Leonardo Padrón
C’était la réponse officielle du régime vénézuélien au reportage de CNN « Les Passeports de l’Ombre », sur la délicate affaire des passeports vénézuéliens vendus à des membres du Hezbollah, c'est-à-dire à des terroristes islamistes.
Et voilà comment se concrétise la menace que depuis deux ans planait contre CNN. Encore un média est passé par la guillotine de la « révolution ». ici on ne parle pas mal de Chávez, ni de Maduro, ni de Delcy, ni de Tarek, ni de personne qui fasse partie du cercle fermé des élites du pouvoir révolutionnaire. La presse libre a toujours été un grand malaise pour les dictatures.
Il suffit de regarder en arrière, et constater les sistématiques actions contre la liberté d’expression. Ils ferment RCTV. Achètent El UNiversal ainsi que la Cadena Capriles toute entière. Démantèlent Globovisión. Ruinent El nacional. Obligent à l’exil trois éditeurs : Miguel Henrique Otero, Alberto Federico Ravell et Rafaél Poleo. Confisquent le passeport de Teodoro Petkoff du journal Tal Cual, qui est réduit à juste deux pages hebdomadaires. Eteignent une centaine de stations radio indépendantes. Asphyxient jusqu’à la fermeture des quotidiens régionaux. Condamnent à quatre ans de prison le directeur du Correo del Caroní. Mettent en bouillie 6to Poder. Obligent au changement de ligne éditoriale tous les autres. L’écuation est simple : je te donne du papier si tu publie ce que je te dis. Ils échangent le renouvellement des concessions des chaines télé en échange de JT complaisants avec le régime et des télénovelas ennuyeuses. Expulsent NTN24, la chaine colombienne. Interdissent la transmission de la série « El comandante », qui retrace la vie et « œuvre » de Chávez. Remettent dans un avion de retour à Paris Bernard de la Villardière venu faire un documentaire sur les pénuries. Arrêtent et expulsent des journalistes brésiliens venu enquêter sur le scandale Odebrecht. Interdissent l’entrée au pays à un journaliste espagnol qui travaille pour une station radio allemande. Déportent une équipe d’Al Jazeera qui voulait couvrir la manif du 1er septembre 2016. Piratent les réseaux des journaux digitaux. Accusent un simple portail web (Dolar Today) de détruire l’économie du pays avec les plus grandes réserves pétrolières au monde. Harcellent des journalistes. Jettent en prison à Braulio Jatar pour avoir diffusé la vidéo de Maduro se faisant « caceroller » par la population de Villa Rosa. Ordonnent aux colectivos d’agresser les reporters et de leur confisquer/voler/casser leur matériel. Obligent les photographes d’effacer leur cartes mémoires des de vidéos et photos embarrassantes. Et passent sous silence toute news qui puisse perturber leur réputation déjà pas très reluisante de la bolibourgeoisie.
Et aux dernières nouvelles, le Ministère de la Communication va prendre note de tous les médias qui oseraient publier au sujet des sanctions économique que Washington impose au Vice Président Tarek El Aissimi et les graves faits dont il est accusé. Que en 2016 Ipys Venezuela a détecté 126 cas d’attaques contre l’intégrité physique de journalistes et de travailleurs des médias de communications.
Et ceci n’est qu’une simple liste vite fait de la dévastation de la liberté d’expression et des agressions contre le journalisme. Et bien sûr, le régime s’occupera activement de la faire grossir.
El voilà l’état de la presse libre au Venezuela. Prisonnière. Séquestrée. Blésée à mort. Et tant qu’on y parle, parlons en des murs, qui sont à la mode de nos jours, faudra voir comme la presse internationale fera pour sauter par-dessus les murs, chaque jour plus hauts et infranchissables qu’impose le régime pour empêcher les journalistes de reporter des vérités gênantes que le monde doit connaître.
Il est du devoir de chaque vénézuélien de réclamer son droit au libre accès à l’information. D’exiger le respect des journalistes.
Dans tous les cas il faut que le régime le sache : Ils peuvent mettre les écrans au noir, éteindre les micros, arrêter les rotatives, la vérité termine toujours par écrire l’histoire.