Hommes femmes enfants On vous appelle migrants Vous fuyez la guerre et la misère Les deux ne vont-elles pas de paire ? Vous traversez des déserts Vous affrontez des bras de mer Orphelins de vos villages pour échouer sur d'improbables rivages Vous fuyez le chaos de vos pays de douleur Au risque des flots meurtriers où vous jettent vos prédateurs Seulement portés par vos espoirs insubmersibles D’une vie bonne, d’une vie libre, d'une vie possible Vous fuyez pour la dignité, le pain et la liberté Vous fuyez pour la paix C’est votre devoir, c’est votre droit Bienvenue à Lampedusa ! Hélas ! Tous les radeaux de La Méduse Ne s’arrêtent pas à Syracuse Cette terre des merveilles, à peine entr’aperçue Patrimoine de l’Humanité dont vous êtes exclus Ah, la belle Hermione a fière prestance Les voiles gonflées de suffisance Quand elle part aux Amériques En ce mois d’avril tragique A-t-elle croisé vos radeaux naufragés A-t-elle compris votre soif de liberté Que vous rêviez au péril de votre vie En ce mois d’avril maudit Cependant qu’à Bruxelles De cyniques officiels Évaluent le coût-bénéfice De vos vies en sacrifice En rade dans la jungle de Calais Où des cerbères, gardes côtiers Empêchent vos rêves d’outre-manche Ils ne savent pas qu’ils sont étanches D’écueils en centres d’accueil De presqu’îles en exils Quand franchirez-vous le seuil Mes frères, d’un fraternel asile ?
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