Le Ministre du Commerce Amadou NIANG vient d’annoncer une baisse des prix des denrées de premières nécessités. Il s’agit notamment :
-du riz ; -du sucre ; -de l’huile ; -de la tomate ; -du savon et ; -du lait.
Auparavant, ses prédécesseurs Amadou Habibou Ndiaye et Diop De croix avaient respectivement dans la perspective d’une stratégie de baisse des prix de ces mêmes denrées annoncé sous la contrainte de la pression sociale,
-19 mesures pour infléchir le cours des prix, puis,
-un système de magasins de référence pour le même objectif.
Ces stratégies de baisse sont basées pour l’essentiel sur la rétrocession de marge qui veut que se soit l’opérateur économique qui abandonne contre son grés et contrairement aux usages commerciaux une partie de sa marge au profit du consommateur, ou que des grossistes agréés par l’Etat approvisionnent à des prix préférentiels des commerçants sélectionnés à cet effet pour vendre moins cher ou plus sérieusement la baisse par la suppression de taxes assortie de mesures d’accompagnement. Il convient d’examiner tour à tour ces différentes stratégies d’en apprécier l’impact et de dégager les limites objectives qui s’attachent à leur mise en œuvre.
- 1) LES 19 MESURES :
- Consolidation des mesures de suspension des droits de porte sur le riz brisé (toutes variétés confondues) ;
- Maintient de la suppression de la T V A précédemment acquittée sur le lait en poudre et le pain ;
- Gel des prix du gaz butane pour les emballages de 2 ,7 kg et de 6 kg à leur niveau arrêté en mars 2007 soit respectivement 1000f et2500f ;
- Maintient à leur niveau actuel des marges de distributeurs des frais de transport et de manutention de ciment ;
- Modération immédiate des prix et des marges de distribution du prix du riz brisé à tous les stades de commerce ;
- Rendre effectif le programme d’économie d’énergie rigoureuse face à la flambée continue des prix du pétrole ;
- Utiliser l’essentiel des plus values des recettes induites par l’augmentation de l’assiette fiscale des hydrocarbures importées pour soutenir le niveau des prix intérieurs des hydrocarbures ;
- Accélérer les investissements visant à diversifier les sources d’énergies (charbon biomasse éthanol solaire etc.) ;
- Accélérer les investissements visant les coups de production en hydrocarbure ;
- Accélérer l’exploitation et l’exploration des gisements de pétrole off shore ;
- Intensifier l’appui international (coopération bilatérale pour les importations des produits pétroliers finis et bruts ;
- Etudié la possibilité de soumettre les prix de certains produits locaux au régime de l’administration des prix ;
- Procéder sans délais à l’audit complet des comptes et des conditions de formation des prix du pain ;
- Accélérer la mise à disposition dans les quartiers des unités mobiles de fabrication du pain de la coopération internationale en vue d’un allégement effectif des coups de production et de distribution de ce produit ainsi que de l’amélioration sensible de sa compétitivité ;
- Installer avant la fin de l’année 2007 la première génération de magasins de référence pour laquelle l’Etat a déjà investi la somme de 1 ,1 milliard de F CFA dans la loi finance rectificative 2007 ;
- Entreprendre immédiatement avec les organisations syndicales les concertations nécessaires pour la création des centrales d’achats programmés pour lequel la somme d’1 milliard déjà inscrite dans la loi de finance rectificative 2007 ;
- Accompagner les présentes mesures et celles issues du conseil présidentiel du 29 juin 2007 par une large campagne de concertation sociale ;
- Renforcer les capacités et les moyens d’investigations et de surveillance des administrations chargées de la mise en œuvre de la politique concurrence de consommation et de distribution.
Ces mesures sont de trois ordres celles qui préconisent l’abandon de taxes et dont l’application aurait pu alléger les charges sur certains produits tels que le riz le carburant et le gaz ; c’est le cas de la suspension des droits de porte sur le riz brisé le lait le blé etc.… la subvention directe de certains produits les produits pétroliers notamment et les investissements visant à corriger les disfonctionnements de notre balance commerciale.
Pour intéressantes que soient certaines de ces mesures elles n’ont jamais été appliquées, ce qui laisse croire qu’Il s’agissait plutôt d’un effet d’annonce.
- 2) LES MAGASINS DE RE FERNCE :
Les magasins de référence ont pour mission de proposer aux consommateurs pour tous les produits exposés des prix moins chers que ceux proposés par les magasins traditionnels et par un effet d’entrainement pousser ceux-ci à suivre une tendance baissière marquée que l’on souhaiterait générale. Pour ce faire l’Etat a agréé des grossistes qui s’engagent à approvisionner ces dits magasins à des tarifs préférentiels.
Ces magasins de référence qui sont environ 600 sur toute l’étendue du territoire nationale n’ont pu réussir leur mission pour les raisons suivantes :
- Leur nombre insignifiant pour pouvoir infléchir le cours des prix ;
- Leur mode d’implantation sélective et espacé ;
- Les difficultés liées aux conditions d’approvisionnement.
Ainsi malgré les milliards qui ont été engloutis dans ce secteur l’impact de ces magasins est nul ajouté au fait que leurs implantions tout comme leur approvisionnement obéissant à des méthodes anti concurrentiels, sont contraires aux règles communautaires en la matière et aux exigences de l’OMC.
- LES DERNIRES MESURES DE BAISSE
La base légale de ces mesures est à chercher dans les dispositions des articles 42 et 43 de la loi 94 63 du 22 aout qui stipule respectivement :
-Article 42 : Lorsque les circonstances l’exigent pour des raisons économiques et sociales, certains biens, produits et services peuvent faire l’objet de fixation de prix par voie législative ou réglementaire ;
-Article 43 : nonobstant les dispositions de l’article 42 de la présente loi des mesures temporaires contre les hausses excessives des prix, motivées par des circonstances exceptionnelles ou par une situation du marché manifestement anormale dans un secteur déterminé peuvent être prises par arrêté du ministre chargé du commerce et dont la durée ne peut excéder 2mois renouvelables une fois.
Toute fois deux cas de figures peuvent être envisagés : les produits importés et les produits industriels locaux. L’approche ne peut pas être la même selon qu’il s’agisse de l’un ou l’autre cas.
-Pour les produits importés toute baisse doit s’apprécier sur les différends stades de commerce. L’on ne peut donc baisser les prix détail sans baisser ceux de l’import et du gros.
- Pour les produits industriels toute baisse se fera en accord avec les industriels.
ü Sous se rapport l’on peut préciser qu’en ce qui concerne le riz, les qualités visées sont le riz ordinaire qui passe de 325F à 280F et le riz ordinaire parfumé qui passe de 375F à 350F.
- Le sucre en poudre passe de 625F à 620F, le sucre en morceau de 675F à 670F ;
- S’agissant de l’huile, sont prises en compte l’huile en fût qui varie de 1100F à 1000F le litre et la dosette qui passe de 315F à 310F ;
- Le pot de 800g de tomate passe de 1100F à 1000F et celui de 2 kg de 2500F à 2400F ;
- Le savon de 200g passe de 105F à 100F alors que celui de 350g est désormais fixé à 250F au lieu de 260F ;
- Enfin le lait en poudre de 400g passe de 1400F à 1300F et le 500g coûte maintenant 1400F et non plus 1500F.
Remarque :
- Le riz parfumé de luxe le plus consommé dans les villes reste fixé à 400F le kg.
- L’huile raffinée en bouteille échappe à la baisse et reste sous le régime de la liberté des Prix, autrement dit de la loi de l’offre et de la demande ;
- Les autres variétés de lait autres que le lait en poudre ne sont pas concernées par cette mesure de baisse.
Limites de la baisse et difficultés de sa mise en œuvre:
- Faiblesse relative de la baisse; variant de 5F à 100F donc impact nul sur le panier de la ménagère ;
- Baisse limitée dans le temps, articles 42 et 43 de la loi 94-63 du 22 Août 1994 (2 mois renouvelables une fois) ;
- Difficultés de mise en oeuvre d’une baisse sur des prix relatifs à des produits acquis antérieurement par des opérateurs économiques sans reversement de la moins-value ; la moins- value étant le manque à gagner pour le commerçant, caractérisée par la différence entre les anciens et les nouveaux prix. Tant que ce manque à gagner n’est pas pris en compte, le commerçant peut s’opposer à l’application des nouveaux prix. Cette prise en compte suppose aussi l’allégement des charges pour l’importateur et l’abandon de certaines taxes par l’Etat.
En définitive, non seulement ces baisses sont limitées dans le temps (maximum 4 mois) aux termes desquels l’environnement concurrentiel international impose le retour au statu quo ante c'est-à-dire au régime de la liberté avec toutes les conséquences spéculatives qui s’y attachent et les désagréments pouvant en découler pour les consommateurs mais aussi et surtout, dans le contexte actuel la concertation avec les opérateurs économiques en vue d’un accord sur les prix à pratiquer est incontournable . En attendant le pouvoir d’achat continue à se détériorer et les prix à renchérir.
TABLEAU COMPARATIF DES PRIX (cf photo attachée)
* SG DE L’UNION COMMUNALE DE THIES
MEMBRE DU BUREAU POLITIQUE DU PS SENEGALAIS