C'est une "évolution historique" commente l'organisation représentante des entreprises du secteur de l'intérim Prism'emploi après la signature de l'accord entérinant la création d'un CDI pour les personnels intérimaires. Ce nouveau contrat concernerait au moins 20.000 salariés du secteur. Enfin une bonne nouvelle ? Une petite explication de texte s'impose.
1) Qui financera le CDI intérimaire ?
Ce sont les futurs bénéficiaires du CDI qui s'auto-financeront en renoncant à leur prime de fin de mission soit 10% du salaire et les employeurs pour 0,5 %. Les patrons du secteur ont bataillé jusqu'à la dernière minute, ils ne voulaient cotiser qu'à hauteur de 0,05 %.
2) Quelles seront les nouvelles contraintes pour les intérimaires en CDI ?
- Ils ne pourront plus refuser les missions qui correspondent à leurs qualifications, définit dans leur contrat, si leur lieu de travail n'est pas éloigné de plus 50 km de leur lieu de résidence (ou 1heure 30 de temps de trajet aller). Ce rayon de mobilité pouvant être étendu par contrat.
- Ils devront accepter toute misssion lorsque sa rémunération atteint 70% de celle qui l'a précédée.
- Leurs congés annuels seront affectés prioritairement (autoritairement ?) lors des périodes d'intermissions.
- Lors des intermissions, ils devront être joignables et disponibles pour rejoindre leur nouveau poste de travail dans la demie journée.
- Ils ne pourront pas refuser les actions de formation qui leur seront proposées.
- La rémunération des périodes d'intermission sera définie par contrat.
3) A qui s'adresse ce CDI intérimaire ?
Les patrons des boîtes d'intérim s'engagent sur la création de 20000 CDI sur 3 ans à destination des emplois les plus recherchés (informatique, restauration, métallurgie), c'est à dire ceux pour qui ils ont des difficultés à recruter ou qu'ils emploient déjà à plein temps...(ce qui représentent plus de 20000 salariés actuellement d'après la CGT). Autrement dit le but est de lier cette main d'oeuvre "pointue". Le piège est tendu.
4) Quels pourraient être l'intérêt des salariés intérimaires pour signer un CDI ?
Sérieusement... Aucun ! Si ce n'est de dire à belle maman que "ça y est je suis en CDI ! Regarde mes chaînes !". Ah oui le patronat dit que les bénéficiaires du CDI pourront plus facilement emprunter de l'argent auprès des banques ??? Au secours !
Le contexte de la signature de l'accord qui peut servir à comprendre cette "grande avancée sociale de gôche"
Les patrons des entreprises d'intérim devaient faire face depuis les accords sur la sécurisation de l'emploi à un surcoût de cotisation d'assurance chômage estimé à 200 millions pour l'ensemble de la profession. Il leur fallait donc conclure un accord qui leur évite cette contribution sociale avant le 11 juillet 2013. Le 10 juillet au soir grâce aux "bons syndicats" (CFDT, SFTC et CGC) qui ont signés l'accord, ils n'auront que 70 millions tout au plus à débourser. S'ils manoeuvrent bien dans les négociations individuelles des contrats cela peut même se transformer en un joli bénéfice.
Encore bravo aux organisations syndicales pour cet accord "historique".
*Source : Les Echos du 11 juillet 2013