AccueilInfoInfo RoubaixLes « hommes libres » célèbrent l'année... 2962
Nord Eclair Mercredi 08 février 2012 00:00 Les « hommes libres » célèbrent l'année... 2962 ...

Autour d'Ouramdane Khacer et de son épouse Tassadit, les bénévoles en costume traditionnel ont préparé le repas.
NOUVEL AN BERBERE
Alors que les Occidentaux viennent d'entamer le 3e millénaire, les Amazighs (« hommes libres » en tifinagh) s'apprêtent à le quitter.
Tout commence pour eux avec l'accession sur le trône de Pharaon de leur ancêtre Chachnak (ou Sheshonq), le fondateur de la 22 e dynastie.
Yennayer... Il se pourrait que ce mot un peu déformé par les Latins ait donné finalement notre mois de janvier. Yennayer, c'est du tifinagh, une langue parlée par les Amazighs plus connus sous le nom de Berbères et ça veut dire Nouvelle année, une fête célébrée dans tout le Maghreb des Canaries à la Lybie par quarante millions de personnes qui se réclament de la berbéritude.
Cette berbéritude on la retrouve aussi à Roubaix où Ouramdane Khacer fonda il y a plusieurs décennies l'Espace culturel berbère européen Afus deg Wfus, une association se réclamant d'une laïcité active et adhérente de la FAL.
M. Khacer attendait quelque 200 convives aux agapes traditionnelles marquant Yennayer, organisées samedi salle Richard-Lejeune et honorées de la visite de Pierre Dubois, le premier adjoint.
Le banquet animé sur le plan musical par le groupe Gulussa (du nom d'un roi de Numidie) a également été l'occasion de plusieurs interventions. Moussa Harim, un artiste peintre lybien, immigré à Vaux en Velin depuis 1982 a ainsi évoqué les perspectives de l'après-Khadafi. Même si la chute du dictateur était espérée, M. Harim estime que la résurgence de la berbériture sera un travail de longue haleine. « Khadafi a régné durant 42 ans, soit le temps de deux générations. Son idéologie panarabiste a tout laminé. Beaucoup d'intellectuels berbères ont été jetés en prison ou contraints à l'exil. Beaucoup de Lybiens se sentent Amazighs mais peu d'entre eux pratiquent encore la langue. Et la langue c'est indispensable pour préserver une culture. Il faudra du temps pour tout réparer. »
Une union de la Lybie
aux Canaries
De son côté Ouramdane Khacer souligne les espoirs nés du printemps arabe regrettant toutefois que ses effets se fassent encore attendre en Algérie : « de 2001 à 2003, 126 jeunes ont été abattus par un pouvoir assassin et mafieux parce qu'ils manifestaient pacifiquement pour la co-officialité de la langue amazighe et un état de droit basé sur les droits de l'homme et l'égalité entre hommes et femmes ».
Selon M. Khacer, l'exemple à suivre pour les pays du Maghreb c'est le Maroc dont le roi vient d'inscrire dans le projet de sa nouvelle constitution l'amazigh comme langue officielle.
« Il est grand temps pour les pays du Maghreb de cesser de jouer les schizophrènes, de se débarrasser de l'idéologie arabo-islamo-baasiste fasciste et meurtrière qui entrave la construction d'une union amazighienne-nord africaine s'étendant jusqu'aux îles Canaries . Une union économique, industrielle, environnementale basée sur les réalités socioculturelles et sur les droits de chacun, qui accompagnera la promotion des hommes et des femmes, leur libre circulation et leur accession à la modernité... » Quelque chose comme une petite soeur de l'union européenne s'identifiant dans une culture commune plurimillénaire au sud de la Méditerranée. w

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