Nous juif·ves féministes et queer vivant en France, nous sommes en colère, effrayé·es, et bouleversé·es par toutes les morts en Israël et en Palestine depuis le 7 octobre.
Nous sommes épouvanté·es par la tuerie de masses de civil·es à Gaza causée par les bombardements israéliens, horrifié·es par les déplacements forcés au sein de ce territoire déjà surpeuplé, par la destruction massive des immeubles et infrastructures, par le siège hermétique et la catastrophe humanitaire qui en découle.
C’est avec des cœurs déchirés que nous suivons le déchaînement des violences et nous voulons crier : Trop de morts, trop de souffrances, trop de larmes !
Nous sommes aussi terrifié·es et enragé·es par la fascisation accélérée de l'État d’Israël qui utilise la douleur, le deuil et la peur suite à l’attaque cruelle du Hamas, pour imposer son projet suprémaciste. Nous sommes épouvanté·es par la propagation d’actes et de discours de haine contre les Palestinien·ne·s, qu’iels soient citoyen·es d’Israël, habitant.es de Cisjordanie ou de Gaza. Nous sommes enragé·es de la multiplication de nouvelles lois et pratiques visant à museler toute opposition par la pénalisation des voix contestataires et par la répression. Ecoeuré·es par la colonisation, les violences et les dépossessions en Cisjordanie. Ecoeuré·es aussi par l’indifférence face à la souffrance des gazaoui·es - qui sont déshumanisé·es.
Juives et juifs, nous ne pouvons rester indifférent·es
Cette politique israélienne est génocidaire pour les Gazaoui·es. Elle est aussi suicidaire pour les citoyens et citoyennes juives d’Israël car elle condamne l’ensemble des habitant·es de ce pays à un horizon baigné de sang.
Nous réprouvons, dans le contexte français comme israélo-palestinien, l’instrumentalisation de l’antisémitisme, qui ne fait que convoquer les pires traumatismes du passé dans un présent déjà trop peuplé de morts.
L’instrumentalisation de la Shoah par Israël, qualifiant les Palestiniens de nazis, de même que les comparaisons entre les tueries de masse de civil·es à Gaza et l’holocauste, largement diffusées dans le monde arabe, mettent en danger les juifs et les juives dans le monde entier et spécifiquement en France.
Nous rappelons que l'État d’Israël ne représente ni tous·tes les Isralien·nes, ni tous·tes les juif·ves et que s'opposer à cet État n’est pas antisémite mais, au contraire, un acte en lien avec nos valeurs juives.
Nous sommes bien conscient·es de la montée de l'antisémitisme en France et cela nous fait peur. Mais nous nous opposons à une utilisation de la lutte contre l'antisémitisme qui stigmatise les populations arabes et musulmanes et renforce une politique autoritaire et xénophobe. On ne peut s’opposer à l’antisémitisme qu’en s’opposant à tous les racismes, y compris à l’islamophobie qui augmente, elle aussi, dans le contexte actuel.
La France, et l’ensemble de la communauté internationale, ont le devoir de stopper le gouvernement israélien dans son projet destructeur et mortifère à Gaza, de mettre une pression diplomatique et économique pour un cessez-le-feu immédiat et définitif. Elles doivent œuvrer pour des négociations visant une résolution durable qui protège la vie de toutes les personnes, juives et arabes, qui vivent sur ces territoires. Une solution qui reconnaisse les droits des Palestinien·nes à la liberté, à l’égalité, à l’autodétermination, au retour sur une terre partagée.
La fin des violences ne pourra passer que par la perspective d’une société juste et égalitaire en Palestine/Israël.
***
Pour voir les images de cette action et d'autres passées et à venir, suivez-nous sur Instagram @oygevaltoygevalt