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La banque centrale ne communiquait plus de données chiffrées sur l'économie du Venezuela depuis deux ans. Même si les observateurs extérieurs ont depuis longtemps tiré la sonnette d'alarme, les chiffres que vient de livrer l' opposition viennent confirmer l'état catastrophique du principal pays pétrolier d'Amérique du sud.
L'inflation s'est ainsi élevée l'an dernier à 2.616 %, a affirmé l'Assemblée nationale, où l'opposition au gouvernement de Nicolas Maduro est majoritaire. D'après les chiffres fournis par des élus de l'opposition, pour le seul mois de décembre, les prix ont augmenté de 85 %, bien au-dessus du seuil des 50 % qui sert de référence pour déterminer une situation d'hyperinflation. « L'inflation rien qu'au mois de décembre est plus importante que celle accumulée (au cours de toute l'année) par l'ensemble des pays d'Amérique latine », a déclaré le député José Guerra. S'ajoute une dégradation grandissante des secteurs de production. Le pétrole, faute d'investissements, a vu ses rendements baisser. Selon l'OPEP, depuis mai, la production a reculé de 16 % soit une baisse de 350.000 barils par jour. Toujours prompt à dénoncer un complot, le régime n'a rien trouvé de mieux que de faire arrêter 60 cadres dirigeants de PDVSA, la compagnie pétrolière nationale, et de les remplacer par des personnages dépourvus d'expérience.
Deux euros par mois
Pour tenter de limiter les effets de l'hyper-inflation sur la population, Nicolas Maduro a augmenté de 40 % le salaire minimum en début d'année. Mais, au marché noir, il ne se monte qu'à deux dollars (1,7 euro) par mois. Il s'agissait en fait de la sixième hausse en un an. Ce coup de pouce, comme les précédents, est loin de suffire pour compenser la baisse du pouvoir d'achat. Dans le même esprit, le gouvernement a donné ordre aux commerçants de ramener leurs étiquettes de prix au niveau auquel ils se trouvaient un mois plus tôt. Certains supermarchés de Caracas ont été pris d'assaut. « Nous avons faim ! Nous voulons de la nourriture », criait la foule devant le supermarché. « Chez moi, nous ne mangeons pas trois fois par jour », raconte à l'AFP Mileidy Acosta, mère de famille de 28 ans, avec ses trois enfants. « Les gens en ont marre. Une personne qui gagne le salaire minimum ne peut même pas acheter de la sauce tomate. » Outre la faim qui touche plusieurs millions de personnes, il y a aussi des décès dus à la pénurie de médicaments.
Nourriture dans les poubelles
Les queues devant les supermarchés et les gens cherchant de la nourriture dans les poubelles sont des scènes typiques de la crise au Venezuela.