OUMAR NDIAYE (avatar)

OUMAR NDIAYE

citoyen engagé, pas corrompu et actif

Abonné·e de Mediapart

34 Billets

0 Édition

Billet de blog 29 janvier 2011

OUMAR NDIAYE (avatar)

OUMAR NDIAYE

citoyen engagé, pas corrompu et actif

Abonné·e de Mediapart

Le problème de l’électricité au Sénégal - Comprendre la fronde des Imams de la banlieue dakaroise contre le racket énergétique

OUMAR NDIAYE (avatar)

OUMAR NDIAYE

citoyen engagé, pas corrompu et actif

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Pour comprendre la révolte des populations de la banlieue admirablement guidées par certains chefs religieux, ceux là même qui ont compris que leur intérêt se confond avec celui des populations et pas ceux qui ne pensent qu'à leur jouissance personnelle, il faut commencer par rappeler que sans électricité en offre suffisante et de qualité, point de développement économique ou de bien-être des populations.


Si en plus d'être privés d'électricité la majeure partie de la journée les foyers reçoivent des factures identiques ou le plus souvent plus élevées que d'habitude grevant ainsi des budgets presque entièrement dédiés à l'alimentation, il y a de quoi être révolté.
Sans être spécialiste de la matière, une rapide lecture des études et rapports de la BCEAO et autres institutions ayant travaillé sur le sujet des facteurs de production dans la zone UEMOA permet de tirer des constats alarmants sur cet élément indispensable à toute politique de développement que constitue l'électricité à l'instar de l'eau.


D'abord, le prix de l'électricité sous le régime de Abdoulaye Wade n'a cessé de croître. De 2002 à 2008, soit en 6 ans, le prix de l'électricité à doublé au Sénégal. En effet, de 73 F CFA le Kwh en 2002 (soit le 3ème plus cher de l'UEMOA), le prix de l'électricité moyenne tension est passé au Sénégal à 82 F CFA /Kwh en 2006 avant de culminer à 120 FCFA / Kwh pour le domestique et 160 F CFA / Kwh (hors taxes) pour l'usage professionnel sous la nouvelle grille tarifaire (clic pour voir pièce jointe) imaginée par Samuel Sarr dont on connait les dégâts faits au secteur de l'énergie au Sénégal notamment lorsqu'il était à la tête de la Senelec (lire par ailleurs un article de juillet 2008 publié sur notre site : "HUMEUR : Samuel "Doe" Sarr, : apprenti électricien mais pas sapeur pompier du tout" - http://www.socialisme-republiquesn.org/humeurs/humeur-samuel-doe-sarr-apprenti-electricien-mais-pas-sapeur-pompier-du-tout.html).

Ensuite force est de souligner que l'Etat libéral n'a jamais esquissé une réelle politique d'offre énergétique à même d'assurer des services de santé, d'éducation et de communication d'un coût et d'une qualité acceptable à la population. En témoigne la recrudescence des délestages et autres coupures ayant atteint un niveau jamais connu avant l'accession de Abdoulaye Wade à la magistrature suprême.


La production énergétique au Sénégal est largement de source thermique donc dépendante du pétrole. Lorsque les prix du brut ont augmenté, de manière du reste conjoncturelle, l'Etat en a profité pour justifier la mise en place d'une nouvelle grille tarifaire structurelle accompagnée d'une hausse drastique du prix de l'électricité. Alors on ne peut pas comprendre que lorsque le prix du pétrole baisse, l'Etat ne répercute pas cette baisse sur les factures des populations.Si l'énergie hydroélectrique constitue une part substantielle dans certains Etats comme le Mali (79.9 %), Côte d'Ivoire 25,7 %), au Burkina Fasso (19 %) c'est tout le contraire au Sénégal, où malgré les barrages de Diama et de Manantali érigés sous le régime socialiste, la part de cette source d'énergie est quasi insignifiante. Le Sénégal, le Mali et la Mauritanie se partagent 800 GWh produits par Manantali. Le 1er mégawatt produit par Manantali a alimenté le Mali en 2001 – quid du Sénégal ? Quelle est la part exploitée par le Sénégal ? Que dire de la tourbe et de la biomasse en quantité suffisante au Sénégal et non exploitée ?
C'est dire que l'Etat libéral n'a jamais su ou voulu mettre en place une politique d'autosuffisance énergétique efficiente. Au lieu de cela, Samuel Sarr, ensuite Karim Wade et compagnie nous renvoient à des échéances de plus en plus lointaines de résolution des problèmes énergétiques du Sénégal laissant ainsi le développement du pays être tributaire des cours mondiaux du baril et des lobbys du pétrole.
Et comme l'avait souligné Koffi Annan l'ancien Secrétaire Général de l'ONU, en s'adressant à Abdoulaye Wade et Obasanjo, ce qu'un gouvernement n'a pas su faire en 8 ans, il ne le fera pas en plus de temps.
En réalité, Karim Wade et le gouvernement libéral sont tout simplement en train de se livrer à une politique de RACKET sur les populations, les industries, les services et autres agents économiques.
Mais cette politique d'asphyxie a ses limites. A trop traire la vache, il n y aura bientôt plus de lait. Il est alors urgent comme l'ont démontré les Imams que les populations sénégalaises se dressent contre ce racket d'Etat et refusent de payer ces factures exorbitantes que le prix des intrants de la Sénélec ne justifie pas. Il est hors de question que les conséquences désastreuses de la gabegie et de la mauvaise gestion de nos sociétés nationales par les libéraux soit prise en charge par des populations déjà au bord de l'asphyxie.


Oumar Ndiaye

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.