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Voici quelques extraits des témoignages publiés par le site indépendant de journalistes et universitaires vénézuéliens Prodavinci :
Leydis Mariana Farfán, assistante administrative, 19 ans : “Il y a deux jours, il ne nous restait que du sel et un peu de farine, nous n’avions rien pu trouver. Mon chef partage avec moi son déjeuner, qu’il apporte de chez lui quand il sait que je n’ai rien à manger.”
Alicibiades Lozano Guerra, soudeur, 60 ans : “J’ai déjà perdu 4 kilos. Je perds une journée de travail par semaine pour chercher de quoi manger. Et une journée de queue peut se terminer par deux litres d’huile ou même rien…”
Milagros Jiménez, cuisinière dans une école, 31 ans : “Quand mes quatre enfants petit-déjeunent, ils demandent ce qu’il y aura au déjeuner et quand ils déjeunent ils posent la même question pour le dîner, car ils ont toujours faim. Je dois diminuer les rations car si je leur donne tout au déjeuner, je n’aurais plus rien pour le dîner.”
Natasha Salvador, professeure d’université, 42 ans : “Je me sens comme une mendiante. Je viens d’en bas et je suis en train de retomber en bas. Mon seul but est de partir du pays, prendre mes enfants et fuir vers un lieu loin d’ici où il y a de quoi manger. Je ne veux pas que mes enfants mendient.”
José Luis Martín, chômeur, 30 ans : “J’ai perdu 15 kilos. Je n’avais jamais pensé que je devrais arrêter de travailler pour acheter de quoi manger. Et encore moins que je devrais passer douze heures à faire la queue pour qu’ils me disent à la fin que je ne peux rien acheter car il n’y a plus rien.”
ARTICLE ORIGINAL qui en vaut le détour: http://prodavinci.com/especiales/el-hambre-y-los-dias/index.html
Source:
Créé en 2009 au Venezuela, Prodavinci est un site de réflexion sur l’actualité qui recueille les analyses d’historiens, de scientifiques et d’universitaires sur la situation du pays.
Le fondateur, Ángel Alayón, est un économiste formé à l’Université de Chicago aux Etats-Unis, qui ambitionnait, en créant Prodavinci, d’appeler “à une renaissance des idées”, en référence au grand esprit de la Renaissance, Leonardo da Vinci (1452-1519).
La particularité de Prodavinci est de ne pas se contenter de tirer à boulets rouges sur le pouvoir en place, à l’instar d’autres sites critiques. En 2015, Ángel Alayón confiait au magazine américain Foreign Policy : “l’opinion, c’est nul, et ce que je veux dire par là, c’est qu’au Venezuela, ce qui tient de l’opinion n’est pas solide car ce n’est pas argumenté. Les gens peuvent avoir une opinion mais ils doivent en dérouler les fondements.”
Ce parti-pris de “sérieux” permet au site d’attirer un nombre croissant de lecteurs dans un contexte où, au Venezuela, la vie politique est extrêmement polarisée entre tenants du régime bolivarien et opposants.