Dans ce documentaire diffusé hier soir sur FR3 que Gérard Miller consacre à Jean-Luc Mélenchon, celui-ci nous explique que « la colère n’est pas une perte de sang-froid mais l’affirmation d’une volonté ». La colère qui dit l’indignation est certes saine et nécessaire mais l’indignation n’est pas forcément l’invective systématique. Il ne faut pas confondre porter de la voix et vitupérer des insultes.
Jean-Luc Mélenchon est un grand orateur, brillant, sensible, cultivé, amoureux des belles lettres et des poètes. Alors qu'a-t-il besoin d’emprunter le vocabulaire et la posture populistes du front national qui ne font que le desservir.
Je suis le bruit et la fureur, le tumulte et le fracas. Belle envolée shakespearienne, comme on les aime si ce n’est que tout ce bruit risque bien de couvrir d’autres voix avec lesquelles il pourrait, il devrait composer en bonne et loyale intelligence.
Ce documentaire ne nous apprend rien de vraiment nouveau sur Jean-Luc Mélenchon, sauf peut-être à nous rappeler sa cuisante défaite aux législatives de 2012, à Hénin-Beaumont, face à une Marine Lepen qu'il croyait dur comme fer vaincre tout seul. « Ne cédez jamais ! » lui avait conseillé François Mitterrand, son père spirituel. Je crains qu’il ne suive ce conseil à la lettre et que le même scénario ne se répète au mois de mai s’il continue de refuser les mains tendues, car il est persuadé, cette fois-ci encore, qu’il y arrivera tout seul. La colère quand elle se teinte d'orgueil n’est pas toujours bonne conseillère et l’union a toujours fait la force.
On voit déjà outre-Atlantique les dégâts meurtriers d'un Donald Trump, le seul président qui soit en train de tenir toutes ses promesses. Le vrai danger, pour nous, réel et tout proche, est bien Marine Lepen, qui ne manquera pas non plus de tenir les siennes.
Dans ce documentaire, Lilian Alemagna (auteur de Mélenchon le plébéien) dit ceci :
Le danger est qu’en utilisant certaines techniques, parfois certains mots de l’adversaire, on légitime, on banalise le discours de Marine Lepen, de l’extrême-droite notamment sur les élites, notamment sur l’Europe, sur les travailleurs détachés. Faire appel aux sentiments les plus primaires de la population est un risque pour Jean Luc Mélenchon. Il vaut mieux que ça Jean-Luc Mélenchon...
