Ose le rose, le rose si tu l'oses...

Nous sommes à l’ère de l’obsolescence programmée : on jette au lieu de réparer, c’est valable pour les objets comme pour les hommes et les idées. Le socialisme en fait partie, ce mot est devenu une invective, une insulte. « Les socialos plus jamais ! » ou «Tout le monde déteste le PS ! », slogan scandé dans les manifs de la France insoumise qu’incarne Jean Luc Mélenchon. Certains, avec véhémence, nous exhortent à boycotter les élections aux primaires de la gauche. Certes le quinquennat Hollande-Valls a été des plus désastreux et ces deux-là ont largement contribué à la diabolisation du Parti socialiste, mais pour autant faut-il renier le précieux héritage de Jean Jaurès, ou de Léon Blum, faut-il oublier ce qu’on leur doit à ceux-là en avancées sociales qui pouvaient aussi, en leur temps, passer pour des utopies avant qu’elles ne soient mises en œuvre ?
Oh, tout n’a pas été rose, loin de là, des erreurs ont été commises, il y a eu des trahisons, des renoncements, des confusions, des lassitudes, et d’enchantements en désenchantements ce Parti a fini par se perdre. Pour autant faut-il jeter le bébé avec l’eau du bain. Au mieux, cette débâcle obligera ce vieux Parti à sa refonte radicale, il lui faudra se réparer, s’améliorer, s’élargir pour mieux s’adapter aux nouveaux enjeux sociétaux, écologiques et politiques de demain. Il ne pourra pas relever les autres défis s’il ne commence pas par celui-là. Charité bien ordonnée commence par soi-même...
Jean Luc Mélenchon est issu de ce socialisme, il en est pétri même si aujourd’hui il tente de le tuer comme on tue le père afin de s’en affranchir. Je veux croire que sa haine du socialisme n’est que l’expression de son amour déçu.
Cette guerre des gauches (une autre guerre des roses ?) cette guerre des égos plutôt, nous fait presque oublier que le vrai danger à combattre c’est la droite dure d’un François Fillon, ou danger encore plus grand : l’extrême-droite de Marine Le Pen. Il ne faudrait pas se tromper de colère ni de combat.
Il est contreproductif et dangereux d’inciter les gens à ne pas se rendre aux primaires de la gauche. D’autant plus qu’une faible participation ne pourrait qu’avantager Manuel Valls dont nous ne voulons plus dans le paysage politique. Assurons-nous de l’écarter comme nous l’avons fait pour Sarkozy aux primaires de droite et ce serait une première victoire.
j’ai longtemps pensé que seul Jean Luc Mélenchon était de taille à faire barrage à Marine le Pen, sans doute à cause de son côté populiste qui rejoint celui de la présidente du Front National, mais son ascension fulgurante, sa côte de popularité chez des militants de plus en plus nombreux et dans les sondages de plus en plus flatteurs, me font craindre le pire : il est tellement sûr de sa victoire qu’il dédaigne ceux qui lui tendent la main, comme benoît Hamon ou Arnaud Montebourg.  A vouloir trop s’approcher du soleil, on finit dans la mer comme Icare. Et il n’est pas question de perdre qui que ce soit en chemin. Tous (Valls et Macron sont dispensés) doivent faire front pour combattre les deux fléaux qui s’annoncent.
Pourquoi plutôt ne pas unir ses forces, ses idées, ses compétences et ses expériences diverses autour d’un parti qui réunirait toutes les sensibilités de gauche, un parti ouvert et vivant, vibrant d’échanges constructifs, d’audaces et d’utopies mises en action, oeuvrant tous ensemble à faire une société nouvelle, bonne et fraternelle. On pensera peut-être que c’est là une autre utopie ? Ça commence toujours par une utopie...