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Malgré les malaises, le baril de pétrole se trouvait à 90$. Il était question de donner de la flexibilité au contrôle de change, aux contrôle des prix et que les lois du travail seraient vérifiées.
Il y avant encore une marge de manoeuvre.
Le plan avait été préparé par des économistes “compétents” du régime. Il ne représentait pas un véritable changement de modèle, mais il aurait pu soulager quelques uns des points les plus épineux de la crise, et cela aurait put être le début d’un nouveau cap.
Le peuple était conscient du besoin de donner un nouveau tournant à l’économie. Mais les intérêts particuliers des différents groupes du chavisme ont primé sur l’intérêt national.
Quant au pouvoir de ces intérêts, il est bon de mentionner que ce programme lui a couté le poste à Rafaél Ramírez, son principal architecte et tout puissant Ministre du Pétrole de l’époque, qui était considéré comme un pilier du régime chaviste.
Ni alors, ni plus tard ont été mis en place les correctifs indispensables. Et en moins de deux ans, l’économie vénézuélienne, dépendant à plus de 90% des revenus pétroliers, s’est complètement paralysée.
Ceux-ci sont des sujets que Nicolás Maduro a voulu cacher sous le tapis, en utilisant le subterfuge d’une supposée “guerre économique”, encouragée par ses coupables préférés: l’oligarchie et l’impérialisme yankee.
Par contre ce qui est vrai, c’est que l’énorme trou fiscal qui atteint aujourd’hui 20% du PIB n’a pas un seul et unique coupable.
C’est plutôt la somme de gâchis, corruption, politiques économiques destructives, l’assaut permanent au trésor public, et last but not least, l’énorme dépense de la dernière campagne présidentielle de Chávez, ce qui a été reconnu et documenté par ses propres ministres.
Pendant presque une décennie; le boom pétrolier et l’endettement imprudent, on réussi à créer le mirage d’une mobilité sociale ascendante. Cela n’était pas important s’il ne s’agissait que de la redistribution d’une (petite) partie de cette rente en babioles pour les pauvres, comme s’il s’agissait des prix d’un show télévisé, tandis qu’il empochait le reste. Ces dépenses (et corruption) avaient du sens tant que le Venezuela recevait les pétrodollars de sa plus grande période historique de bonanza. Lorsque Chávez est mort et la bonanza s’est terminé, il a été évident que cette prospérité n’était qu’un tour d’illusionniste, sans aucun appui sur les vraies capacité économiques du pays.
Et ceci est une donnée très interessante sur la vraie nature du chavisme: ce n’est ni une révolution ni une démocratie, mais plutôt une kleptocratie portée par les épaules d’un leader charismatique.
La crise que nous vivons aujourd’hui au Venezuela, s’est propagé à tous les secteurs de société à une vitesse exponentielle, détruisant tout à son passage et générant les pires vices d’une économie du désastre dirigé par un régime, non seulement inefficace et autoritaire, mais en plus profondément rongé par la corruption.
La réponse de Maduro c’est plus de contrôles, confiscations, expropriations et intimidation au secteur privé, et plus de répression pour l’opposition. Comme s’il essayait d’éteindre un feu avec de l’essence, il a accéléré la détérioration en pariant sur les mêmes formules qui ont déjà échouée dans le passé.
Mais le vrai problème du Venezuela est que l’économie n’est qu’un aspect symptomatique de sujets qui sont structurels.
Chavez a aggravé tous les problèmes historiques associés à un modèle économique basé en l’extraction des richesses naturelles. Et pour faire fonctionner ce modèle, il a ajouté la monopolisation totale de toutes les institutions. Après 17 ans de chavisme au pouvoir, le contrôle est aujourd’hui si absolu, que la société civile ne compte plus aucun mécanisme pour pouvoir se défendre.
Ceux qui vont dans les hôpitaux, le retrouvent en ruines. Ceux qui font les queues pour acheter des denrées alimentaires, médicament ou autres produits du quotidien, reviennent bredouille. Et quand ils réussissent à trouver quelque chose, l’inflation (qui peut atteindre le 100% d’un mois sur l’autre sur certains produits) à englouti tout le salaire d’un mois.
Mais le pire c’est qu’ils veulent sortir de Maduro de manière démocratique avec le Référendum Révocatoire, et ne peuvent pas le faire car le CNE et tous les pouvoirs publics, sauf le Parlement, sont contrôlés par le régime d’une main de fer.
Quelqu’un disait: “Il n’y a pas que à Caracas qu’on a faim, mais dans tous le pays. Ils (le régime) ne peuvent plus maintenir ce mensonge qu’est la révolution, ils ne peuvent plus taire les voix qui grognent dans les barrios. C’était ce que Chávez craignait le plus. Il savait que c’était son point faible. Et aujourd’hui ils ne peuvent plus les taire, et si Caracas explose, c’est la fin de leur révolution de pacotille, le reste du pays suivra comme le dit notre Hymne National: ‘Seguid el ejemplo que Caracas dió’ “
Cette grogne augmente de jour en jour. Les gens qui se voient obligées à faire des heures et des heures de queues, marqués comme du bétail, disent qu’ils en on marre de la démagogie officielle et sont blindés face aux manipulations. Le peuple exige des solutions. Des récentes enquêtes confirment le malêtre populaire. Plus du 80% de la population ne croit pas au discours officiel. Des scènes de pillage, lynchage, et répression policière circulent au quotidien sur les réseaux sociaux et c’est de plus en plus courant d’entendre que cette crise ne s’arrangera pas par la voie pacifique et démocratique, mais de manière violente.
La détérioration de la qualité de vie est le bouillon de culture pour une nouvelle explosion sociale comme celle du Caracazo, la vague de pillages de 1989 qui fut durement réprimée par les militaires et qui a laissé près de 300 morts. Cette situation critique avaient crée les conditions qui ont fait possible l’arrivée de Chávez une décennie plus tard. Un nouvel événement comme celui-là, perturberai encore plus le pouvoir radical en place aujourd’hui.
La donnée inconnue est de savoir si les militaires vont soutenir Maduro et réprimer le peuple, ou s’ils laisseront que les choses se passent sans intervenir, ce qui serait un signal qu’ils ont retiré leur appui au régime.
Le Secrétaire Général de l’OEA, pense aux possibles mesures à prendre, même à appliquer la Charte Démocratique Interaméricaine. Et comme ce que pensent les militaires (mis à part les hauts gradés qui participent au gouvernement) est une boite noire, l’énigme militaire ne sera connue que s’il arrive une explosion sociale. Mais quel que soit le scénario, c’est certain que les militaires sont un facteur décisif.
Ce que vit le Venezuela est le crépuscule d’une utopie archaïque basée sur les délires d’un “caudillo”. Chávez n’est qu’une étoile éteinte, on parlera encore de lui, c’est certain, mais comme d’un cauchemar. Et ce n’est pas la première fois que cela arrive dans notre histoire, marquée par des coups, des révolutions des caudillos monstrueux et délirants. Des décennies après la mort du tyran Juan Vicente Gómez, les victimes qu’il avait torturé disaient encore “Du temps du général….”
Boris Muñóz