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Le 4 Février 1992 Hugo Chávez a commencé un long voyage: la plus grande opération de démolition institutionnelle jamais entreprise dans l’histoire du Venezuela, et probablement dans celle d’Amérique Latine aussi. Un continent riche en coup d’Etats, qui a chaque fois se sont soldés avec la misère des peuples. Ce qui avait commencé comme un soulèvement militaire, sais aucun appui social, ni populaire, ni politique, s’achève avec la ruine d’un pays saigné à blanc.
En lisant notre histoire, on peut constater que le Venezuela est condamné à débuter chaque siècle avec un retard de 30 ans, par rapport à ses voisins. Cela a été ainsi au XIX, avec une guerre d’indépendance qui l’a laissé ruiné pendant un demi siècle; au XXème siècle, ce fut les 27 ans de la dictature de Juan Vicente Gómez, et au XXIème, c’est avec Chávez et ensuite Maduro, et la circonstance aggravante qu’une année dans l’ère de la connaissance et de la communication, équivaux à une dizaine d’année du passé. Tandis que la caste militaire, avec un homme de paille qui dirige le pays, cherche comment distribuer farine de mais, et qui a comme idéal d’avenir le régime castriste de Cuba (avenir pour eux bien sur, pas pour le peuple), tous nos pays voisins se développent, de manière générale en économie, liberté et droits humains, pour ne pas nommer sciences et technologies multiples et diverses.
Comment en sommes nous arrivés là?
La défaite des coups d’état de Hugo Chávez du 4 février et 27 novembre 1992, a déclenché une vague de refus envers un système, lequel malgré ses failles, donnait les plus amples libertés civiles, et possibilités de développement à toute sa population. Pierre par pierre, Chávez s’est donné à la tâche de démonter tout ce système de droit et libertés civiles pour le substituer, par ce que aujourd’hui s’avère être l’autocratie dirigée d’une main de fer par Nicolas Maduro: un système policier, sans élections, liberté d’’expression réduite au minimum et où il est impossible d’aspirer à un meilleur avenir, à moins de faire partie de la caste gouvernante.
Une caste de surplus si réduite, que c’est toujours les 200 ou 300 mêmes individus qui s’alternent les postes, comme au jeu des chaises musicales, car ils ne peuvent ni accepter personne d’autre, ni personne d’honnête et sain d’esprit ne voudrait joindre un groupe, qui dès qu’ils perdront le pouvoir, devront répondre de tous leurs crimes, au Venezuela et/ou à l’étranger. Cela ne leur a pas suffit de baigner dans la corruption - car ce régime est sans le moindre doute le plus corrompu de l’histoire de l’Amérique Latine-, il a fallu qu’ils trempent aussi dans le traffic de drogues (le cartel de Los Soles) et dans la violation chronique des Droits de l’Homme (pénuries criminelles d’aliments et médicaments, prisonniers politiques, tortures, etc).
Et pendant ce temps là, le peuple vénézuélien souffre de cette situation dantesque. Au manque de démocratie, on peut ajouter un recul historique en ce qui concerne le développement de la population, qui se retrouve comme il y a un siècle en arrière, dans les domaines de l’alimentation, la santé, la technologie, les services et l’éducation.
Techniquement, le Venezuela souffre une situation de post-guerre, mais sans la guerre. Par contre les chiffres des mort violentes correspondent bien à ceux d’une guerre civile.
Pour le moment voilà où nous en sommes, car le rêve de Chávez comme l’explique l’historien Agustin Blanco Muñoz dans son livre “Habla el comandante”, était bel et bien une guerre civile “juste et libératrice”, tant soit peut qu’une guerre puisse être juste. Un autre historien, Manuel Caballero, décédé aujourd’hui, disait déjà en 1998, que Chávez était “le candidat de la guerre civile”. Et lorsque Maduro et ses acolytes disent que “l’alternative au dialogue est la violence”, ils ne font pas référence à la société civile, composée de personnes qui ne désirent que vivre en paix et qui s’oppose farouchement à ce régime. Ils font référence à eux mêmes, car ils savent que tôt ou tard, ils devront payer le prix d’autant d’années de destruction d’un pays et de souffrance d’un peuple. Et c’est sûr, la plupart d’entre eux termineront leurs vies dans des prisons ou par leur propre main, car après toutes ces horreurs, ils n’auront aucun autre choix.
Pedro García Otero