Agrandissement : Illustration 1
La récession de 2008-2009 est loin derrière, mais la stagnation des revenus donne à bien des gens — une majorité d’Américains, certainement — le sentiment qu’on n’en est toujours pas sorti. Du coup, la notion d’une «redistribution de la richesse» a trouvé une nouvelle vigueur. À l’étranger, l’expérience intensive du Venezuela sur ce plan a servi de modèle pendant quelques années.
La présidence d’Hugo Chavez, qui s’est terminée avec sa mort en 2013, a réussi, en contrôlant l’économie et en puisant dans les vastes revenus pétroliers du pays, a quelque peu atténué les disparités au sein de la société vénézuélienne. Des gains ont été engrangés dans la lutte contre la pauvreté, l’analphabétisme et, de manière générale, l’inégalité des revenus.
BIEN COMMENCÉ, MAL FINI
Entre 1999 et 2012, le taux de pauvreté serait passé de 50 % à 30 % de la population. Un succès évaporé au cours des dernières années: une étude réalisée par des universitaires locaux avance maintenant que trois Vénézuéliens sur quatre vivent dans la pauvreté.
Le contrôle strict des prix et du boliviano, la monnaie nationale, couplé à un florissant marché noir pour les dollars américains, a généré une inflation colossale. La production de nourriture comme de biens de consommation s’est mise à ralentir au point où l’on manque désormais de tout. Il faut lire à ce propos les récents comptes rendus de Nicholas Casey, le correspondant du New York Times dans la région.
Les 2000 kilomètres qu’il a parcourus à travers le pays lui ont fait voir une économie en ruine et rencontrer des Vénézuéliens accablés. Les pénuries de lait, de farine de maïs, de fèves et même de papier de toilette provoquent des files d’attente interminables devant les commerces. On peine même à se soigner: la Federación Farmacéutica Venezolana dénonçait, en fin d’année dernière, les carences pour environ 70 % des médicaments de base.
VOILÀ QUE SE POINTE UN MOUSTIQUE
Une situation d’autant plus tragique que le Venezuela fait face à ce que le Washington Post a qualifié du «pire des scénarios» devant un nouvel ennemi: les moustiques porteurs du virus Zika. Le système de santé, durement affecté par le chaos économique, n’a pas les moyens de répondre adéquatement à l’épidémie grandissante.
Pire, le gouvernement vénézuélien minimise le danger et limite la circulation d’informations sur la propagation du virus. Ainsi, alors que 5000 cas d’infection ont officiellement été relevés au pays, les experts croient que le nombre de personnes infectées atteint plutôt un demi-million, ce qui ferait du Venezuela le pays le plus affecté après le Brésil.
Dans ce cas-ci, comme par rapport au véritable taux d’inflation ou d’homicide dans le pays, les Vénézuéliens sont tenus dans l’ignorance. Et comme l’indiquait un ancien ministre de la santé au correspondant du Post, «sans communications valides, la première chose qui s’amplifie n’est pas l’épidémie, mais la peur et la panique». Après quinze ans de révolution bolivarienne, les Vénézuéliens en sont malheureusement rendus là.
LE VENEZUELA À BOUT DE SOUFFLE
30,4 millions d’habitants
Espérance de vie : 74,5 ans
PNB : 491 milliards $ US (2015), dont 25 % proviennent des exportations de pétrole.
39e économie au monde
Inflation :
- 2015 = entre 150 et 275 %
- 2016 = 720 % ( prévisions du FMI )
- Croissance économique en 2015 : – 5,7 %
Homicides en 2015 (Pour 100 000 habitants)
Pays
1. Honduras 90,4
2. Venezuela 53,7
3. Belize 44,7
4. El Salvador 41,2
5. Guatemala 39,9
Grandes villes
1. Caracas, Venezuela 119,87
2. San Salvador, El Salvador 108,54
3. Acapulco, Mexique 104,73
4. Tegucigalpa, Honduras 73,51
5. Le Cap, Afrique du Sud 65,53
RICHARD LATENDRESSE