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Billet de blog 24 février 2018

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Venezuela Info: grave crise humanitaire et sanitaire

Portée par une grave crise socio-économique, la pauvreté touche la grande majorité de la population au Venezuela

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Par Brahim Salaheddine AMHIL.
Caracas – La pauvreté au Venezuela a touché 87% de la population en 2017 accentuée par une hyperinflation estimée à 2.600% dans le pays, tel est le constat d’une étude menée par les principales universités vénézuéliennes sous l’intitulé “Enquête sur les conditions de vie en 2017” (Encovi).
Selon les résultats de cette enquête, publiés jeudi, la détérioration du niveau de vie des ménages, après 4 ans de crise économique, a été “monumentale”, en ce sens qu’entre 2014 et 2017, la pauvreté matérielle est passée de 48,4% à 87% et qu’environ 8 millions de Vénézuéliens mangeaient deux repas ou moins par jour.
La situation est telle que “neuf Vénézuéliens sur dix n’ont pas les moyens de se nourrir”, constate Marianella Herrera, spécialiste de la nutrition à l’Université centrale du Venezuela, ajoutant que 64% de la population consultée lors de cette étude avait perdu en moyenne 11 kilos de masse corporelle au cours de la dernière année.
Le salaire minimum ajouté au bonus alimentaire au Venezuela est de 797.510 bolivars, soit environ 32 dollars, un montant qui suffit à peine pour acheter un peu plus de deux kilos de viande dans ce pays frappé par une grave crise socio-économique.
En plus, 61% des personnes interrogées ont déclaré qu’elles s’étaient souvent “couchées affamées” parce qu’elles n’avaient pas assez de nourriture à la maison, alors que 90% affirment que leur revenu “ne suffisait pas” pour acheter la nourriture nécessaire.
Les enfants sont parmi les plus touchés par cette situation. Trois enfants sur 4 âgés de 3 à 17 ans parmi les plus démunis ont cessé d’aller à l’école faute de nourriture.
En effet, un nombre croissant d’enfants souffrent de malnutrition au Venezuela en raison de la crise économique prolongée qui touche le pays, avait averti fin janvier le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).
Bien que des chiffres précis ne soient pas disponibles en raison de données officielles limitées sur la santé ou la nutrition, il existe des signes évidents que la crise limite l’accès des enfants aux services de santé, aux médicaments et aux aliments de qualité, affirme l’agence onusienne, tout en appelant à “la mise en œuvre rapide d’une réponse à court terme à la malnutrition”.
L’UNICEF a réitéré sa volonté de renforcer son appui au gouvernement et aux partenaires de la société civile pour atténuer l’impact de la crise sur les enfants les plus vulnérables et étendre la surveillance nutritionnelle au niveau communautaire, fournir des services de récupération nutritionnelle via des partenaires, soutenir cinq maternités prioritaires dans le district de la capitale et promouvoir l’allaitement maternel.
La crise alimentaire au Venezuela affecte non seulement les gens, mais aussi les animaux. Dans le zoo de Zulia, un état du Venezuela, environ un millier d’animaux souffrent d’une pénurie de nourriture, selon le journal local “Panorama”.
Le lion, le puma, le tigre et deux condors ne mangent qu’une fois par semaine, alors qu’ils boivent à peine de l’eau. Beaucoup de carnivores et de charognards meurent dans leurs cages. Parfois, un animal est sacrifié pour nourrir les autres, ajoute le média.
Comme si la crise alimentaire n’était pas suffisante, des frictions politiques considérables sont à prévoir en raison de l’appel lancé, mercredi, par le président Nicolas Maduro, à des législatives anticipées, alors que le scrutin est prévu pour 2020 et que le Parlement est le seul organe de pouvoir contrôlé par l’opposition dans ce pays en crise.
Maduro a proposé “d’avancer les élections (législatives) pour renouveler le Parlement”, tout en réaffirmant que “l’élection (présidentielle) se tiendra qu’il pleuve ou qu’il vente, avec la MUD (Table de l’unité démocratique, principale coalition d’opposition) ou sans la MUD”, alors que cette dernière venait d’exclure de participer au scrutin du 22 avril dans les circonstances actuelles.
Côté régional, le gouvernement Maduro n’est pas en bon termes avec ses voisins comme en témoigne la décision du gouvernement péruvien de révoquer l’invitation adressée au président vénézuélien pour prendre part au Sommet des Amériques, prévu à Lima les 13 et 14 avril prochain.
Selon une lettre envoyée par la ministre péruvienne des Relations extérieures, Cayetana Aljovin, à son homologue vénézuélien Jorge Arauza, il a été décidé de révoquer l’invitation adressée par le Pérou au président Maduro pour prendre part au Sommet.
D’après le document, la décision a été prise par le président péruvien Pedro Pablo Kuczynski et conformément à la Déclaration de Québec adoptée par le Troisième Sommet des Amériques en 2001.
Le Pérou avait annoncé que la présence du président Maduro n’était pas la bienvenue au huitième Sommet des Amériques, suite à une décision prise dans ce sens par les pays du Groupe de Lima.
Le Groupe de Lima, réuni dernièrement dans la capitale péruvienne, avait appelé le gouvernement vénézuélien à reconsidérer son appel à des élections présidentielles anticipées pour le 22 avril prochain, considérant que ce rendez-vous électoral “manque de légitimité et de crédibilité”.
Les membres du Groupe de Lima, qui se compose de l’Argentine, du Canada, du Chili, de la Colombie, du Guatemala, du Honduras, du Mexique, du Panama, du Paraguay, du Pérou, du Brésil et du Costa Rica, ont exprimé dans une déclaration conjointe publiée à l’issue de cette réunion, leur “ferme rejet” de l’annonce de la tenue de ces élections, affirmant qu’elles ne peuvent être “démocratiques, transparents et crédibles”.
De son côté, le président de la Commission de politique extérieure du Parlement vénézuélien, Luis Florido, a exprimé le soutien de l’institution législative à la dernière déclaration du Groupe de Lima, la qualifiant de décision ferme et énergique.
Selon M. Florido, le communiqué du Groupe de Lima sur les élections au Venezuela “a été très ferme et énergique”, le considérant comme un “soutien au peuple vénézuélien à qui le régime a ôté tout droit à des élections libres et démocratiques”.
Alors que leur pays s’enlise de plus en plus dans une impasse, les Vénézuéliens n’ont d’autre choix que d’aller chercher des jours meilleurs sous d’autres cieux.
Selon des statistiques révisées, rendues publiques récemment par le gouvernement colombien et l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), environ 600.000 personnes provenant du Venezuela se trouvaient en Colombie au 31 décembre 2017.
Pour sa part, l’Office du Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) indique que 133.000 Vénézuéliens ont demandé l’asile dans d’autres pays entre 2014 et 2017 et que 363.000 autres ont bénéficié d'”alternatives légales”, offertes par les pays d’Amérique latine.
Le Venezuela, comptant des réserves de pétrole parmi les plus importantes au monde, est plongé dans une grave crise économique et politique qui risque d’empirer encore plus dans la perspective d’une hyperinflation de 13.000% en 2018, selon le Fonds monétaire international (FMI), alors que la popularité de M. Maduro a atteint un nouveau bas avec plus de 70% des citoyens souhaitant son départ.

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