reste n’était que plaisanterie.

La plaisanterie, titre de son premier roman publié en 1967, était sous-jacente à sa prose. Légèreté et pesanteur se conjuguaient, avec grâce quand sa plume décidait de nous offrir quelques moments de bonheur.

Son plus grand succès, L’insoutenable légèreté de l’être, publié en 1990, est son chef-d'œuvre. Éblouissant de mélancolie, ce roman est une cathédrale cynique.

Un roman complexe sur la mesquinerie de l’être humain. Sa prodigieuse capacité à donner du sens au mensonge.

La suite de son aventure d’écrivain est inégale. Beaucoup, pensent que son passage à la langue française en 1993, signera le début d’un déclin. Une chute de ses sommets littéraires, qu’il n’arrivera plus jamais à gravir.

Pourtant, au détour d’une phrase, son génie éclate, se refusant au stigmate de la déchéance.

En somme, la mort de Kundera, rappelle des souvenirs de lecteurs, des émois, peut-être même une certaine tristesse. Celle de voir un grand romancier mourir, mais aussi de lire des phrases d’une beauté écrasante.

Des phrases qui nous rappellent que le génie est affaire d'élection.

« Le fleuve coule de siècle en siècle et les histoires des hommes ont lieu sur la rive. Elles ont lieu pour être oubliées demain et que le fleuve n’en finisse pas de couler. »

Les livres de Kundera sont, comme le fleuve, intarissables. De cet écoulement, une musique se dégage. Un rire, qui vient s’échouer sur le rivage.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.